Dans la perspective d'assurer la sécurité énergétique du Vieux Continent, le Maroc se trouve bien placé parmi les candidats potentiels pour la fourniture d'hydrogène vert, en tant que meilleure option pour une transition réussie vers les carburants «propres». Un rapport publié en janvier, par l'Agence internationale pour les énergies renouvelables, a cité le Maroc comme le pays le plus proche de l'Europe et le mieux placé pour produire de l'hydrogène vert.
Ayant décidé de se sevrer à la fois des combustibles fossiles russes et des combustibles fossiles en général, l'UE a dû se tourner vers d'autres sources d'énergie, faisant de l'hydrogène vert un pilier de son plan.
Plusieurs études récentes ont désigné le continent africain, et plus particulièrement le Maroc, comme la source la plus proche et la moins chère d'hydrogène vert. Signe de ce pari majeur, la Commission européenne a signé un pacte avec le Royaume afin d'investir des millions dans la production de ce combustible destiné à être exporté de la région méditerranéenne vers l'Europe.
En décembre 2022, la Banque européenne d'investissement a publié une étude selon laquelle l'Afrique mériterait un investissement de 1.000 milliards d'euros dans l'hydrogène vert.
« La nouvelle étude combine l'analyse des opportunités d'investissement, en se concentrant sur quatre pôles: la Mauritanie, le Maroc, l'Afrique australe et l'Egypte, avec une feuille de route de solutions techniques, économiques, environnementales et financières pour débloquer le développement commercial », indique un communiqué de presse.
L'étude, pilotée conjointement par la Banque européenne d'investissement, l'Alliance solaire internationale, l'Union africaine, le gouvernement mauritanien, l'association professionnelle HyDeal et Cités et gouvernements locaux unis d'Afrique (CGLU Afrique), a révélé que le continent pourrait produire 50 millions de tonnes d'hydrogène vert par an à l'horizon de 2035, à un prix égal ou inférieur à 2 € par kg, prix considéré comme économiquement viable.
L'hydrogène vert pourrait, selon l'étude, faire du continent une puissance énergétique internationale. « L'Afrique peut garantir l'accès à une énergie propre et durable sur le continent et devenir un acteur mondial de l'énergie grâce aux exportations d'hydrogène vert », indique le rapport.
Toutefois, pour atteindre cet objectif, il faudra des projets pilotes pour montrer la réussite de la production, du stockage, de la distribution et de l'utilisation de l'hydrogène vert à l'échelle de démonstration et à l'échelle commerciale.
L'argent, nerf de la guerre
Malgré les énormes infrastructures nécessaires, une étude publiée, le 24 janvier 2023, par le cabinet de conseil en énergie Aurora a révélé que, dans un avenir proche, l'importation d'hydrogène vert sera la meilleure option pour l'Europe en matière d'approvisionnement en carburant "propre", car il serait moins coûteux de l'acheter à d'autres pays que de le produire sur le continent. Sur la base de modèles allemands, l'étude cite l'Australie, le Chili, le Maroc et les Emirats arabes unis comme les meilleurs pays d'approvisionnement, même en tenant compte des coûts de transport.
Selon la même source, tous ces pays ont un potentiel élevé de production d'énergie renouvelable et suscitent l'intérêt des développeurs pour les projets d'exportation d'hydrogène. Le coût nivelé de la production d'hydrogène sur un site représentatif dans chacun de ces pays en 2030 est inférieur à la fourchette de coûts de production de l'Allemagne, s'élevant à 3,1 EUR/kgH2 en Australie et au Chili, à 3,2 EUR/kgH2 au Maroc et à 3,6 EUR/kgH2 aux EAU.
« Malgré les coûts supplémentaires de transport et de conditionnement, les importations restent compétitives. L'importation d'hydrogène en Allemagne depuis le Maroc, transporté par bateau sous forme d'hydrogène liquide, présente l'option la plus compétitive en 2030, avec un coût de 4,58 EUR/kgH2 », a conclu la source.
« Les pays qui parviennent à devenir des exportateurs majeurs d'hydrogène vert et de carburants dérivés devraient également gagner en importance géostratégique », résume l'IRENA dans son rapport.