Reporté après le drame d'Al-Haouz, qui a accaparé l'agenda gouvernemental, le dialogue social entame un nouveau round, qui s'annonce laborieux, d'autant que certains engagements de l'accord social du 30 avril peinent à voir le jour. Il s'agit en l'occurrence de la loi relative au droit de grève et de la réforme du Code du travail, censées être finalisées en juillet dernier. Or, les difficultés d'arbitrage entre le patronat et les syndicats compliquent les débats. L'Exécutif, qui a fait de l'institutionnalisation de ces rendez-vous un engagement majeur de son quinquennat, devra ainsi ménager la chèvre et le chou et trouver un équilibre entre les partenaires sociaux. Le ministre de tutelle, Younes Sekkouri, a fixé le cap en faisant savoir que la loi sur le droit de grève pourrait voir le jour avant mai. Pour sa part, le Chef du gouvernement a réitéré sa volonté de tenir tous ses engagements. Mais, désormais, l'enjeu majeur de ce round est de renflouer les classes moyennes dont le pouvoir d'achat est érodé par l'inflation. D'où le souci de la pression fiscale. Cette fois-ci, les syndicats hissent la réforme de l'IR au sommet des priorités, lançant des discussions autour de la révision du mode de calcul. L'Exécutif est confronté également à l'épineuse réforme des retraites. Là, les pourparlers s'annoncent ardus. Face à l'éventualité d'un allongement de l'âge légal de départ à la retraite et la hausse des cotisations, évoqués dans les études mais pas encore tranchés, le gouvernement tente de trouver la formule la plus consensuelle pour convaincre les syndicats qui rejettent d'emblée tout redressement des caisses aux dépens des salariés. Quels que soient les calculs des uns et des autres, les dossiers entassés sur la table requièrent des concessions des deux côtés avec un esprit de pragmatisme. C'est ainsi qu'on pourrait faire avancer le chantier de l'Etat social.