J'ai rencontré Hamid Adnane au village exigu de Marrakech, Sidi Rahal, un après-midi d'Octobre 2006. Et très vite, j'ai découvert celui que j'avais imaginé à travers ses écrits sur les sites web consacrés à la poésie et senti chez lui cet élan inhérent de poète, sans toutefois lire encore son premier recueil, en profondeur, bourré d'écumes et d'algues purs et immaculés, Le chant des vagues blanches. Eperdu de tout ce qu'écrire peut lui offrir, Hamid Adnane est un poète « auto éditeur » qui nourrit ses publications de son métier d'enseignant de français. Lauréat du concours national de la poésie 2009 organisé par l'AMEF, il est traversé de poésie, contemple le monde même dans ses dimensions les plus minimes dont naîtront ses grands poèmes, comme son recueil à venir, Vingt poèmes sur des pages blanches. *La poésie est une sublimation, un chant qui nous transporte au-delà d'une réalité monotone, et quiconque vous rencontre ressent cette impression que vous transcendez le quotidien.
-Effectivement, la poésie pour moi est une sorte de libération. Et toute sublimation est une libération. Elle me permet l'élévation de la quotidienneté qui nous prive du charme de la parole. Les mots de tous les jours sont usés par un emploi utilitaire. Il est question alors de redonner de la valeur aux mots et à la parole. Il faudrait aussi aspirer à la sublimation, comme processus de séparation du réel étouffant et comme élan vers la perfection et la blancheur. Je ne suis pas satisfait de ce monde et des relations humaines à grande ou petite échelle. Je pense qu'il y a un maillon perdu dans nos relations interhumaines et avec les autres créatures. Je tente d'écouter le chant orphique et non le chant martien (mars dieu de la guerre). Le premier évoque l'harmonie entre l'homme et le monde ; et le second sous-entend la dysphorie. Je me sens débordé par le quotidien qui me prive de ma quiétude et ma sérénité ; cependant, il m'offre la possibilité de découvrir d'autres horizons inexplorés au fond de moi et de créer. La rencontre avec la poésie, ce chant sublime, est le moment de la retrouvaille et de l'unité. Heureusement cette rencontre peut se faire « au quotidien » c'est-à-dire éternellement. Et le moment idéal pour moi est de rencontrer un homme qui porte au fond de lui un chant poétique car il m'offre la possibilité de faire un voyage loin de cette planète où règne le désordre, la cupidité, le malheur, la pauvreté et surtout l'injustice et de m'élever à un autre horizon où je retrouve le silence perdu. Et c'est ainsi de notre rencontre mon cher ami et poète Mounir.
*Seriez-vous d'accord de considérer la poésie comme une «quête» permanente et, peut-être, interminable? -Oui, la poésie est un art. Et tout art est une quête de la perfection et de l'achèvement de l'être. Tu sais que l'homme est imparfait. Il est appelé à se perfectionner et à grandir en côtoyant d'autres expériences et en affrontant des obstacles. La poésie pour moi donc est le don que j'exploite pour grandir et non prendre de l'âge comme j'ai dit dans l'un de mes poèmes. Et c'est cette quête perpétuelle, interminable et profonde aussi qui aide l'homme à être vraiment en ce monde. Autrement dit à donner un sens à son existence et à vivre au rythme des choses et des êtres humains. L'art est long et le temps est court ! Baudelaire attire notre attention sur l'importance de l'art et l'importance du temps. Tout poète cherche à construire une œuvre éternelle pour vaincre le temps ! Et c'est à travers cette quête intense, douloureuse et sublime que le poète s'instruit et construit une identité poétique jusque là cachée. Et c'est en ce sens que je peux parler d'une quête. Une tentative d'aboutir à l'expression idéale de quelque chose d'intact et de mystérieux au sein de chaque être.