* Au lendemain des dernières averses bien des bidonvillois se sont retrouvés en train de retaper de fond en comble leur baraque. * Un couple de Lahjajma sest retrouvé sous la pluie quand le toit sest envolé sous la force des vents. * A Bachkou, les baraques sont facilement inondables à cause des canalisations de fortune. Le bonheur des uns fait le malheur des autres, cest le moins quon puisse dire des dernières pluies qua connues le Maroc la semaine dernière. Si les précieuses gouttes deau ont fait le bonheur des agriculteurs, les bidonvillois se sont retrouvés les pieds dans leau, ou plutôt dans la boue. Pire, certaines baraques ont vu leur toit seffondrer sous les averses. «Lannée dernière, les pluies étaient plutôt rares, alors cette année, nous avons été pris au dépourvu. Le toit a cédé au bout du deuxième jour daverse et en pleine nuit, nous avons trouvé abri auprès des voisins», déplore une jeune femme vivant avec son mari à Lahjajma, un quartier précaire à Casablanca. En plus de devoir réparer létanchéité du toit, le couple, très pauvre, doit tout remplacer. Les matelas en éponge empestent lhumidité et sont inutilisables. Les murs à lintérieur doivent être repeints à la chaux. «La tôle de zinc sest subitement envolée et on sest retrouvés sous de cordes de pluie. Heureusement que nous navons pas encore denfant car la situation a été très critique et sans laide des voisins, je ne sais pas comment on se serait débrouillé», explique le mari. Et ils nétaient pas les seuls cette nuit-là à devoir chercher refuge ailleurs. Leur voisine, avec ses quatre enfants à dû quitter les lieux et se refugier chez un proche. En fait, sa «berraka» est tellement vielle quelle ne les protège ni du froid ni de la pluie. Pire encore, une canalisation a éclaté juste à côté. Sa maison a été inondée deau usée. Lodeur rebutante est tout simplement insupportable. «Les canalisations ont été retapées, il y a plus dun an déjà, mais sous la pression, elles ont cédé donnant lieu à un spectacle intolérable», affirme la voisine. Aujourdhui encore des flaques deau témoignent des dégâts causés par les pluies. Changement de décor, à Bachkou, les dernières familles qui attendent leur recasement ont passé des nuits terribles. Il est vrai que les habitants du bidonville ont appliqué du ciment sur le sol pour éviter dêtre envahis par les boues, avec au milieu des canalisations de fortune. Mais voilà, le flux a débordé inondant ainsi les maisons situées sur les pentes. «Nous ne disposons daucune canalisation à lintérieur de la baraque, du coup leau qui entrait par la porte ne sortait pas et inondait toute notre maison. Nous nous sommes retrouvés les pieds dans leau toute la nuit, même pas de quoi bloquer la porte pour empêcher leau dentrer», affirme Haja Aziza avec amertume «Nous nous sommes retrouvés seuls, livrés à nous-mêmes dans la gestion des difficultés liées aux inondations provoquées par les fortes pluies. Je ne sais pas pourquoi personne ne sest soucié de nous, sindigne un jeune bidonvillois qui dénonce la passivité des autorités locales. Un autre jeune homme nuance ces propos : pour lui, lhiver, la pluie ou lété, cest un même enfer qui change de nom. «Quil ny ait pas dinondations, cest ce qui doit alarmer lopinion publique, mais quil y ait des inondations fait partie de notre vécu», ironise-t-il. Normalement dans pareilles situations, la Protection Civile devrait assister les populations et non pas attendre quil y ait perte humaine pour réagir. Ces gens appréhendent déjà la prochaine vague de pluie.