Ramadan est là. Ce mois de jeûne très attendu est censé être un grand moment de recueillement et de spiritualité où l'on essaye de se détacher dans la fierté et avec joie de toutes les choses matérielles. Une minorité d'employés envisagent même de prendre leurs congés pendant ce mois sacré, encouragés en cela par les habitudes devenues la pratique dans certains secteurs. En effet, face à la baisse d'activité, la restauration rapide, les brasseries, certains hôtels libèrent leur salariés, chaque année à cette occasion. Ramadan est un mois comme les autres, où certes la productivité pourrait connaître une baisse, mais où l'entreprise est tenue de s'adapter aux conditions spécifiques de ce mois, afin de maintenir la convivialité et le climat de confiance nécessaire au bien-être dans le travail. Si la journée continue est instaurée dans les administrations, les établissements publics et les collectivités territoriales chaque année pendant le mois sacré, plusieurs entreprises ajustent les horaires de travail par tradition. En effet, dans le secteur privé, l'aménagement de l'horaire durant le mois de Ramadan est né d'une pratique qui au fil des années a endossé la force de l'acquis. Et il est difficile de revenir dessus. L'employeur, faisant preuve de souplesse, réaménage les horaires en fonction des conditions requises par ce mois. En adoptant la journée continue, il réduit le nombre quotidien dans la journée d'une heure à une heure trente en pratique. Si le salarié ne peut l'exiger, même par clause contractuelle, l'employeur responsable de la santé et sécurité de ses collaborateurs, des risques d'accident du travail, a tout intérêt à mettre en œuvre le nouvel horaire continue et faire preuve de flexibilité. Cette réduction de l'horaire journalier ne s'accompagne pas forcément par la réduction de la durée légale du travail rapportée à la semaine. Notre législation permet à l'employeur de répartir la durée légale du travail de 44 heures par semaine. Aussi, travailler le soir, après la rupture du jeûne sans dépasser la durée normale quotidienne, ne serait pas assimilé à la réalisation d'heures supplémentaires, mais à la récupération par l'entreprise des heures non effectuées, faisant partie du temps légal du travail. Le salarié ne peut revendiquer une rémunération spécifique à son travail de nuit. Certains employeurs pourraient revendiquer aussi suite à la baisse du volume horaire journalier ou hebdomadaire une baisse de la rémunération afin de compenser la perte de productivité. Le code du travail est clair à ce niveau et ne permet la baisse de la rémunération qu'en cas de difficultés économiques reconnues comme étant indépendantes de la volonté de l'employeur. La réduction du temps de travail dans ces conditions ne peut excéder 50% pendant 60 jours maximum. Dans ce cas seulement le salaire peut être revu à la baisse. Le télétravail pourrait être un moyen flexible pour répondre aux spécificités du mois de Ramadan, lorsque l'activité le permet. La gestion du temps pourrait être laissée à l'initiative de l'employé et pour cela il faudrait que les relations de confiance soient bien installées.