Le gouvernement argentin a décidé de faire payer les frais de sécurisation des marches de protestation, par une dizaine d'organisations et de syndicats, organisées cette semaine contre un plan de stabilisation économique. Le montant qui sera facturé à ces organisations s'élève à plus de 60 millions de pesos (environ 74.000 dollars), a annoncé le porte-parole de la présidence, Manuel Adorni, précisant que désormais les frais générés par les manifestations seront à la charge de leurs organisateurs. Le porte-parole a expliqué que cette mesure coercitive fait partie du nouveau « Protocole anti-blocage » des routes élaboré par la nouvelle ministre de la sécurité, Patricia Bullrich, qui a la réputation d'être extrêmement ferme vis-à-vis des manifestations de rue. Au total, ce sont 14 organisations sociales qui devront se partager les frais engagés pour sécuriser leur propre marché organisée mercredi dernier à l'occasion de l'annonce d'un vaste programme de réforme qui vise à « déréguler » le fonctionnement de l'économie en Argentine. Manuel Adorni a affirmé que les services du gouvernement ont reçu quelque 16.000 plaintes contre ces organisations qui auraient exercé des pressions pour faire participer le maximum de personnes à cette marche. Suite à ces plaintes, le gouvernement a déposé une plainte pour les présumés délits d'"extorsion" et de "fraude à l'Etat" contre les 14 organisations sociales qui auraient fait du chantage aux bénéficiaires des aides sociales qui ont refusé de prendre part aux protestations. La marche de mercredi s'est déroulée au milieu d'un impressionnant déploiement des forces de sécurité dans le centre de Buenos Aires. Elle a été supervisée par le président en personne, Javier Milei, depuis le centre de commandement de la police fédérale. Le nouveau gouvernement est engagé dans un bras de fer avec les syndicats, les organisations sociales et l'opposition parlementaire au sujet d'un « méga-décret » du nouveau président ultralibéral, composé de quelque 300 mesures, dont l'abrogation de plusieurs lois jugées trop restrictives ou contraires à la libre-entreprise. Les mesures touchent également à la « modernisation » de la loi de travail, à la libéralisation des prix des prestations sanitaires et à la privatisation des établissements publics, entre autres.