Le secteur de la volaille est en mauvaise passe cet été 2012. La vague de chaleur (chergui), qui a soufflé sur le pays entre le 25 et le 28 juin dernier, a fortement impacté le secteur avicole. Les professionnels ont annoncé des pertes estimées à 131 millions DH. Pas seulement. L'excès de température a entrainé des baisses sensibles au niveau de la production. Autrement dit, l'offre de poulets et dindes s'est rétractée, alors que la demande, en cette période estivale, s'inscrit généralement à la hausse. Conséquence : les prix du poulet flambent et risquent même de monter encore plus. Un communiqué de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole au Maroc (FISA) précise que les pertes enregistrées par le secteur se sont matérialisées par la mort de 12 % du poulet de chair en fin de cycle d'élevage, de 5 % de la dinde et de 2 % de la poule pondeuse et des volailles de reproductions. Côté performances zootechniques de production, la FISA signale des chutes de poids variant de 10% (pour la dinde) à 25% pour le poulet. De même, la ponte des œufs est en baisse sensible aussi bien pour les œufs à couver (-10%) que pour les œufs de consommation (-20%). La FISA explique que l'essentiel des pertes financières (76 millions DH) sont liées aux chutes des performances de production. Le reste (55 millions DH) provient de la mortalité des volailles. Ces dégâts, fait remarquer la FISA, expliquent l'augmentation des prix de vente des produits de volaille constatée sur le marché. Selon la FISA, cette hausse des prix risque de perdurer pendant quelques semaines en raison de la baisse prévisible de l'offre de ces produits sur le marché suite à la régression de la production nationale des poussins d'un jour du type chair, elle-même liée à la chute du taux de ponte des volailles de reproduction et à la réduction de la fertilité et du taux d'éclosion des œufs à couver au niveau des couvoirs. Par ailleurs, la FISA rappelle que la hausse vertigineuse des cours des matières premières notamment le maïs et soja sur les marchés internationaux depuis le mois de septembre 2010, a engendré une augmentation importante des prix de revient des produits avicoles qui sont passés de 11,5 DH à 13,5 DH /kg pour le poulet de chair, de 13,5 à 15,5 DH /kg pour la dinde et de 0,65 à 0,75 DH pour l'œuf de consommation. Sur le marché de détail, les prix du poulet vif varient de 16 à 18 DH/kg. Dans les grands magasins de distribution, les prix du poulet nettoyé et emballé démarrent à 37 DH/kg. Il est intéressant de rappeler que le secteur avicole a enregistré, au cours des cinq dernières décennies un TCAM (taux de croissance annuel moyen) proche de 7,5%. A ce titre, il constitue l'une des activités les plus dynamiques au Maroc. Les viandes de volailles, en raison de leurs prix relativement bas, sont consommées par l'ensemble de la population et constituent, de ce fait, le seul recours pour l'amélioration de la sécurité alimentaire de notre pays en termes de protéines d'origine animale. D'après les statistiques disponibles, la production du secteur avicole a atteint, en 2010, 510 000 tonnes de viandes de volailles et 3,7 milliards d'œufs de consommation. Le secteur est parvenu à couvrir 100% des besoins en viandes de volailles, représentant 52% de la consommation totale toutes viandes confondues, et 100% des besoins en œufs de consommation. A fin 2010, le secteur a enregistré un chiffre d'affaires global de 23,2 milliards DH et des investissements cumulés de l'ordre de 9,4 milliards DH. De plus, il assure 110.000 emplois directs et quelque 250.000 emplois indirects. L'axe Kenitra-El Jadida concentre près de la moitié de la production du secteur. A lui seul, il représente 48% de la capacité totale d'incubation des couvoirs de type chair, 75% des couvoirs de type ponte, 73% de la capacité des élevages de pondeuses d'œufs de consommation, 42% de celle des élevages de poulets de chair et 91% de celle des élevages de dindes. En dépit des évolutions significatives, le secteur reste vulnérable. Outre les aléas climatiques, sa croissance affiche un historique en dents de scie. Sa dépendance vis-à-vis de l'évolution des cours des matières premières réduit ses performances. D'autant plus que le secteur, en dépit des appels multiples pour une réelle remise à niveau, n'a pu atteindre sa pleine intégration verticale. Si la production s'est quelque peu modernisée, la commercialisation et la distribution souffrent encore de lourdes pratiques archaïques. L'arrivée de nouveaux opérateurs professionnels ne peut faire oublier la prédominance de l'informel. Cela dit, la consommation au Maroc des produits de volailles n'arrête pas d'augmenter. Le Marocain consomme un peu plus de 15 kg de viandes blanches par an, contre 12 kg pour nos voisins algériens et tunisiens, et 25 kg pour un Européen.