L'Espagne a commencé à voter dimanche pour des élections législatives anticipées cruciales, dont l'opposition de droite est donnée grande favorite et qui pourraient aussi amener au pouvoir l'extrême-droite. Les bureaux de vote ont ouvert dimanche à 09H00 locales (07H00 GMT). Quelque 37,5 millions d'électeurs sont appelés à renouveler pour quatre ans les 350 membres du Congrès des députés et à élire 208 sénateurs. Des quatre principaux candidats, le Premier ministre sortant, le socialiste Pedro Sánchez, a été le premier à voter, vers 09H10, en compagnie de son épouse. Cette élection est "très importante (...) pour le monde et pour l'Europe", a-t-il déclaré à la presse, détendu et souriant, à la sortie du bureau de vote dans le centre de Madrid, affirmant avoir "de bonnes sensations" concernant le résultat. Il a surtout souhaité "une participation historique", afin que le gouvernement qui sortira des urnes soit "un gouvernement fort pour que l'Espagne puisse avancer durant les quatre prochaines années". Près de 2,5 millions de personnes ont déjà voté par correspondance, un nombre record dû au fait que ce scrutin se déroule, pour la première fois, en plein été. Le vote devait s'achever à 20H00 (18H00 GMT) mais en raison de l'absence de sondages de sortie des urnes, il faudra attendre environ une heure pour la publication des premiers résultats. A l'approche des élections européennes de 2024, le basculement à droite - avec peut-être la participation au pouvoir de l'extrême-droite - de la quatrième économie de la zone euro, après celui de l'Italie l'an dernier, constituerait un revers cinglant pour les gauches européennes. Cela serait d'autant plus symbolique que l'Espagne exerce actuellement la présidence tournante de l'UE.
Droite-extrême-droite, le tandem-épouvantail ?
Toutes les enquêtes d'opinion publiées jusqu'à lundi estimaient quasi-certaine une victoire du Parti populaire (PP, droite) d'Alberto Núñez Feijóo, 61 ans, mais le fait que leur publication soit interdite pendant les cinq jours précédant le scrutin incite à la prudence. Feijóo a pour objectif d'atteindre le chiffre magique de 176 députés, qui lui donnerait la majorité absolue des 350 sièges du Congrès des députés. Mais pas un seul sondage n'a envisagé un tel score pour le PP. Donné battu après la déroute de la gauche lors des élections locales, Sánchez, 51 ans, a fait de Vox un épouvantail afin de jouer sur la peur de l'extrême-droite. Dénonçant "le tandem formé par l'extrême-droite et la droite extrême", le Premier ministre sortant, qui a mis en avant la carte européenne, a affirmé qu'un gouvernement de coalition PP/Vox "serait non seulement un recul pour l'Espagne" sur le plan des droits, "mais aussi un sérieux revers pour le projet européen". Pour lui, la seule alternative à un gouvernement PP/Vox est le maintien au pouvoir de l'actuelle coalition de gauche, mise sur pied en 2020, entre son parti socialiste et la gauche radicale.