Les Espagnols votaient dimanche dans des législatives tendues où le chef du gouvernement socialiste fait figure de favori mais où l'extrême droite pourrait resurgir, plus de 40 ans après la mort du dictateur Francisco Franco. Le socialiste sortant Pedro Sanchez est donné gagnant par les sondages mais sans la majorité absolue, ce qui obligera tous les partis à chercher à former des coalitions, avec un Parlement plus fragmenté que jamais et polarisé par la tentative de sécession de la Catalogne en 2017. Les bureaux de vote fermeront à 20H00 (18H00 GMT) avant l'annonce des résultats dans la soirée. A 14H00 (12H00 GMT), le taux de participation était de 41,48%, soit environ 4,5 points de plus que lors des dernières élections de 2016. La hausse était particulièrement notable en Catalogne (plus de 11 points). Le parti ultranationaliste Vox est la surprise annoncée de ces troisièmes législatives en trois ans et demi. Marginal il y a à peine six mois, il a créé un séisme politique en recueillant près de 11% des suffrages lors d'élections dans la région méridionale d'Andalousie. Vox pourrait faire une entrée en force à la chambre des députés, avec plus de 10% des voix et une trentaine de sièges sur 350 selon les sondages, dans un pays où l'extrême droite était absente du paysage depuis la mort de Franco en 1975. Selon les enquêtes d'opinion, les scores du PP, des libéraux de Ciudadanos et de Vox ne leur permettraient toutefois pas de constituer une majorité, comme celle qui leur a permis de chasser les socialistes du pouvoir dans leur fief d'Andalousie en début d'année. Mais M. Sanchez, arrivé au pouvoir en juin à la faveur d'une motion de censure contre le conservateur Mariano Rajoy (Parti Populaire, PP), a mis en garde ces derniers jours contre le « risque réel » d'une sous-estimation dans les sondages de ce parti qui a fait campagne massivement sur les réseaux sociaux. A Madrid, Carlos Gonzalez, retraité de la construction, indique avoir voté pour les socialistes, une « option modérée » selon lui. Vox « va en arrière, vers le passé. Ce n'est pas l'avenir, l'avenir est à une Europe unie », ajoute-t-il. Mais à L'Hospitalet de Llobregat, près de Barcelone en Catalogne, Teresa Diaz, retraitée de 63 ans qui a voté pour Ciudadanos, espère elle « que la droite va gagner pour mettre un peu d'ordre ici ». Théâtre en 2017 de la pire crise politique qu'ait connue l'Espagne depuis quarante ans, la Catalogne continue d'être au centre du jeu politique. La droite et l'extrême droite – qui a prospéré en particulier en prônant la manière forte dans cette riche région du nord-est du pays – ont mené une campagne très agressive contre M. Sanchez, accusé d'être un « traître » pour être parvenu au pouvoir notamment grâce aux voix des séparatistes catalans. – Intenses tractations – Avec un paysage politique toujours plus fragmenté, l'Espagne se destine à d'intenses tractations pour pouvoir former un gouvernement. Pedro Sanchez ne devrait obtenir que 120-130 sièges selon les sondages, loin de la majorité absolue de 176. Il sera donc contraint de nouer des alliances avec la gauche radicale de Podemos, en difficulté, et des partis régionalistes dont, a priori, les indépendantistes catalans. Mais le socialiste préférerait éviter d'avoir de nouveau besoin de ces derniers qui l'ont contraint à convoquer ces élections anticipées en refusant de voter son budget. Le leader du PP, Pablo Casado, a lui indiqué être prêt à former un gouvernement avec Ciudadanos et Vox si leurs trois partis atteignaient la majorité. « L'Espagne vote dimanche divisée et dans une grande incertitude », titre dimanche El Pais, le plus grand journal d'Espagne, proche des socialistes. A droite, le journal ABC affirme dans un éditorial que « les Espagnols doivent choisir entre un candidat prêt à pactiser avec les séparatistes et ceux qui veulent défendre l'unité de la nation ».