Les Espagnols se rendront à nouveau aux urnes au mois de juin pour élire leurs députés, les ultimes tractations en vue de la formation d'un gouvernement issu des élections législatives du 20 décembre n'ayant pas permis mardi de trouver un accord. Reconnaissant l'absence d'accord, le roi Felipe a annoncé qu'il ne proposerait pas de nouveau candidat pour le poste de chef du gouvernement, ouvrant ainsi la voie à un nouveau scrutin législatif. Celui devrait avoir lieu le 26 juin. Les élections de décembre ont produit le résultat le plus fragmenté depuis le retour de l'Espagne à la démocratie, mettant fin à l'alternance traditionnelle entre le Parti populaire (PP) et le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) qui prévalait depuis la mort du dictateur Francisco Franco en 1975. De nouveaux venus, le parti anti-austérité Podemos («Nous pouvons») et le mouvement centriste Ciudadanos («Citoyens»), ont fait leur entrée au Congrès des députés, la chambre basse des Cortes Generales, le Parlement espagnol, profitant du mécontentement de la population face à la corruption et aux difficultés économiques de ces dernières années. Le PP, le parti du Président du gouvernement sortant, Mariano Rajoy, est arrivé en tête le 20 décembre, avec 123 sièges sur les 350 que compte la chambre basse, mais a perdu sa majorité absolue. Les socialistes ont obtenu 90 sièges, Podemos 69 sièges et Ciudadanos 40 sièges. Les tractations qui ont suivi ont montré que la classe politique espagnole n'était pas prête pour un gouvernement de coalition, aucun dirigeant politique ne parvenant à constituer une majorité. Mardi, les chefs de partis se sont mutuellement accusés d'être à l'origine de l'impasse politique. «Au lendemain des élections, j'ai fait une offre. Le meilleur choix était un accord entre le PP et les socialistes. Il était évident que pour former un gouvernement, nous devions faire un pacte», a déclaré Mariano Rajoy aux journalistes après une dernière rencontre avec le roi. «Mais les socialistes n'ont pas même voulu discuter» Le secrétaire général du PSOE, Pedro Sanchez, a déclaré que Mariano Rajoy, ainsi que le secrétaire général de Podemos, Pablo Iglesias, étaient les principaux responsables de la nouvelle convocation aux urnes des Espagnols. «Que je sache, M. Iglesias n'a jamais voulu faire de pacte avec le Parti socialiste. La politique espagnole a souffert d'un double blocage, de M. Rajoy et de M. Iglesias», a affirmé Pedro Sanchez. Podemos a pour sa part estimé qu'une coalition de gauche aurait été possible si Pedro Sanchez n'avait pas fixé des conditions inacceptables pour les autres partis. Pedro Sanchez demandait notamment que la coalition s'engage à voter les deux premières lois de finance afin de garantir la stabilité du gouvernement, ce qu'a refusé Pablo Iglesias. «Nous aurions aimé pouvoir faire un effort, mais en réalité, les socialistes ont dit ‘non'», a dit Pablo Iglesias à la presse. Il n'a toutefois pas définitivement fermé la porte à la formation d'une alliance avec les socialistes en cas de nouvelles élections. Une coalition serait envisageable si les deux formations politiques parviennent à aplanir leurs divergences sur la politique économique et sur le degré d'autonomie qu'elles accepteraient d'accorder à la Catalogne. Selon les derniers sondages, la nouvelle consultation électorale pourrait ne pas permettre de sortir de l'impasse. Les nouvelles législatives seront officiellement convoquées le 3 mai prochain, une fois passée la date limite pour la formation d'un gouvernement qui était fixée au 2 mai. Mais le roi ayant dit qu'il ne demanderait plus à personne de former un gouvernement, le vote de confiance du Parlement ne pourra quoi qu'il arrive avoir lieu dans les temps.