Se retrouver du jour au lendemain au chômage et sans indemnités est déjà un malheur en soi, mais tomber dans pareille situation la veille de l'Aïd Al Adha est un drame en soi. C'est le cas des employés des anciens concessionnaires de transport par bus à Rabat. Enfin, pas tous. Mais quelques centaines parmi eux n'ont pas été réintégrés par le nouveau transporteur urbain de la Wilaya, la Staréo en l'occurrence. Dès le départ et avant même le redémarrage des bus suite à la grève qui avait paralysé le secteur une dizaine de jours durant, la Staréo, en symbiose avec la wilaya, avait décidé la réintégration de quelque 3200 employés y compris ceux de la défunte RATR. Cela a été annoncé de la manière la plus officielle. La Staréo avait réitéré la même proposition mardi 10 novembre lors d'un point d'une rencontre avec la presse, réaffirmant par la même occasion son engagement pour le recrutement des 3200, « même si les besoins en ressources humaines de la société se limitent à quelque 2800 employés ». Pour l'instant, ils ne sont que 2000 à travailler pour la Staréo. Le sort des 1200 autres (concernés par la promesse d'embauche) qui sont toujours en chômage technique est tributaire de l'agrandissement du parc des bus. Mais ceux là, ils ont au moins la promesse en attendant une éventuelle consécration de leur recrutement. Car il y a les autres. Presque autant nombreux que les 3200. Ceux là, dont on ne peut pas dire qu'ils ont été licenciés, puisque leurs employeurs ont disparu du jour au lendemain. Un lendemain prévu d'avance et que, par conséquent, il fallait prévoir une forme d'indemnisation de leur cessation de travail. Lors de la première conférence de presse donnée conjointement par la Staréo et la Wilaya, il a été notifié, noir sur papier glacé, que le ministère de l'Intérieur devait prendre en charge les frais d'indemnisation de chômage des employés licenciés. Une semaine plus tard, M. Abdallaoui, responsable des ressources humaines à Véolia Transport, a vite fait déchanter tout le monde en rectifiant que c'était une erreur de formulation et qu'il n'a jamais été question que le ministère de l'Intérieur prenne en charge les indemnités de licenciement. Dans ce cas à qui ces pauvres gens devraient-ils s'adresser et à quelle porte frapper pour que justice leur soit rendue (au moins pour leur indemnisation pour licenciement)? Sûrement pas à la Staréo puisqu'ils n'ont jamais fait partie de son personnel, tout simplement parce qu'elle n'existait pas encore. Surgissent alors plusieurs interrogations. Pourquoi n'a-t-on pas pensé à leur situation dès la signature du contrat et du cahier de charges avec le nouveau transporteur, comme ce fut le cas pour les employés de la RATR. Pourquoi n'a-t-on pas obligé leurs anciens employeurs à les indemniser pour licenciement, comme le stipule la loi ? Et surtout pourquoi a-t-on fermé les yeux tout ce temps sur le fait qu'ils auraient été exploités des années durant sans être dûment déclarés ?