L'Espagne a commencé à voter dimanche lors d'élections municipales et régionales à l'allure de répétition générale avant les législatives de la fin de l'année, pour lesquelles les sondages prédisent une défaite du Premier ministre socialiste Pedro Sanchez et un retour au pouvoir de la droite. Les bureaux de vote ont ouvert à 09H00 locales (07H00 GMT) et fermeront à 20H00 (18H00 GMT). Les premiers résultats sont attendus vers 22H00 locales (20H00 GMT), car il n'y a pas de sondages de sortie des urnes en Espagne. Accompagné de son épouse, M. Sánchez a voté peu avant 09H30 dans un bureau de Madrid. Les élections concernent la totalité des 8 131 municipalités, soit 35,5 millions d'électeurs, ainsi que les assemblées –et donc aussi les exécutifs– de 12 des 17 régions autonomes. 18,3 millions d'électeurs sont concernés par ce deuxième vote. « Si la gauche fait mieux que prévu et parvient à conserver le contrôle de la plupart des gouvernements régionaux en jeu (…), cela voudra dire que les élections législatives seront très serrées et laissera bien augurer de ses chances de rester au pouvoir » à la fin de l'année, estime Federico Santi, un analyste au centre de réflexion Eurasiagroup, dans une étude parue cette semaine. Mais si les sondages, qui pronostiquent une poussée à droite, ont vu juste, les succès dans les régions fourniront au chef de la principale formation d'opposition, Alberto Nunez Feijoo, qui est à la tête du Parti populaire (PP, conservateur), « l'élan » nécessaire pour gagner les législatives à l'automne, poursuit M. Santi. Premier ministre depuis 2018, M. Sanchez aborde ce double scrutin avec plusieurs handicaps: l'usure du pouvoir, la reprise de l'inflation –même si elle est bien plus basse en Espagne que dans la plupart des autres pays de l'Union européenne– et la forte baisse du pouvoir d'achat qui en découle. Vulnérable A tel point que M. Feijoo a tout fait pour transformer ces élections en un référendum national sur Pedro Sanchez, qu'il décrit comme inféodé à l'extrême gauche mais aussi à des partis séparatistes basque et catalan dont son gouvernement minoritaire dépend au Parlement pour faire voter ses réformes. « Je viens demander les voix de l'Espagne qui veut mettre fin au +sanchisme+ à partir de dimanche », a lancé M. Feijoo vendredi soir à Madrid au cours de son dernier meeting électoral, utilisant le terme qu'il a forgé pour décrire la politique du Premier ministre. M. Sanchez, quant à lui, a fait campagne sur le bilan de son gouvernement, notamment dans le domaine économique et dans celui de la lutte contre la sécheresse et de la gestion de l'eau, un thème de plus en plus central en Espagne. « Les politiques sociales-démocrates conviennent mieux à l'Espagne que les politiques néo-libérales (parce que) nous gérons beaucoup mieux l'économie », a-t-il déclaré vendredi soir en achevant sa campagne à Barcelone (Nord-Est). M. Sanchez est d'autant plus vulnérable que, sur les 12 régions qui renouvellent leur assemblée, les socialistes en dirigent 10, soit directement soit comme membres d'une coalition. Du nombre de régions que le PP parviendra à arracher aux socialistes dépendra la perception dans l'opinion publique que M. Feijoo a gagné –ou pas– cette première manche et que son arrivée à La Moncloa, le siège de la présidence du gouvernement, à la fin de l'année est inéluctable. Lui aussi joue donc très gros. Fraude Mais M. Feijoo a ses propres problèmes. Le principal est Vox, un parti d'extrême droite qui constitue la troisième force au Parlement et dont l'ambition est de devenir un partenaire indispensable au Parti populaire pour gouverner dans les régions, puis au niveau national. Depuis l'an dernier, le PP et Vox gouvernent d'ailleurs ensemble en Castille-et-Léon, une région qui ne votera pas dimanche. Conscient du fait que les législatives se gagneront au centre, M. Feijoo s'est efforcé, depuis son accession à la tête du PP il y a un an, d'offrir l'image d'un parti modéré et donc de garder Vox à distance. Un très bon score de Vox dans de nombreuses régions serait donc dangereux pour lui. La campagne, qui s'est achevée vendredi soir, a été marquée ces derniers jours par plusieurs affaires de fraude, en l'occurrence des achats présumés de votes par correspondance, qui ont pour l'essentiel mis en cause des élus ou des candidats socialistes.