Deux points de presse valent-ils mieux qu'un, surtout quand il s'agit d'exposer le même problème? En l'espace de moins d'une semaine, les responsables de la Staréo se sont vus acculés à inviter la presse pour la deuxième fois. A l'ordre du jour de cette deuxième rencontre, le lancement du nouveau délégataire de transport urbain dans la wilaya de Rabat et les déboires que subissent les citoyens usagers par un démarrage qui a tout l'air d'être précipité. Le point de presse s'imposait en soi du fait des perturbations qui ont marqué le redémarrage des bus après la grève qui a frappé le service et le flou qui enveloppe le sort de plusieurs centaines d'employés des anciens concessionnaires de transport par bus dans la Wilaya. Ils étaient trois à se donner la main pour tenter d'expliquer, à défaut de justifier, les tenants et aboutissants de ces deux premières semaines qui ont voué la Staréo aux géhennes. MM. Mohamed Abdellaoui, Jacques Aveaux et François Lagrange, respectivement directeur des ressources humaines, secrétaire général et directeur d'exploitation de «Stareo» relevant de «Veolia Transport Maroc» n'ont rien épargné pour expliquer une crise qui a du mal à se dissiper. D'abord le trafic. Deux cent (200) bus, dans l'état que vous savez, à desservir 38 lignes sur Rabat et Témara et 100 sur Salé. En tout, 300 bus de plusieurs années dans le moulin et sur leurs chassis de camion. La Staréo aurait été obligée (!), pour «assurer une transition harmonieuse» de démarrer avec les anciens bus des anciens concessionnaires. Un parc de 416 véhicules, à l'exception toutefois de quelques rares bus neuf, des plus désuets pour ne pas dire à l'état de ferrailles pour la plupart des autocars. Mais au delà de la vétusté du parc, il y a lieu de citer son insuffisance pour couvrir, surtout aux heures de pointe, quelque soixantaine de lignes entre Rabat, Témara et Salé. Sans oublier Aïn Aouda et Skhirat. Et avec une moyenne de 5 bus par ligne, la cadence ne peut qu'être lente, très lente même, et les files d'attente aux arrêts très longues. Résultat: un taux de couverture de 60% aux heures de pointe. La Staréo promet aux usagers la mise en circulation sur le réseau de 14 véhicules neufs pour la semaine prochaine. Cela sera-t-il suffisant ? Voire ! Car même avec l'entrée sur le réseau d'autres véhicules qui sont actuellement en réparation, la Staréo n'annonce qu'un taux de couverture de 72%. En attendant les 400 nouveaux bus attendus pour les 18 prochains mois. Bref, ce qu'on demande aux usagers, c'est d'être patients et de supporter encore - pour combien temps ?- ces déconvenues causées par une conjoncture dont personnes ne se veut responsable. La même patience semble-t-on demander à ceux et à celles qui n'ont pas encore signé de contrat pour boucler le recrutement de 3200 employés. Ils sont quelque 1200 à s'être trouvé, du jour au lendemain, en situation de chômage technique avec l'appréhension d'être en chômage tout court. En attendant, ils multiplient les sit-in devant le siège de l'ex-RATR mais sans résultat tant que le parc de véhicules reste à l'état où il en est. Ils doivent cependant s'estimer quelque part chanceux puisqu'ils ont la promesse et l'engagement de la Staréo pour leur embauche. Mais il y a les autres, presqu'au même nombre que les 3200 qui ont perdu toute source de revenu avec la disparition de leurs employeurs, les anciens concessionnaires. Ceux là n'ont que leurs yeux pour pleurer leur sort. Même l'espoir d'être indemnisés pour licenciement par le ministère de l'Intérieur s'est avéré n'être qu'une «erreur de formulation» comme l'a souligné le directeur des ressources humaines de Véolia transport, M. Abdallaoui.