Deux frappes consécutives à Beyrouth et à Téhéran, toutes deux attribuées à Israël et visant des personnalités de haut rang du Hamas et du Hezbollah, laissent la résistance islamique, Hamas et Hezbollah avec l'Iran dans une situation difficile. Deux frappes sévères qui interpellent à une réponse appropriée. Les deux frappes israéliennes qui ont ciblé deux têtes des deux mouvements de la résistance islamique, en l'occurrence Hamas dans son chef politique et Hezbollah dans son commandant militaire, ne peuvent rester sans réponse, surtout qu'elles révèlent de graves lacunes sécuritaires et pour l'Iran et pour le Hezbollah. La réponse à ces frappes devant être, par la force des choses, proportionnelle à la gravité des pertes, menace d'une escalade encore plus grave qui risque d'embraser et de généraliser encore plus le conflit dans la région avec des conséquences des plus imprévisibles. La frappe rare de mardi dans la banlieue sud de Beyrouth a tué un haut commandant du Hezbollah qu'Israël accuse d'être responsable d'une frappe de missile sur un terrain de football dans la ville de Majdal Shams sur le plateau du Golan annexé par Israël, tuant 12 enfants et adolescents. Le Hezbollah a nié toute responsabilité dans l'attaque. Si la cible de l'attaque à Beyrouth était un militaire, elle a touché un quartier urbain densément peuplé de la banlieue de la capitale où le Hezbollah a de nombreux bureaux, tuant au moins cinq civils trois femmes et deux enfants – et en blessant des dizaines d'autres. Une douzaines d'heures plus tard, le groupe militant palestinien Hamas – un allié du Hezbollah également soutenu par l'Iran a annoncé que le chef de son bureau politique, Ismail Haniyeh, avait été tué dans une frappe aérienne israélienne à Téhéran, où il venait d'assister à l'investiture du nouveau président iranien.
Une réponse nécessaire au rétablissement de la dissuasion Israël n'a ni revendiqué ni nié la responsabilité de cette frappe, mais le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré mercredi soir qu'Israël avait porté «des coups sévères» à ses «ennemis» ces derniers jours, en mentionnant explicitement l'élimination mardi soir du responsable militaire du Hezbollah libanais, Fouad Chokr, dans la banlieue de Beyrouth. Andreas Krieg, analyste militaire et maître de conférences en études de sécurité au King's College de Londres, a convenu que le Hezbollah ressentira le besoin de mener une frappe de représailles significative. Krieg estime que « le Hezbollah a été beaucoup plus touché », ajoutant que « dans la confrontation entre Israël et le Hezbollah, il s'agit d'une escalade majeure à laquelle le Hezbollah est appelé à répondre de manière adéquate et plus ou moins opportune » pour rétablir la dissuasion. Cependant, le groupe militant frappera probablement une cible militaire importante comme une base aérienne près de Haïfa qui apparaît dans une vidéo de drone de surveillance diffusée par le groupe en juillet plutôt qu'une cible civile, a-t-il déclaré, et tentera très probablement de calibrer l'attaque pour ne causer que des dégâts matériels afin de limiter une nouvelle escalade.
Un défi pour le nouveau président iranien Nabih Awada, un analyste politique et militaire libanais proche de « l'axe de résistance » soutenu par l'Iran et ancien combattant du Parti communiste libanais qui a passé une décennie dans les prisons israéliennes aux côtés de certains des dirigeants actuels du Hamas, a déclaré pour sa part, que le Hezbollah considérait la frappe de Beyrouth comme une « violation de toutes les règles d'engagement » parce qu'elle visait une zone résidentielle civile et parce que le commandant du Hezbollah Fouad Chokr a été ciblé « dans sa maison plutôt que dans un quartier général militaire ». Pour revenir à la frappe qui a tué Ismaïl Haniyeh, cet assassinat place le nouveau président iranien, le réformiste Masoud Pezeshkian, face à une crise majeure quelques heures après son entrée en fonction. La décision sur les mesures à prendre en représailles reviendra au Conseil de sécurité nationale iranien, dont il est le chef, même si dans la pratique, c'est le guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, qui a le dernier mot. Si selon les analystes, le Hezbollah et l'Iran se sentiront tous deux obligés de riposter, leurs calculs toutefois diffèrent. En ce qui concerne l'Iran, la situation est plus compliquée. À certains égards, la situation actuelle reflète celle d'avril, où Israël et l'Iran ont risqué de se lancer dans une guerre après la frappe israélienne. « Si la réponse aux frappes ne cause pas de victimes israéliennes, une guerre plus large pourrait encore être évitée, a déclaré Mohanad Hage Ali, chercheur au Carnegie Middle East Center qui étudie le Hezbollah. Mais, a-t-il ajouté, « nous sommes dans une conjoncture où il y a trop de « si » pour éviter une guerre, et cela n'est pas de bon augure. »