L'armée israélienne a mené vendredi matin des frappes contre le sud du Liban et la bande de Gaza en représailles aux tirs de roquettes contre Israël imputés au mouvement palestinien du Hamas. De puissantes explosions ont retenti en différents points de Gaza alors que les avions de l'armée israélienne ont ciblé ce qu'elle a présenté comme des sites de fabrication d'armes et des tunnels utilisés par le Hamas, qui contrôle l'enclave palestinienne. Les raids aériens ont commencé peu avant minuit à Gaza et ont duré plusieurs heures, et les bombardements sur le sud du Liban, brefs, vers 01h00 GMT. L'armée israélienne a affirmé y avoir frappé trois « infrastructures » appartenant au Hamas, dans la zone de Rachidiyé, où se trouve un camp de réfugiés palestiniens, près de Tyr. C'est la première fois qu'Israël confirme avoir attaqué le territoire libanais depuis avril 2022. D'après l'armée israélienne, 34 roquettes ont été tirées depuis le Liban, 25 d'entre elles ont été interceptées par les systèmes de défense anti-aérienne israéliens. Il s'agit de la plus importante attaque en provenance du Liban depuis 2006, lorsque des affrontements avaient opposé Israël et le mouvement armé libanais du Hezbollah. « Payer le prix fort » L'armée israélienne a dit avoir la certitude que les tirs de roquettes du Liban, non revendiqués, étaient « palestiniens », et probablement selon elle l'œuvre du Hamas ou du Jihad islamique, autre mouvement palestinien, et le Premier ministre Benjamin Netanyahu a promis de faire « payer le prix fort » aux ennemis d'Israël. La Force intérimaire des Nations unies (Finul), déployée dans le sud du Liban, a pris contact avec les autorités israéliennes et libanaises, appelant « toutes les parties à cesser toutes leurs actions ». « Les deux parties ont dit qu'elles ne voulaient pas de guerre », a assuré la Finul dans un communiqué. L'armée israélienne a menacé qu'elle "ne permettrait pas au Hamas d'opérer à partir du Liban et qu'elle [tenait] l'Etat libanais pour responsable de tout tir dirigé [vers Israël] à partir de son territoire. » De son côté, le Hamas, , au pouvoir à Gaza depuis 2007, a condamné « dans les termes les plus forts possibles l'agression israélienne épouvantable » à Gaza et au Liban, et a dit tenir Israël « entièrement responsable des conséquences d'une agression aussi grave ». Le ministère de la Santé de Gaza a fait état de « dégâts » à l'hôpital pédiatrique al-Dorra (dans l'est de la ville de Gaza) à la suite des raids israéliens et a condamné un acte « inacceptable ». « Je vois ces informations, nous sommes en train de les examiner », a déclaré à la presse le lieutenant-colonel Richard Hecht, porte-parole de l'armée israélienne. « Explosion pour explosion » « A chaque explosion répondra une explosion […] et toute attaque contre Al-Aqsa ou les fidèles [musulmans] trouvera une réponse », a affirmé le Jihad islamique. Israël et le Liban restent techniquement en état de guerre après différents conflits. La ligne de cessez-le-feu est contrôlée par la Finul. Le ministère libanais des Affaires étrangères a assuré que le Liban voulait préserver « le calme et la stabilité » dans le Sud. Il a appelé la communauté internationale à « faire pression sur Israël pour arrêter l'escalade ». Plus tôt jeudi, le Hezbollah, maître de fait du sud du Liban, avait proclamé son soutien à « toutes les mesures » que les groupes armés palestiniens pourraient prendre contre Israël en dénonçant « avec force l'assaut » des forces israéliennes » contre la mosquée Al-Aqsa. En visite au Liban, le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh a déclaré que les Palestiniens ne resteraient « pas les bras croisés » face aux « agressions » d'Israël sur l'esplanade. « Si les sionistes pensent qu'ils peuvent souiller la mosquée Al-Aqsa, ils doivent comprendre (…) que cela pourra faire flamber la région tout entière », a prévenu Hachem Safieddine, un dirigeant du Hezbollah, cité par la chaîne du mouvement. Dans la bande de Gaza, l'armée israélienne a dit avoir mené plusieurs raids aériens dans la nuit, visant au total dix cibles, dont des tunnels, une mitrailleuse lourde et des ateliers de fabrication d'armes appartenant au Hamas. En riposte, plusieurs dizaines de missiles ont été tirés à partir de la bande de Gaza. Un seul a touché une zone urbaine, Sderot, tout près de la bande de Gaza, endommageant une maison, selon le lieutenant-colonel Hecht.