Malgré les assouplissements introduits par les entreprises en termes de conditions de travail, plusieurs voix appellent à une meilleure organisation du temps de travail, garantissant ainsi le bien-être des collaborateurs. Tour d'horizons. C'est un mode d'organisation du temps de travail que les salariés dénoncent à haute voix sur les réseaux sociaux, mais rarement devant leurs managers. Depuis quelques mois, la combinaison des mots « travail » et « samedi » ne cesse d'agiter la Toile, plus précisément les groupes de salariés.
Ces derniers ont remis en question le mode d'organisation de la durée de travail adopté par leurs employeurs. Ce système fait que les employés travaillent toute la semaine, y compris le samedi, considéré comme jour chômé pour les fonctionnaires du secteur public. Pour eux, travailler samedi matin ou toute la journée, c'est comme voler leur propre temps, à eux.
« C'est une question qui pèse énormément sur mon équilibre familial, d'autant plus que mon mari, fonctionnaire dans le secteur public et mes enfants sont généralement libres samedi », s'est exprimée Hanane, une salariée dans le secteur de la distribution. D'autres joignent leurs voix à celle de Hanane et dénoncent une gestion de temps « très lourde », appelant les employeurs à adapter l'organisation du calendrier de travail aux réalités contemporaines.
Pour eux, la flexibilité en termes de temps de travail n'est pas un luxe mais une nécessité, notamment à la lumière de la tendance mondiale favorisant un passage à la semaine de quatre jours.
Ce que dit la loi
Le Code du travail dispose que la durée légale de travail est fixée à 44 heures hebdomadaires alors que le repos hebdomadaire doit être accordé le vendredi, le samedi, le dimanche ou le jour du marché hebdomadaire, et de façon simultanée à tous les salariés d'un même établissement. « Ceci dit, en principe, le samedi n'est pas un jour off ou chômé », tranche Maître Nizar Bouknou, avocat du travail au barreau de Marrakech, soulignant que le salarié ne peut pas opposer à l'employeur l'interdiction du travail ce jour-ci, sauf s'il est expressément convenu par le contrat de travail que le samedi est un jour de repos.
Au regard de notre interlocuteur, la gestion du temps de travail se trouve au centre des préoccupations des collaborateurs. Raison pour laquelle, l'avocat au barreau de Marrakech prône une révision pointue du Code du travail et appelle à l'adoption d'une approche novatrice d'organisation et de gestion du temps de travail en entreprise.
Flexibilité et bien être
Il va sans dire qu'une bonne organisation du temps de travail est confrontée à des défis majeurs, liés notamment à la nature du secteur d'activité de chaque entreprise. L'exemple est celui des secteurs de la restauration et de l'hôtellerie où les horaires de travail doivent s'aligner sur le flux des clients, souvent plus important pendant les week-ends plutôt que durant la semaine.
Outre cette contrainte, « certaines entreprises perçoivent l'octroi de la matinée de samedi à un employé comme une perte de productivité qui pèse lourdement sur son activité, optant ainsi pour une gestion du temps plutôt pragmatique qui prône plus productivité que bien être », fait remarquer Philippe Montant, directeur général de la plateforme Rekrute.
Il relève, par ailleurs, l'incapacité de ces entreprises à attirer les talents les plus qualifiés, lesquels affichent un intérêt particulier pour les entreprises garantissant un meilleur équilibre de vie personnelle et vie professionnelle.
Au regard du DG de Rekrute, l'attrait des talents pour une entreprise réside, désormais, dans son mode de gestion du temps de travail, y compris la possibilité de ne pas travailler le samedi, plutôt que dans la rémunération, attestant ainsi d'un changement radical de la culture générale des collaborateurs.
En conséquence, « les employeurs sont appelés à introduire des assouplissements du temps du travail, de manière à répondre aux exigences de service constant et à satisfaire leurs employés et réussir leur rétention dans un marché de plus en plus compétitif », fait remarquer Philippe Montant.
A ce sujet, il propose de répartir les heures de travail du samedi sur le reste de la semaine pour libérer ses employés les jours du week-end. Une approche que notre interlocuteur trouve réalisable, à la lumière des résultats positifs réalisés au niveau des multinationales.