La réunion du chef du gouvernement avec les professionnels de la viande rouge rassure sur l'état du cheptel marocain et sur l'approvisionnement des marchés. Elle met en sourdine le bêlement de certains moutons de la Toile en proie aux charognards de l'intox. N'en déplaise aux alarmistes prolifiques sur les réseaux sociaux, Aid Al-Adha aura bel et bien lieu cette année dans des conditions normales, comme cela a toujours été le cas, à peu d'exceptions près (datant d'une autre ère). Aziz Akhannouch, qui a réuni cet après-midi du 17 avril les principaux intervenants de la filière des viandes rouges, a placé les préparatifs de cette fête religieuse au menu des discussions. Une démonstration de plus que l'Exécutif est dans l'anticipation tout en pilotant le quotidien. Aïd El-Fitr n'a pas encore pointé son hilal (et son jour férié en prime) que le gouvernement s'est déjà lancé dans les préparatifs de Aïd Al-Adha, qui suscite tant d'interrogations avec cette situation inédite du marché de la viande rouge. Tout a été dit, pour ne pas dire inventé, au sujet des importations de bovins par le Maroc. Un peu normal lorsqu'on sait que les étals des bouchers du Royaume étaient jusque-là garnis exclusivement de viande rouge du bled. L'Angus argentin ou le Kobe japonais relevant du fantasme et du plafond de la carte de crédit... L'arrivée de bêtes brésiliennes dans nos abattoirs a donc nourri toutes sortes de rumeurs et de fake news au sujet de l'état de santé de cette race importée. Certains parlent de vers dans le nez des bestioles, d'autres de virus transmissible au cheptel local. Sauf que l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), qui ne ménage aucun effort pour le contrôle de tout ce qui atterrit dans nos assiettes, a constaté « le bon état sanitaire du cheptel », comme l'indique le communiqué du chef du gouvernement. Et pour cause, cette réunion à laquelle a pris part Abdallah El Janati, directeur général de l'ONSSA, a d'ailleurs été l'occasion de faire le point sur la cadence de l'opération d'immatriculation des ovins et caprins prévus pour l'Aïd Al-Adha. Comprenez cette "tanga" rassurante quant à l'origine du cheptel destiné au sacrifice et qui permet d'éviter depuis des années des intoxications alimentaires qui parfois transforme ce moment festif en drame familial... L'intox médiatique trouve en revanche toujours de quoi s'étendre sur l'état des marchés en cette période d'inflation vertigineuse qui fait tourner la tête des dirigeants mondiaux. « La cherté donne goût à la viande », comme disait Michel de Montaigne, Seigneur bourgeois de la pensée de la Renaissance qui n'a jamais connu la faim. Faire dans « l'art de l'otium », façon réseaux sociaux du 21ème siècle, consiste à gonfler ou dégraisser des chiffres comme celui des importations de bovins étrangers. Là encore, l'ONSSA vient de faire le point sur l'opération lancée en février 2023 : 22.000 têtes de bovins et 10.000 têtes d'ovins ont été importées. Voilà tout ! De là à prétendre que nos 7awlis du Aïd vont bêler en mode Pelé, il y a un océan (Atlantique) à franchir... Cette phase d'importation, qui a permis un rééquilibrage des marchés à travers la suspension d'une taxe spécifique et de TVA, a eu pour effet d'atténuer la pression sur les prix, qui ne devrait être que passagère. Un nouveau contrat-programme est en cours d'élaboration avec les professionnels en vue de reconstituer le cheptel à court terme. Il ne devrait pas tarder à être signé sous la conduite d'un gouvernement qui sait prendre le taureau par les cornes. Surtout qu'aux manettes, il y a une personnalité qui connaît son sujet : Akhannouch a tout de même roulé sa bosse 14 ans dans le département de l'Agriculture...