Dans sa course vers l'énergie verte, le Maroc met les petits plats dans les grands. Une série de projets phares ont déjà été mis en place et plusieurs d'autres sont en pleine conception, comme cela a été confirmé dans le dernier rapport de l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA). Dans son dernier rapport sur la capacité mondiale de production de sources d'énergies propres renouvelables, l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) a classé le Maroc dans le top5 des pays africains. Avec ses 3.727 mégawatts de puissance renouvelable installée, le Royaume se présente comme un pays qui va bon train en termes de développement des capacités énergétiques à faible émission de gaz à effet de serre.
Le rapport intitulé « Renewable Capacity Statistics 2023 » révèle que notre pays dépasse de loin ses voisins maghrébins, se plaçant devant l'Algérie (599 MW), la Tunisie (508 MW), la Mauritanie (123 MW) ou encore la Libye (6 MW). En revanche, le Maroc est en retard par rapport à l'Angola (4.078 MW), l'Egypte (6.322 MW), l'Ethiopie (5.589 MW) et l'Afrique du Sud (10.445 MW).
Selon la même source, la capacité d'énergie renouvelable du Maroc a doublé au cours des dix dernières années, passant de 1.837 MW en 2013 à 3.727 MW en 2022, soit 33,6 % de la puissance électrique totale du pays. Mais le Maroc se classe au troisième rang en Afrique en matière de capacité éolienne installée, derrière l'Afrique du Sud (3.103 MW) et l'Egypte (1.643).
Avec une capacité de 858 MW, le Maroc est également troisième en Afrique en matière de solaire derrière l'Egypte (1.724 MW) et l'Afrique du Sud (6.326 MW). Au niveau mondial, la capacité de production d'électricité à partir de sources renouvelables a atteint 3.372 gigawatts fin 2022, une augmentation record de 295 gigawatts, soit 9,6 %.
« Pour rester sur la voie de la limitation de l'augmentation de la température mondiale à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels, le monde a besoin de plus de 1.000 GW d'augmentation annuelle de la capacité renouvelable jusqu'en 2050, dont plus de la moitié sous forme d'énergie solaire », a indiqué le directeur général de l'IRENA, Francesco La Camera.
L'UE cherche des alternatives, le Maroc en position favorable
La guerre russo-ukrainienne a conduit le marché européen à se tourner vers d'autres fournisseurs de solutions de sécurité énergétique, notamment l'Afrique du Nord, afin de mettre un terme à la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie.
Pour sa part, le Maroc met en œuvre un plan d'investissement ambitieux pour développer les énergies renouvelables. Depuis un certain temps, le gouvernement a concentré ses efforts principalement sur le développement de l'hydrogène vert, faisant du Royaume un partenaire fiable et d'avenir pour les pays ayant appétence pour le développement de cette filière.
Le nouveau plan d'investissement du Groupe OCP, présenté au début de cette année, et le dernier accord scellé avec la société belge John Cockerill devraient permettre d'accélérer considérablement les ambitieux plans de transition vers l'énergie verte au Maroc.
Ayant décidé de se sevrer à la fois des combustibles fossiles russes et des combustibles fossiles en général, l'UE a dû se tourner vers d'autres sources d'énergie, faisant de l'hydrogène vert un pilier de son plan pour les années à venir. Plusieurs études récentes ont désigné le continent africain, et plus particulièrement le Maroc, comme la source la plus proche et la moins chère d'hydrogène vert.
En 2022, l'UE et le Maroc ont signé un partenariat vert pour renforcer la coopération dans le domaine des énergies renouvelables. Plus tard dans la même année, le Maroc a construit sa première installation de production d'hydrogène vert, devant le positionner en tant qu'exportateur potentiel d'énergie renouvelable abordable vers l'UE.
Le Maroc, un pays doté de grands atouts
Etant très proche du vieux continent, le Royaume se place comme le meilleur choix pour les pays de l'Union Européenne engagés dans la production de l'hydrogène vert. L'Allemagne se présente comme l'un des premiers pays qui veulent s'approvisionner en hydrogène depuis le Maroc. Malgré les coûts supplémentaires de transport et de conditionnement, les importations restent compétitives. L'importation d'hydrogène en Allemagne depuis le Maroc, transporté par bateau sous forme d'hydrogène liquide, présente, selon l'Agence internationale pour les énergies renouvelables, l'option la plus compétitive en 2030.
En effet, plusieurs études ont démontré que le prix de l'hydrogène vert produit dans le Royaume serait l'un des plus compétitifs au monde. Une étude du cabinet de conseil Aurora Energy Research a révélé que le prix de l'hydrogène produit sur le sol allemand serait de 3,90 euros le kilogramme contre 3,72 euros pour l'hydrogène exporté du Maroc vers l'Allemagne via gazoduc. De par sa situation géographique, le Royaume sera une source cruciale d'hydrogène vert pour l'Allemagne et le reste de l'Europe.
Pas que l'UE, l'Inde aussi....
Renew Power, l'entreprise indienne spécialisée en énergies renouvelables, a exprimé, le mois de février, son intérêt à investir dans la production de l'hydrogène vert au Maroc. Dans une interview accordée à Bloomberg, le président de Renew Power, Sumant Sinha, a annoncé que son entreprise est en train d'étudier la possibilité de produire de l'hydrogène vert et du méthanol au Maroc. Ce projet constituera pour la firme la plus grande station d'énergie propre en dehors de l'Inde.
En octobre 2022, le président du groupe indien Adani Group, Gautam Adani, a discuté avec les autorités marocaines de la possibilité de produire de l'énergie solaire et éolienne dans le pays en vue de satisfaire la demande croissante des pays européens en énergie verte.
De nombreux investisseurs étrangers ont aussi manifesté leur intérêt pour la production et l'exportation nationales d'énergies renouvelables depuis que le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable a publié sa feuille de route « hydrogène vert » en 2021. Yassine ELALAMI Evolution du mix énergétique mondial entre 2011 à 2035 (Source, AIE)