Des chercheurs israéliens et marocains travaillent conjointement pour faire revivre la vie juive au Maroc, à travers l'exploration des vestiges historiques de cette communauté. Des chercheurs israéliens et leurs homologues marocains explorent les vestiges de la vie juive au Maroc, suite à l'extension des champs de coopération entre les deux pays. Ce partenariat culturel intervient dans le prolongement de la série d'accords de collaboration conclus dans plusieurs domaines. Cette année, les actions menées conjointement ont abouti à la découverte d'une synagogue abandonnée en briques de boue dans les montagnes de l'Atlas aux confins sahariens. Pour la chercheuse en Histoire de l'Université israélienne Ben Gourion de Negev, Dr Orit Ouaknine-Yekutieli, « cette recherche représente une nouvelle opportunité qui se situe à l'intersection des changements dans la façon dont « les Israéliens » pensent les Juifs du Maroc, de l'accord avec Israël et de la relation entre les Juifs et le Maroc lui-même ». Avec son collègue, le Professeur Yuval Yekutieli, et d'autres experts marocains, ils ont réussi à découvrir la geniza, un dépôt de documents et d'objets historiquement et religieusement importants. Tout en louant les historiques Accords d'Abraham entre Israël et les pays arabes, Ouaknine-Yekutieli a déclaré bénéficier d'une étroite coopération avec ses collègues marocains bien avant que les pays ne décident de formaliser leurs relations diplomatiques.
Une longue Histoire
Les Juifs ont une longue Histoire au Maroc, remontant à l'Antiquité. Ils ont continué à coexister avec les populations Amazighes et Arabes, et ont même joué un rôle important dans l'essor économique du pays. Au fil des siècles, ils ont subi quelques épisodes de persécution, mais ont également connu de longues périodes de paix et de prospérité, notamment sous la dynastie Alaouite. Jusqu'aux années 1950, le Maroc abritait une importante minorité juive comptant environ 300.000 personnes. Cependant, pendant la période coloniale française, de nombreux Juifs marocains ont émigré vers la France, tandis que d'autres ont choisi de partir pour Israël après sa création en 1948. Malgré cela, un petit nombre de Juifs a continué à vivre au Maroc, préservant son patrimoine culturel et religieux. Ainsi, des centaines de milliers d'Israéliens sont d'origine marocaine. Ensemble, avec d'autres arrivants successifs, ces Israéliens constituent un pont naturel entre le Maroc et la communauté juive, en Israël et dans la diaspora. Aujourd'hui, la communauté juive au Maroc est très réduite, mais son Histoire continue d'être étudiée et appréciée grâce à des initiatives telles que les recherches menées par les universitaires israéliens et marocains pour réhabiliter les vestiges de la vie juive au Maroc. Cette coopération culturelle entre les deux pays marque une nouvelle étape dans leur relation, et souligne l'importance de la préservation de leur patrimoine commun. Ouaknine-Yekutieli, qui est d'origine marocaine, a rendu hommage aux Juifs pieux pour avoir préservé les documents et les objets sacrés au Maroc. « En tant que Marocains, nous disons que ce sont les nombreux Juifs pieux et hommes saints musulmans de cet endroit qui se sont occupés de la geniza et ont gardé notre projet », a-t-elle déclaré. En 2021, certaines sources israéliennes ont rapporté que le Maroc lançait un programme de restauration de centaines de sites historiques juifs dans le Royaume, faisant de ce dernier le seul pays du monde arabo-musulman où des fonds publics sont utilisés à cette fin. L'année suivante, l'Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) a inauguré la première synagogue universitaire du monde arabe, à côté de sa nouvelle mosquée. Rappelons aussi que, dans le cadre d'une opération menée par l'Institut National des Sciences de l'Archéologie et du Patrimoine, une équipe d'archéologues marocains et étrangers a découvert, en mars de cette année, des antiquités appartenant à des Juifs et des documents écrits en hébreu dans la ville de Tata.