Participant aux Assemblées annuelles de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI), Michael Zaoui, membre de la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement (CSMD), spécialiste des fusions-acquisitions et ancien vice-président de Morgan Stanley, livre à l'Opinion sa lecture du développement énergétique. Comment orienter l'investissement privé dans la transition énergétique ?
- Il y a énormément de capitaux dans le secteur privé à travers le monde. C'est le résultat à la fois de l'expansion économique de ces dix dernières années et de l'expansion des marchés financiers pendant la même période. La question est de savoir comment attirer une partie de ces capitaux vers des projets d'intérêt général, tels que la transition énergétique.Il n'y a pas d'échappatoire aux règles du marché. Tout dépend des niveaux d'investissement, en particulier des mécanismes de prix et de rentabilité. Les mécanismes de prix sont très complexes, surtout dans de nouvelles technologies en constante évolution. Cependant, il s'agit de projets à long-terme. Un certain nombre d'hypothèses doivent être formulées, mais les investissements du secteur privé ne se réalisent pas si les conditions habituelles de rentabilité ne sont pas remplies. Par exemple, en ce qui concerne l'hydrogène, sur les 795 projets que nous avons pu recenser, moins de dix pour cent sont actuellement en cours de réalisation.
Doit-on revoir le fonctionnement du marché pour cela ?
- Je pense qu'il est inutile de s'attendre à un changement des règles du marché. De nombreux investissements dans des entreprises de nouvelles technologies ont été réalisés très tôt dans leur cycle de développement, avec des niveaux de risque probablement comparables à ceux que nous allons rencontrer dans le cadre de la transition énergétique. C'est un processus itératif qui va perdurer dans le temps. Je suis confiant dans le fait qu'avec le concours des sources de financement public et de la portion de ces énormes capitaux privés qui seront alloués à ces projets d'avenir, nous réussirons.
En tant que membre de la CSMD, quel bilan tirez-vous de son application ?
- J'ai eu l'immense honneur d'être nommé à cette commission. J'ai participé aux travaux pendant une période assez longue, qui a été retardée par la pandémie de Covid-19. Cela nous a permis de mieux comprendre et de mieux connaître notre pays. Il est important de noter que l'approche adoptée par la commission était très particulière, car elle était en phase avec les aspirations et les besoins du peuple marocain. Ce dont nous sommes le plus fiers, c'est d'avoir été en contact direct avec plus de 9000 personnes entre les réunions, les visites sur le terrain et les échanges. En incluant les réseaux sociaux, ce sont 3 millions de personnes qui ont participé aux travaux. Cela renforce considérablement sa légitimité. C'est un travail qui s'inscrit dans la durée, les recommandations de la commission couvrent la période jusqu'en 2035. Il se passe toujours quelque chose, et les événements récents montrent qu'il faut être flexible, mais il faut considérer les résultats au fur et à mesure qu'ils sont produits dans ce cadre.