Selon un récent rapport du Global Energy Monitor, l'objectif ambitieux du Maroc de satisfaire 52 % de ses besoins en électricité à partir de sources renouvelables d'ici 2030 est considéré comme la cible la plus réalisable au sein de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA). Le Maroc base ses aspirations en matière d'énergies renouvelables sur des données concrètes, visant à ajouter environ 3,6 gigawatts (GW) de nouvelle capacité solaire et éolienne, en excluant la demande croissante en énergie, précise le rapport. À l'heure actuelle, les énergies renouvelables représentent 19 % de la production électrique au Maroc. Le rapport souligne également qu'une part significative de cette capacité, soit 41 GW, est déjà engagée dans la production d'hydrogène ou dans l'exportation directe d'électricité vers l'Europe. Ce qui se dégage de ces données, c'est que les 3,5 GW restants de capacité solaire et éolienne à grande échelle potentielles au Maroc pourraient rapprocher considérablement le pays de la réalisation de ses objectifs en matière d'énergies renouvelables. Le rapport met en lumière les ambitions du Maroc de devenir un acteur clé de la future chaîne d'approvisionnement en hydrogène, expliquant que tant que tous les projets prospectifs identifiés ne seront pas construits, que les grands projets d'hydrogène et d'exportation ne détournent pas les ressources et les financements, et que le Maroc continue son engagement ferme en faveur des énergies renouvelables, le pays est bien positionné pour atteindre son objectif.
Afrique du Nord : Une disparité régionale
En revanche, contrairement à l'approche proactive du Maroc, la région plus vaste de l'Afrique du Nord présente une image mitigée en ce qui concerne l'adoption des énergies renouvelables. Malgré un immense potentiel éolien dans de nombreux pays de la région, les progrès ont été lents, avec seulement la Mauritanie et le Maroc ayant augmenté leur capacité éolienne opérationnelle depuis mai 2022, ajoutant un total de 226 MW au réseau. Le rapport signale un taux de croissance annuel régional de seulement 5 %, indiquant un retard significatif dans l'exploitation de l'énergie éolienne. Un tiers des pays examinés dans une étude récente citée dans le rapport du Global Energy Monitor présentent un manque étonnant de parcs éoliens en activité et de projets en cours pour de nouvelles installations éoliennes. Cette tendance de négligence des ressources éoliennes persiste dans la région, entravant les progrès vers l'adoption d'énergies propres. Le rapport attribue en partie cette disparité dans l'adoption des énergies renouvelables en Afrique du Nord à des facteurs économiques.
Un défi économique et environnemental
La région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA) est confrontée à des défis considérables dans sa transition vers des sources d'énergie plus propres, principalement en raison de sa dépendance économique envers l'extraction de pétrole et de gaz. Six pays de la région, dont l'Irak, le Koweït, la Libye, Oman, le Qatar et l'Arabie saoudite, tirent plus d'un quart de leur produit intérieur brut (PIB) de l'industrie pétrolière et gazière. Alors que le monde s'oriente de plus en plus vers des énergies non fossiles, ces nations pourraient être confrontées à d'énormes pertes économiques. Pourtant, certains pays de la région, comme Oman, montrent la voie en se préparant à une transition économique vers les énergies renouvelables. Oman devient un exemple à suivre pour d'autres nations de la région. La Libye explore également la possibilité de diversifier son économie en exportant de l'énergie renouvelable vers l'Europe, bien que ce projet en soit encore à ses débuts. Pour remplacer la production d'électricité des centrales au gaz et au pétrole de la région, totalisant 343 gigawatts (GW), il faudrait environ 500 GW de capacité solaire et éolienne, en supposant que toute cette capacité soit consacrée à la production d'électricité et non à la production d'hydrogène. Actuellement, la région MENA dispose de 19 GW de capacité solaire et éolienne à grande échelle en exploitation. Cela signifie que la région pourrait parvenir à un secteur de l'électricité entièrement décarboné avant 2050 si elle ajoute chaque année une capacité supplémentaire de 19 GW. La région MENA bénéficie déjà de l'énergie renouvelable pour des utilisations telles que la désalinisation de l'eau potable, l'irrigation, l'électrification des zones rurales et la réduction de la pauvreté. À mesure que les impacts du changement climatique s'aggravent, la transition du secteur de l'électricité loin du pétrole et du gaz deviendra essentielle pour renforcer la résilience et la stabilité économique de la région. Bien que cela représente un défi considérable, la croissance continue des projets solaires et éoliens à grande échelle dans la région MENA rend cette transition réalisable.
Marrakech, capitale mondiale de l'Hydrogène vert lors du 3ème Sommet Mondial Power-to-X
La troisième édition du Sommet mondial Power-to-X, un événement phare de l'industrie de l'hydrogène vert en Afrique, se tiendra à Marrakech, du 19 au 20 septembre. Capitalisant sur le succès de la précédente édition qui a réuni plus de 500 participants et 90 conférenciers de 31 pays, le Sommet s'annonce encore plus ambitieux. Avec une participation attendue de 1.000 participants, 170 experts en tant que conférenciers, 35 sessions thématiques et 5 événements parallèles, ce Sommet offre un programme exhaustif explorant en profondeur la chaîne de valeur du Power-to-x. Les sujets abordés englobent la production, la conversion, le stockage, la distribution, les aspects réglementaires et financiers, l'infrastructure, et bien plus encore. L'exposition qui accompagne le Sommet mettra en lumière des innovations de pointe et des solutions dans le domaine de l'énergie verte. L'un des points forts du Sommet est son engagement envers le réseautage. Des sessions stimulantes sont spécialement conçues pour faciliter les rencontres avec des experts de l'industrie et des décideurs influents, encourageant ainsi la collaboration et le partage de connaissances. Malgré le récent tremblement de terre tragique survenu au Maroc le 8 septembre, causant d'importantes pertes en vies humaines et des dégâts considérables, les organisateurs du Sommet mondial Power-to-X ont fait preuve de résilience et de détermination en maintenant l'événement, démontrant ainsi l'importance de la transition vers des énergies plus propres et durables. Yassine ELALAMI La progression de la capacité d'énergie renouvelable au Maroc (en mégawatts) Source : IRENA