Face au refus d'Israël d'acheminer l'aide humanitaire vers la bande de Gaza, Le Caire a décidé de n'autoriser aucun étranger fuyant le conflit à accéder au territoire égyptien. C'est un moyen de pression sur les Israéliens, a affirmé à Sputnik le directeur du Forum d'études stratégiques du Moyen-Orient, qui dénonce par la même occasion la responsabilité de Washington. L'Egypte "a utilisé la carte de la sortie des étrangers comme monnaie d'échange pour faire pression sur Israël" afin qu'il autorise l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, mais Israël a jusqu'à présent toujours refusé d'autoriser l'entrée de toute marchandise ou aide à Gaza, a déclaré ce 15 octobre à Sputnik Samir Ghattas, directeur du Forum d'études stratégiques du Moyen-Orient. "Les détenteurs de passeports américains et suédois étaient censés partir, mais l'Egypte a annoncé que les étrangers, quelle que soit leur nationalité, ne seraient pas autorisés à entrer dans la bande de Gaza ou à la quitter pour se rendre en Egypte en vue d'un voyage ultérieur à l'étranger tant que l'aide humanitaire ne serait pas autorisée à entrer dans Gaza", a-t-il indiqué. D'ailleurs, le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, en visite officielle en Egypte, a annoncé ce 15 octobre dans l'après-midi que le poste de contrôle de Rafah, à la frontière entre l'Egypte et la bande de Gaza, serait rouvert. Il s'est déclaré certain que l'aide humanitaire parviendrait à la bande de Gaza puisque c'était la condition égyptienne d'évacuation des ressortissants américains.
Les Etats-Unis "responsables" de la crise humanitaire
Ghattas a tenu les Etats-Unis pour responsables de la situation actuelle en matière de livraison d'aide humanitaire à la bande de Gaza. "Les Etats-Unis sont impliqués dans cette guerre au même titre qu'Israël et sont responsables de ce qu'il se passe. Mais jusqu'à présent, personne ne peut défier Israël dans cette guerre et organiser des convois humanitaires vers Gaza parce qu'Israël a annoncé qu'il bombarderait le point de passage de Rafah, et qu'il n'y a pas d'autre voie terrestre que le point de passage de Rafah", a-t-il conclu. Selon Ghattas, Israël pousse les Palestiniens à quitter la bande de Gaza et à se rendre en Egypte et dans le Sinaï, pourtant Le Caire rejette cette idée unilatérale. Pour Le Caire, les Palestiniens doivent rester sur leurs terres. "L'Egypte refuse catégoriquement que les Palestiniens deviennent des réfugiés et que le Sinaï devienne à son tour un camp comme les camps de réfugiés au Liban, en Jordanie ou en Syrie", a-t-il expliqué.
L'aide humanitaire bloquée en Egypte
Toujours selon Sputnik, Ghattas a souligné que l'aide humanitaire était déjà arrivée à l'aéroport d'El-Arich, en Egypte. Cette infrastructure a été choisie comme point de collecte de toute l'aide après qu'un long convoi d'aide humanitaire organisé par l'Egypte s'est arrêté devant le point de passage de Rafah. "Le premier jour, Israël a bombardé le point de contrôle [...]. Le lendemain, ils ont bombardé à nouveau le même endroit, créant un grand cratère au point de passage et ont annoncé qu'ils ne permettraient pas l'entrée de l'aide terrestre de l'Egypte ou de tout autre pays. L'aéroport d'El-Arich est donc devenu le point de réception de toute l'aide qui viendra d'autres pays", a-t-il souligné. Des avions jordaniens se sont déjà posés à El-Arich, puis d'autres pays ont envoyé de l'aide aussi, selon lui. Tel Aviv a annoncé un blocus complet de la bande de Gaza et a commencé à effectuer des frappes sur la bande de Gaza, ainsi que sur certaines zones au Liban et en Syrie. Des affrontements ont également lieu en Cisjordanie. L'armée israélienne se prépare à lancer une opération terrestre dans la bande de Gaza. Prévue pour ce dimanche, l'opération a été reportée, notamment pour des raisons météorologiques qui empêchent l'aviation de couvrir les actions des forces au sol, selon les médias. L'armée israélienne a appelé les civils du nord de la bande de Gaza à se déplacer vers le sud "pour leur sécurité". Plusieurs centaines de milliers de Palestiniens ont déjà entamé leur évacuation.
D'après Sputniknews Ni cessez-le-feu ni aide humanitaire Le bureau du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a démenti, lundi, dans un post sur la plateforme X les informations de presse occidentale faisant état d'un "cessez-le-feu temporaire" et de l'accord de Tel Aviv de permettre l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza, en échange de l'évacuation des étrangers de la bande de Gaza. "Il n'y a actuellement aucun cessez-le-feu ni aucune aide humanitaire à la Bande de Gaza en échange de l'évacuation des détenteurs de nationalités étrangères" de la Bande. Des articles de journaux occidentaux avaient indiqué plus tôt un cessez-le-feu de plusieurs heures ce lundi. L'armée israélienne a refusé de commenter ces informations, et le Hamas n'a émis aucun commentaire immédiat à ce propos. Pour la dixième journée consécutive, l'aviation israélienne a intensifié ses bombardements contre Gaza, ciblant des bâtiments et des installations résidentielles, tuant 2.750 Palestiniens et blessant 9.700 autres, en plus d'un déplacement massif de la population. Israël avait décidé de suspendre les approvisionnements en eau, en électricité et en nourriture, entre autres nécessités, à la bande de Gaza, selon l'agence de presse palestinienne. Au moins un million d'habitants de Gaza ont été contraints de fuir leurs maisons en une semaine, a déclaré, dimanche, l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).