La presse israélienne fait part d'une certaine inquiétude, ou du moins d'une incompréhension de Washington et Tel Aviv face au silence de Sayyed Hassan Nasrallah. Le nombre croissant de soldats israéliens ciblés par les attaques de missiles anti-blindés du Hezbollah et aussi source d'appréhension. Les médias israéliens relèvent qu'« Israël » et les Etats-Unis ont du mal à « déchiffrer les intentions du secrétaire général du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah », surtout que ce dernier reste silencieux depuis le début de la guerre israélo-palestinienne, comme l'a souligné le journaliste israélien Yoni Ben Menachem qui a ajouté qu'« Israël doit se préparer au pire scénario, où il sera obligé de se battre sur deux fronts en même temps ». Après le bombardement israélien de l'hôpital al-Ahli al-Arab à Gaza, qui a tué près de 500 personnes selon les autorités locales, et parmi les tensions actuelles à la frontière sud du Liban avec Israël, beaucoup s'interrogent sur la manière dont l'implication du Hezbollah dans le conflit pourrait évoluer dans les jours à venir, écrit Amena ElAshkar dans l'édition du lundi dernier de MEE. Ces questions interviennent dans le cadre d'escarmouches sporadiques entre le Hezbollah et l'armée israélienne dans le sud du Liban, une région souvent qualifiée de « front nord » d'Israël, et se focalisent sur la possibilité d'une escalade. Aussi, il est clair que le Hezbollah se prête à des affrontements de représailles avec Israël depuis le début du conflit à Gaza et vise à maintenir un effet dissuasif tout en adhérant aux règles établies d'engagement.
Empêcher Israël de concentrer ses forces sur Gaza
Il est clair, donc, que le mouvement de la résistance islamique suit une trajectoire délicate dans le sud. Non seulement il renforce les règles d'engagement avec l'armée israélienne, mais envoie également un message clair aux establishments à la fois israélien et américain, indiquant qu'il est prêt à engager le combat à ce point critique. Dans le même temps a eu lieu une mobilisation notable des forces israéliennes vers la frontière nord, y compris des réservistes d'unités et de bataillons d'élite, tandis que des chars et l'artillerie se positionnent en prévision d'une escalade possible. L'ambiguïté qui entoure l'implication éventuelle du Hezbollah dans la guerre a incidemment servi les factions armées de Gaza en gardant les forces israéliennes en alerte, dispersant l'attention et les ressources de l'establishment de la défense. Cela constitue un avantage stratégique, empêchant l'armée israélienne de concentrer toutes ses forces uniquement sur l'offensive de Gaza, tout en ajoutant une couche de complexité au paysage géopolitique en pleine évolution. La réaction du Hezbollah aux actes d'Israël va au-delà de leurs échanges de tirs, précise l'article de Amina Elashkar, qui relève que l'importance de cet aspect de ce conflit qui reste négligé, à savoir l'implication des Palestiniens des camps de réfugiés au Liban, qui ont mené des attaques de l'autre côté de la Ligne bleue, contre les colonies israéliennes.
Volonté du Hezbollah de s'engager dans la guerre actuelle
Bien que beaucoup négligent ces attaques, en particulier étant donné leur impact relativement minime sur l'armée israélienne, cette initiative représente une évolution notable. Généralement, les Palestiniens au Liban ne peuvent pénétrer dans la zone du Secteur sud du Litani, qui est considérée comme une zone militaire, par crainte d'engagement militaire imprévu avec les forces israéliennes. Mais récemment, et avec l'approbation du Hezbollah, des individus affiliés à la branche libanaise des Brigades al-Qassam, aile armée du Hamas, et de Saraya al-Muqawama, branche armée du Jihad islamique, ont tiré des roquettes depuis le Liban en direction des colonies israéliennes. On peut affirmer qu'on n'a pas vu de telles attaques sur la scène libanaise au moins depuis la libération du Sud-Liban en mai 2000. Leur retour témoigne de la véritable volonté du Hezbollah de s'engager dans la guerre actuelle. En outre, cela suggère que s'il devait y avoir ouverture d'un nouveau front au nord, Israël pourrait être face non seulement au Hezbollah mais également aux factions palestiniennes qui se sont énormément entraînées pour de tels engagements. La stratégie coordonnée entre les membres de l'« axe de la résistance » semble caractérisée par une approche mesurée et calculée. Et cette attaque surprise du 7 octobre a montré la volonté constante du Hamas de camper sur ses exigences de longue date. De même, le Hezbollah reste attaché à ses principes, en particulier concernant la cause palestinienne – indication forte qu'il n'hésiterait pas à soutenir le Hamas si les circonstances justifiaient une intervention. Si on se base sur cette interprétation, restent les questions relatives au timing et aux conditions dans lesquelles le Hezbollah pourrait intervenir. Report de l'opération terrestre contre la Bande de Gaza L'armée israélienne aurait reporté l'opération terrestre dans la Bande de Gaza en raison de la possibilité d'ouverture de nouveaux fronts à partir du Liban ou de la Syrie, des pertes à subir lors des affrontements avec les groupes armés palestiniens et de la demande des Etats-Unis concernant les otages. Quelques jours après avoir lancé des frappes aériennes intensives sur la Bande de Gaza sous blocus, le gouvernement israélien a laissé entendre qu'il entrerait également dans la Bande de Gaza par voie terrestre. Israël, qui a attaqué Gaza depuis la terre pour la dernière fois en 2014, n'a toujours pas donné de date pour une opération terrestre, 18 jours après l'intense bombardement aérien de la région. Les raisons du report de l'offensive terrestre d'Israël contre la Bande de Gaza sont largement débattues. Le porte-parole de l'armée israélienne, Daniel Hagari, s'est abstenu de donner une réponse claire sur l'opération terrestre à Gaza lors d'une conférence de presse, soulignant que l'armée attendait la décision des autorités politiques. L'analyste de Channel 14, Baruch Yedid, qui émet en Israël, a déclaré au correspondant de l'Agence Anadolu : "La question n'est pas de savoir si l'opération terrestre aura lieu, mais quand elle aura lieu". "Nous disposons d'informations confirmant que les Etats-Unis ont demandé au gouvernement israélien de reporter l'opération terrestre afin d'intensifier les efforts diplomatiques pour libérer les prisonniers (détenus par le Hamas), en particulier ses propres citoyens", a-t-il poursuivi en ajoutant qu'il est certain que l'opération terrestre dans la Bande de Gaza aura lieu et qu'elle se déroulera très probablement dans les jours à venir. Yedid a affirmé que le cabinet de sécurité israélien avait autorisé l'armée à pénétrer dans la Bande de Gaza, précisant que l'armée n'attend plus qu'une décision au niveau politique.