L'espoir et l'optimisme, voire la superstition, nous inciteront toujours à dire « les pluies bienfaitrices », quand on parle des averses, mais force est de reconnaître que si, à chaque hiver, on grelotte de froid, on tremble aussi de peur de recevoir les toits sur nos têtes ou d'être emportés par les flots qui envahissent les demeures et inondent les rues et artères des villes. Le fait est qu'aucune des agglomérations urbaines du Maroc ne semble être épargnée des catastrophes diluviennes tant l'infrastructure de voirie est obsolète et dépassée. Cela est valable pour les villes gérées par les communes élues aussi bien que celles dont la gestion de l'assainissement a été déléguée au privé. Les mêmes scenarii se répètent chaque année et à chaque averse bien soutenue les images des JT ne diffèrent en rien d'une ville à une autre : canalisations obstruées, chaussées inondées, égouts qui régurgitent leurs immondices dans les maisons provoquant le désarroi de plusieurs familles et causant la perte de leurs biens. Déjà au mois de septembre dernier le ton était donné avec les orages sur Ourika et surtout avec ce qui s'est passé à Rabat, quand deux heures de trombes (32 mm) ont transformé la capitale du Royaume en une Venise sans les gondoles. Depuis le week-end dernier, les trombes s'abattent sur Rabat et le souvenir de septembre hante toujours les esprits. D'autant plus que plusieurs autres villes marocaines subissent les affres des trombes et des perturbations atmosphériques. A Casablanca, déjà on a enregistré un mort et plusieurs blessés suite à l'effondrement de maisons en ancienne médina. Le drame faisant un mort a presque fait oublier que les pluies avaient submergé la ville, inondé les giratoires, laissant les gens évoluer dans l'eau jusqu'aux genoux. A Tanger, les deux premiers jours de grosses averses ont semé la panique auprès des habitants qui se sont vite rappelé que l'année dernière, les pluies bienfaitrices avaient causé la mort de six personnes, sans oublier les dégâts matériels énormes qui ont affecté aussi la zone industrielle. Lundi et mardi, les pluies diluviennes qui se sont abattues sur la région de Tanger-Tétouan ont provoqué d'énormes dégâts. La capitale du Boughaz a été même morcelée en plusieurs quartiers isolés les uns des autres. Des écoles fermées, des fonctionnaires n'ont pu rejoindre leur lieu de travail, et on en passe. Les fortes chutes de pluies ont provoqué des glissements de terrains qui ont causé la fermeture du tronçon routier reliant Tétouan à Tanger et Larache. D'autres tronçons de route reliant Tétouan à oued Laou à Chefchaouen et Ghomara ont subi le même sort. Les villes de Mohammadia et Berrechid n'ont pas été en reste. Des témoins d'un quartier de Berrechid dont les maisons ont été envahies parfois par des dizaines de centimètres d'eau des égouts, déplorent une situation qu'ils vivent depuis une vingtaine d'années. Au sud, les fortes pluies qui se sont abattues, depuis lundi soir, sur la ville d'Agadir ont causé la perturbation de la circulation et des dégâts matériels, dus à l'infiltration des eaux dans plusieurs maisons, services et magasins commerciaux. Les pluies diluviennes, qui se sont abattues sur les préfectures d'Agadir Iddaoutanane et Inezgane Ait Melloul, ont généré une hausse du débit de certains fleuves qui traversent la ville. Et si on ne déplore pas de victime, on enregistre néanmoins d'importants dégâts matériels nécessitant l'intervention des éléments de la Protection Civile qui ont mobilisé d'importants moyens matériels et humains, dont des pompes, et réalisé de nombreuses interventions dans plusieurs quartiers et zones ayant connu des infiltrations d'eaux pluviales.