Avant ce dimanche 2 décembre 2018 où le petit parti d'extrême-droite «Vox» a fait une entrée en force au parlement régional d'Andalousie, l'Espagne était la seule démocratie européenne à avoir été épargnée par la poussée populiste. Célébrant le triomphe de son parti aux élections régionales d'Andalousie, ce grand territoire du sud du pays qui compte 8,4 millions d'habitants, où le chômage atteint 19% alors que la moyenne nationale tourne autour de 14% et qui se trouve placé en première ligne pour l'accueil des migrants qui traversent le Détroit de Gibraltar, Santiago Abascal s'est écrié : «Les andalous ont fait l'histoire (…) et se sont débarrassés de 36 ans de régime socialiste». Opposé à l'immigration illégale et à l'indépendantisme catalan, anti-féministe et eurosceptique, «Vox» a fait, ce dimanche, une entrée en force au parlement régional d'Andalousie en raflant 12 sièges alors qu'il n'en avait aucun. C'est la première fois, en effet, depuis le rétablissement de la démocratie en Espagne après la mort de Franco en 1975 que le Parti socialiste qui gouverne depuis 36 ans cette région de l'Espagne a été détrôné. Avec les 12 sièges qu'il a pu obtenir alors même que les sondages ne lui en attribuaient que cinq, dans le meilleur des cas, «Vox», petit parti populiste né il y a à peine 5 ans a pu ainsi donner la majorité aux partis de droite dans cette région du sud du pays alors que la gauche y a enregistré le pire résultat de son histoire. Piètre résultat, en effet, que celui-ci puisque même avec les sièges obtenus par ses alliés de la gauche radicale, la gauche qui ne parviendra pas à la majorité absolue de 55 sièges sur 109 perd ainsi le «gouvernement» régional d'Andalousie alors qu'en s'alliant à «Vox», les deux partis de droite auront une majorité de gouvernement avec 59 sièges. Faisant campagne contre l'immigration illégale, «Vox» prône l'interdiction des partis indépendantistes catalans qu'il accuse de «rébellion», réclame l'abolition de la loi contre la violence machiste au motif qu'elle «va trop loin dans le politiquement correct» et la suppression de l'autonomie des régions au titre de l'économie budgétaire et de la défense de l'unité de l'Espagne. Le programme de «Vox» s'articule donc autour de quatre thématiques dont deux sont communes à tous les partis d'extrême-droite; à savoir, le refus de toute immigration, la primauté de la Constitution sur le droit communautaire de l'U.E. et le refus d'impôts communautaires. Les thématiques liées au contexte espagnol sont le retour à une centralisation du pouvoir avec la suppression des communautés autonomes et du Sénat, l'interdiction des partis autonomistes (basques, catalans, canariens) et la promotion des valeurs de l'Espagne catholique et traditionnelle ; à savoir, la famille avec un refus de l'avortement et du mariage gay, l'éducation catholique (semaine sainte obligatoire), la tauromachie et le droit de correction accordé aux parents. Cette débâcle du PSOE qui, depuis 1982, dirige, seul ou dans le cadre de coalitions, l'Andalousie, cette région méridionale qui est la plus peuplée d'Espagne, est un véritable camouflet pour Pedro Sanchez dont le parti a été éclaboussé par un vaste scandale où ont été impliqués deux de ses dirigeants qui avaient déjà présidé aux destinées de l'Andalousie. «Le changement l'a emporté aux élections andalouses (…) Le ‘sanchisme ‘ en a pris un coup, maintenant il s'agit de le couler dans les urnes» s'est écrié Albert Rivera, le chef de «Ciudadanos» alors que, de son côté, Pablo Iglesias, le leader de «Podemos» a lancé une «alerte antifasciste» et appelé toutes les formations de gauche à se mobiliser «pour défendre les libertés, la justice sociale, la fraternité et, en fin de compte, la démocratie !». De quoi donc demain sera-t-il fait en terre d'Espagne alors que la débâcle du PSOE en Andalousie est un sérieux revers pour Pedro Sanchez, le chef du gouvernement, qui ne dispose que d'une minorité de 84 sièges sur 350 à la chambre des députés ? Attendons pour voir…