Devant les députés, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a dressé un bilan positif des différentes actions menées par son équipe en vue de garantir la sécurité alimentaire, tout en apportant des réponses claires et fermes à des questions qui continuent de susciter le débat. Détails. Longtemps attendue, la séance plénière mensuelle consacrée à la politique générale de l'Exécutif a débattu de la souveraineté alimentaire. Il s'agit d'une séance très tendue au vu du contexte sensible dans lequel elle intervient, où ce sujet continue de faire couler beaucoup d'encre. A la Chambre des Représentants, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a retrouvé, lundi 8 mai, les députés pour répondre aux questions des groupes parlementaires sur plusieurs problématiques épineuses qui suscitent de plus en plus d'inquiétude chez les citoyens, à commencer par la hausse des prix qui ne cesse de peser sur le quotidien du Marocain lambda, mais aussi pour réagir aux critiques de l'opposition. D'ailleurs, ils ont été nombreux à estimer que le Plan Maroc Vert a accentué l'insuffisance alimentaire. D'autres ont également critiqué la décision de l'Exécutif d'importer des bovins pour assurer l'approvisionnement du marché en viande rouge.
Sécurité alimentaire : le Maroc garde son équilibre Des critiques balayés d'un revers de main par Aziz Akhannouch qui s'est réjoui des résultats positifs réalisés par l'Exécutif en matière de souveraineté alimentaire malgré la crise qui sévit dans le monde. Selon lui, la couverture des besoins en produits de consommation de base, notamment la viande rouge, les œufs, légumes, fruits et lait, est de 98% à 100%, soit le taux le plus élevé de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Et ce, en plus de l'augmentation du taux de couverture des besoins croissants en céréales, sucre et huiles. En plus, le Plan Maroc Vert a eu un impact direct et positif sur la sécurité alimentaire des Marocains, l'amélioration des revenus et des conditions de vie des habitants du monde rural, qui représentent 38% de la population marocaine, assure le chef du gouvernement. Preuve à l'appui, le produit agricole brut a doublé pour atteindre 127 milliards de dirhams en 2021, sachant que la contribution de l'agriculture à la croissance du Produit Intérieur Brut a augmenté de 7% avant 2008 à 17% pendant la période 2008-2020, avec un taux de croissance annuel supérieur à celui des autres secteurs économiques pendant cette période et les exportations agricoles ont également triplé, a-t-il relevé d'un ton ferme. Ainsi, il a rappelé que le Maroc subit une inflation importée parallèlement à une succession d'années de sécheresse qui rappellent les pires années qu'a connues le Royaume au cours des années 80 et 91, celles du Plan d'Ajustement Structurel (PAS). En ce qui concerne la hausse des prix des produits de première nécessité, sujet devenu cauchemardesque chez les Marocains, Akhannouch a affirmé que le Royaume traverse, à l'instar des autres pays du monde, une conjoncture difficile liée à la crise économique mondiale, soulignant, à cet égard, que les prix des produits agricoles sont restés stables pendant 12 ans (2008-2020) avec un taux d'inflation ne dépassant pas 0,2%. Malgré les résultats positifs réalisés, le chef du gouvernement s'est montré conscient du fait que la souveraineté alimentaire, sanitaire, énergétique, industrielle... constitue un enjeu majeur de l'action gouvernementale, surtout dans le contexte actuel qui pèse de plus en plus sur la sécurité des systèmes alimentaires mondiaux, d'où la nécessité de mobiliser les atouts nationaux et en tirer profit de manière optimale, a-t-il martelé.
Importation de bovins : pas aussi grave que l'on croit S'il y a un sujet qui a suscité le plus de critiques ces derniers temps, c'est bien celui de l'importation de bovins de l'étranger pour pallier la baisse de l'offre nationale en viandes rouges et rétablir l'équilibre sur le marché. A l'Hémicycle, le chef du gouvernement a souligné que le Maroc connaît un dysfonctionnement dans la chaîne de production de la viande rouge, à cause de la succession des années de sécheresse qui a amené les éleveurs à sacrifier leur cheptel, chose qui a conduit à une réduction de la production de lait. A contrario de ce que d'aucuns croient, l'importation de bovins, de vaches ou encore de cheptels de l'étranger n'est pas la fin du monde, puisqu'il ne s'agit, selon Akhannouch, que d'une mesure alternative qui ne touche en aucun cas la souveraineté alimentaire du Royaume. « Il faudra au moins deux années pour rétablir l'équilibre. Donc, ce n'est pas la fin du monde si le gouvernement a opté pour l'importation de 28.000 vaches laitières sur les 3 millions existantes. Il faut arrêter d'exagérer les choses pour induire les citoyens en erreur», a martelé Akhannouch, promettant de revenir prochainement en détail sur le sujet de la sécurité alimentaire et l'inflation, et les mesures que le gouvernement prévoit d'entreprendre au cours des prochains mois et années pour atteindre la sécurité alimentaire. Toujours dans le secteur agricole, le chef du gouvernement a démenti l'idée selon laquelle les productions agricoles marocaines destinées à l'exportation gaspillent énormément d'eau. Se basant sur une étude de la Banque Mondiale, il a affirmé que les produits agricoles marocains exportés consomment dans leur globalité 2 milliards de mètres cubes d'eau par an alors que ceux importés par le Maroc consomment 20 milliards de mètres cubes, soit 10 fois plus.
Gasoil russe : Akhannouch met les choses au clair Bien que la séance plénière ait été consacrée au sujet de la souveraineté alimentaire, la polémique autour du gasoil russe a pris le pas. S'exprimant sur ce sujet, le chef de l'Exécutif a souligné que le Maroc a passé par des périodes où il importait du charbon russe, notant que l'importation du gasoil de ce pays est une contrainte des lignes de crédits ouverts par les banques. « Ce qui a été soulevé autour du gasoil russe est vide de tout fondement. Ce n'est qu'une bulle qui a été amplifiée par une série de rumeurs », a souligné Akhannouch qui a indiqué que le Maroc est ouvert à l'importation du gasoil ou même des céréales depuis l'Ukraine et la Russie, sauf que les banques ne peuvent plus financer cette action. Et pour cause, les sanctions de l'Union Européenne pour la Russie, notamment l'exclusion de nombreuses banques russes de la plateforme interbancaire Swift, rouage de la finance mondiale. Pour rappel, la Russie et l'Ukraine contribuent à hauteur de 50% au programme alimentaire lié aux céréales.