Le parti populaire est arrivé en tête des élections du 26 juin mais ne peut gouverner sans un pacte avec le PSOE ou Ciudadanos. Grand gagnant de ce scrutin, le leader du PP, Mariano Rajoy, rappelle son droit à gouverner. Le PP semble être immunisé contre tout ce qui nuit à sa réputation. Malgré l'éclatement de nombreux cas de corruption au sein du cercle le plus proche de Mariano Rajoy, les investigations contre le parti pour financement illégal, des coupes budgétaires dévastatrices et une réforme de la loi du travail fort contestée, le PP sort euphorique des élections anticipées du dimanche 26 juin. Dans son discours après l'annonce des résultats, Rajoy a réclamé son «droit à gouverner et à être utile aux Espagnols», a-t-il clamé. Le PP est passé de 123 sièges à 137 et a décroché 7,8 millions de voix, ce qui représente 33% des votes. La carte de l'Espagne s'est drapée de bleu, couleur du parti populaire. Le PP consolide ses positions dans ses fiefs historiques comme Sebta et Mélilia, chasse gardée des populaires où aucune formation n'a réussi à lui rafler la mise. Autre fait marquant qui en dit long sur la capacité impressionnante du PP à mettre en déroute ses adversaires les plus tenaces, le score réalisé en Andalousie. Considérée comme une région socialiste par excellence, l'Andalousie a vu percer le parti de Mariano Rajoy dans le dernier rempart socialiste contre l'invasion du PP. Adepte de la politique du wait and see, Mariano Rajoy s'est révélé être un vieux loup de mer. Sa stratégie, qui est basée sur le retranchement en arrière et consiste à laisser les adversaires s'entretuer, s'est avérée payante. Contesté au sein même de son parti par les caciques de la formation, comme l'ex-président et figure phare du parti, José Maria Aznar, Rajoy a épaté toute l'Espagne avec ce dernier score. Son challenger, le PSOE a perdu 5 sièges et sera représenté par 85 élus au Congrès des députés. Il s'agit du pire résultat électoral de son histoire, mais son leader Pedro Sanchez peine à reconnaître sa défaite. Selon les calculs de Sanchez, le plus important était que Podemos ne l'ait pas devancé. Un brin rancunier après le refus de Pablo Iglesias d'appuyer son investiture, ces résultats semblent être une revanche pour le leader du PSOE, mais là où le choc est grand, c'est dans les rangs de la formation de Pablo Iglesias. Encore une fois, les sondages ont berné les dirigeants de cette formation au point que ces derniers parlaient de «sursaut» et s'attendaient à arriver en seconde position. En effet, les derniers pronostics donnaient le parti de Pablo Iglesias vainqueur par au moins 90 sièges. Or, Podemos a péniblement pu décrocher 70 sièges alors que ce parti d'extrême gauche s'est présenté à ces élections en tandem avec la gauche unifiée. Hélas, le sursaut n'a pas eu lieu. Les Espagnols ont catégoriquement décliné l'invitation au changement politique, représenté par le parti de l'extrême gauche : Podemos. D'autant plus que Mariano Rajoy a concentré durant sa campagne électorale les attaques contre Pablo Iglesias en agitant l'épouvantail d'un changement politique radical aux conséquences incertaines. L'autre dernier arrivant sur la scène politique, Ciudadanos, a payé fort son alliance avec le secrétaire général du PSOE, Pedro Sanchez, durant ses tractations pour la formation d'un gouvernement de coalition à l'issue des élections du 20 décembre. Ce parti nationaliste catalan a offert sur un plateau en or 8 sièges à la formation de Mariano Rajoy et s'est contenté de 32 élus. Il s'agirait d'une punition des électeurs de la droite et une réponse à l'appel lancé par Mariano Rajoy à la veille des élections, où il a fait appel au «vote utile» en faveur du parti au pouvoir pour couper la route à Podemos et ses alliés. À présent, place au jeu des alliances. Malgré sa percée, le PP n'est pas en mesure de gouverner. Mariano Rajoy a déjà fait les yeux doux à Sanchez durant ladite campagne électorale pour sortir le pays de l'immobilisme et débloquer la situation politique, a plaidé Rajoy. Mais Pedro Sanchez rêve de devenir chef du gouvernement et a toujours refusé toute alliance avec le PP. À son tour, le parti d'Albert Rivera est une autre planche de salut du PP, couplée à une abstention du PSOE. Or, Albert Rivera a décliné toute possibilité de pacte avec Rajoy tant que ce dernier est toujours à la tête du parti. Encore une fois, l'incertitude reste le grand gagnant des élections. La presse en parle... Au lendemain des élections espagnoles, les pronostics vont bon train. Dans son éditorial intitulé :«former un gouvernement», El Pais estime que la priorité absolue est de rendre possible un pacte capable de garantir un Exécutif stable pour corriger la pire conséquence de la législation précédente. El Pais reconnaît la victoire de Mariano Rajoy mais estime qu'il devrait gouverner en formant un gouvernement avec une base plus ample. De son côté, le journal El Mundo, de droite, reconnaît d'emblée que «Mariano Rajoy est le grand gagnant des élections ». L'éditorialiste estime que «les Espagnols ont voulu donner une autre opportunité à Mariano Rajoy, le seul leader consolidé de ces élections». El Mundo reconnaît qu'il est encore tôt pour tirer les conclusions de la défaite de Podemos, mais une première lecture des faits fait dire au quotidien de droite que l'arrogance de Pablo Iglesias, les effets du Brexit et la crainte d'une désintégration de l'Europe ont mobilisé le vote en faveur du Parti populaire. Le quotidien catalan La Vanguardia dans un édito intitulé : «le PP grandit, un accord presse», admet que le PP a décroché une avancée précieuse grâce au leadership de Mariano Rajoy. Pour le quotidien conservateur Abc, les citoyens ont été explicites : le PP est le seul parti qui monte avec force depuis le 20 décembre. Abc met le PSOE et Ciudadanos devant le fait accompli en les invitant à choisir la formule adéquate pour faciliter le mandat de Rajoy. L'éditorialiste se targue que seule la stratégie adoptée par le PP a rencontré du succès. Abc a invité Rajoy à accepter, cette fois-ci, le défi et à chercher des appuis et des abstentions au plus vite. Tags: Espagne PP PSOE Mariano Rajoy