Le recul des prix de la viande rouge s'est répercuté sur ceux de la viande blanche. Selon les aviculteurs, le prix moyen du kilogramme au départ de l'exploitation est sous la barre des 10 dirhams. L'heure est à l'urgence. L'année dernière, les cours des bovins avaient augmenté après l'Aïd Al Adha. Pour ce premier trimestre 2004, c'est la tendance inverse qui est observée. Dans l'édition de son dernier bulletin mensuel, le Crédit Agricole note que ce revirement de tendance dépasse le schéma classique qu'enregistre le marché après le pic de consommation coïncidant avec cette fête. La viande rouge fluctue en fonction du baromètre. L'insuffisance des précipitations entraîne le prix vers le bas. Toute la filière souffre actuellement de la faiblesse des disponibilités fourragères. De plus, l'excédent n'ayant pu être écoulé durant l'Aïd, est revenu dans le marché, affectant le prix du cheptel ovin, demeuré élevé durant toute l'année 2003. Cette attractivité passagère avait fait repartir à la hausse les investissements dans l'élevage de rente, malgré la sécheresse persistante et des coûts d'investissements élevés. Le recul des prix de la viande rouge s'est répercuté finalement sur toute la filière viande, à l'exception de la dinde. En janvier 2004, le marché du poulet affichait pourtant des prix en augmentation de 13%. Aujourd'hui, le prix au départ de l'exploitation est sous la barre des 10 dirhams, un prix que les associations concernées juge inférieur au coût moyen de production. Sont affectés notamment le poulet industriel (en baisse de 7%) et les œufs (10%). La baisse du prix du poulet de chair a atteint 23%, toutes proportions gardées. L'offre reste abondante malgré le recul de 16% de la production nationale de la viande blanche. La Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (la FISA) situe à 3% l'augmentation de la production des poussins d'un jour, atteignant le chiffre de 4.000.000 de têtes. L'importation des poussins reproducteurs a chuté de l'ordre de 80% depuis le mois de décembre. La filière est prise dans un véritable étau puisque, de l'autre côté, les coûts de production sont en hausse. Le kilogramme des aliments composés s'est apprécié de 0,15 dirhams courant 2004. Le moins que l'on puisse dire est que ces dernières années, le marché de la viande blanche a connu des baisses répétitives. Une situation difficile qui remet l'urgence d'un contrat-programme pour tout le secteur. La loi sanitaire promulguée en août 2002 n'est toujours pas appliquée, alors que l'accord de libre-échange avec les USA vient d'être signé. Selon un membre de la Fédération, cet accord qui ne concernera le secteur que graduellement, présente de nombreux aspects positifs puisque les tarifs douaniers sur des produits américains comme le maïs seront sensiblement réduits. Les professionnels exigeaient notamment de l'Etat une reconsidération des droits d'importation sur cette denrée qui entre, pour beaucoup, dans la composition des aliments de volaille. Parmi ses revendications, la fédération demande une réduction du droit d'importation appliqué sur le maïs. Pour le moment, le contrat-programme est plus que jamais d'actualité. Selon le secrétaire général du ministère de l'Agriculture, cité dans le bulletin du Crédit Agricole, «il s'agit d'une démarche très utile pour la filière et pour d'autres composantes du secteur agricole». D'ailleurs, une réunion de travail a eu lieu samedi entre les opérateurs et le Premier ministre. A l'ordre du jour, figuraient l'aspect réglementation, la formation, la fiscalité et l'accès aux financements bancaires. L'effondrement des cours de poulet au Maroc n'a aucune relation avec la grippe aviaire qui a touché l'Asie du Sud-Est. La psychose née autour de cette maladie a fait reculer de 20% la consommation de la viande blanche en France, depuis le premier janvier, selon la Confédération française de l'aviculture. Cette situation du marché du poulet peut paraître paradoxale comparée aux prix de la viande de la dinde qui est loin de s'infléchir. Le bulletin du Crédit Agricole note que c'est ce maintien des prix à des niveaux élevés qui est à l'origine des flux d'importation des dindonneaux en 2004. Entre décembre 2003 et début janvier 2004, les volumes sont passés de 136 000 têtes importées à 210 000, soit une progression de 54%. Il ne s'agit pas néanmoins d'un record, puisqu'en janvier 2003, le Maroc avait importé plus de 400 000 dindonneaux.