Désormais, le Sahara a vocation de jouer le rôle de trait d'union entre le Maroc et son voisinage subsaharien à travers sa façade maritime. Pour ce faire, la région s'apprête à se doter d'une véritable économie de la mer, comme souligné dans le discours royal. Détails. Très attendu, le discours royal à l'occasion du 48ème anniversaire de la Marche Verte a suscité une attention particulière au moment où la question du Sahara connaît des développements majeurs. Un discours qui intervient après la Résolution 2703 du Conseil de Sécurité, jugée favorable au Maroc, qui a consacré la prééminence du plan d'autonomie comme seule solution réaliste au conflit et du processus des tables rondes comme seul moyen de parvenir à une solution politique. Au moment où le Maroc enchaîne les victoires diplomatiques au grand dam du Polisario qui sombre désespérément dans la radicalisation et le bellicisme, les observateurs attendaient avec impatience les mots du Souverain concernant la cause nationale, sachant que les discours royaux sont considérés comme une feuille de route quant à la gestion de ce dossier. Il ne fait aucun doute que le Royaume est dans la bonne voie vers un règlement définitif du conflit artificiel. C'est le constat royal. SM le Roi s'est félicité du soutien international accru en faveur de notre intégrité territoriale. "En conséquence, notre pays affiche désormais une position plus forte et plus solide", a souligné le Souverain, qui a loué le dynamisme de la diplomatie marocaine, parvenue à rallier plusieurs pays à la thèse marocaine. En effet, en plus des Etats-Unis et d'Israël qui reconnaissent officiellement la marocanité du Sahara, près de 14 pays européens soutiennent le plan d'autonomie. S'ajoutent à ces pays les Etats africains et arabes et ceux des Caraïbes qui ont ouvert des représentations diplomatiques et consulaires aux provinces du Sud en l'espace de quelques années. C'est le résultat d'une lutte acharnée contre le projet séparatiste qui n'a plus d'échos sur la scène internationale. Il suffit de réaliser que 84 Etats des Nations Unies ne reconnaissent pas le Polisario.
Façade atlantique du Sahara : Nouveau carrefour vers l'Afrique Fort de cet élan de soutien international, le Maroc veut poursuivre, voire accélérer, le développement des provinces du Sud, dont il veut faire une région pivot capable de mieux connecter le Royaume à l'Afrique subsaharienne par sa façade atlantique. Dans Son discours, SM le Roi a fait de la façade atlantique du Sahara un nouvel ancrage géostratégique du Royaume. L'objectif est d'avoir "un accès complet sur l'Afrique et une fenêtre sur l'espace américain". Pour ce faire, SM le Roi a annoncé "une mise à niveau nationale du littoral, incluant la façade atlantique du Sahara". "Nous sommes également attaché à ce que cet espace géopolitique fasse l'objet d'une structuration de portée africaine", a expliqué le Souverain, qui fait part de l'ambition du Maroc de faire de la façade atlantique "un haut lieu de communion humaine, un pôle d'intégration économique, un foyer de rayonnement continental et international". Des projets de grande envergure sont programmés afin de doter la région du Sahara, dans son ensemble, des infrastructures de taille indispensables à son développement économique. Il ne peut y avoir de connexion entre le Royaume et son voisinage subsaharien sans des moyens de transport et de logistique assez développés et assez considérables pour établir les passerelles et promouvoir les échanges économiques avec les pays de la région qui demeurent faibles. Force est de constater que l'Afrique ne représente qu'environ 7% du commerce extérieur du Maroc, selon les chiffres de la Direction des Etudes et des Prévisions Financières (DEPF).
Vers un renforcement de la flotte marchande Dans sa quête de meilleurs liens économiques avec l'Afrique subsaharienne, le Maroc veut passer davantage par la mer, notamment par sa façade atlantique. Raison pour laquelle le Souverain a mentionné dans Son discours l'importance de « constituer une flotte nationale de marine marchande, forte et compétitive ». Une démarche à laquelle le Maroc réfléchit sérieusement. Pour mieux développer ces liens maritimes, SM le Roi a proposé le lancement d'une initiative à l'échelle internationale pour favoriser l'accès des Etats du Sahel à l'Océan Atlantique. "Il est primordial de mettre à niveau les infrastructures des Etats du Sahel et de les connecter aux réseaux de transport et de communication implantés dans leur environnement régional", explique le discours royal.
Gazoduc Maroc-Nigeria : Sur la bonne voie Cette ambition de serrer les liens maritimes s'inscrit dans la volonté du Maroc à hisser sa coopération économique avec ses partenaires africains, notamment ceux de l'Afrique de l'Ouest à un niveau supérieur. Une volonté qu'incarne, à titre d'exemple, le projet de gazoduc Maroc-Nigeria dont l'objectif est d'enclencher un décollage économique commun au profit de tous les Etats concernés. Ce projet, qui vise à approvisionner l'Europe en gaz, passe par 13 pays de la CEDEAO. En matière de sécurité énergétique, tous les pays producteurs de gaz pourront en bénéficier pour acheminer le gaz aussi bien au marché africain qu'au marché européen. Le projet n'est plus seulement de l'encre sur papier. Son implémentation a d'ores et déjà démarré avec les études techniques qui ont démontré sa faisabilité et les accords de financement.
Sahara : Le paquet mis sur l'économie de la mer Par ailleurs, le discours royal a été une occasion de se projeter sur l'avenir des provinces du Sud. Il va sans dire que le Royaume a fait le choix de transformer le Sahara en pôle de développement économique depuis des années. Maintenant, il s'agit de passer à la vitesse supérieure en développant une véritable "économie de la mer". Une condition sine qua non pour poursuivre l'essor économique et l'extension urbaine des métropoles du Sahara marocain. Cette nouvelle "économie bleue", telle que présentée dans le discours royal, repose sur trois filières, à savoir la pêche maritime, le dessalement de l'eau de mer à des fins agricoles, et les énergies renouvelables. En plus de cela, il est temps d'accélérer la quête du potentiel de ressources naturelles que recèle le Sahara. SM le Roi a cité la nécessité de poursuivre "la prospection poussée" des res- sources naturelles offshore.