Des archéologues, des anthropologues, des historiens et des géographes marocains et israéliens sont mobilisés pour mieux comprendre les trajectoires des communautés juives marocaines sur le temps long. Du dimanche 21 novembre 2021 au jeudi 25 novembre 2021, certains parmi eux étaient dans la lointaine province de Tata pour effectuer les toutes premières fouilles archéologiques à la synagogue d'Aguerd Tamanart. Un bijou patrimonial en ruine où l'équipe multidisciplinaire dirigée par Saghir Mabrouk, professeur à l'Institut National des Sciences de l'Archéologie et du Patrimoine de Rabat et sa consœur Yuval Yekutieli de l'université Ben Gourion du Néguev a déjà trouvé des fragments de documents religieux, d'actes de mariage ainsi que des objets ayant défié le temps. Ce sont de nouveaux témoins d'une époque que commencent à revisiter Orit Ouaknine, professeur en Anthropologie (Université Ben Gurion en Israël) et sa consœur marocaine, Salima Naji, célèbre architecte militante pour la préservation du patrimoine qui est également docteur en anthropologie. Participant activement à ce travail de sauvetage de la mémoire, son mari, David Goeury, qui est docteur en géographie à Sorbonne Université (France) où il est enseignant-chercheur nous plonge, à travers cette visite guidée exclusive en vidéo au cœur de cette palpitante histoire. Ces premières fouilles archéologiques effectuées dans la synagogue d'Aguerd Tamanart s'inscrivent dans le cadre d'un programme scientifique pluriannuel sur le patrimoine judéo-marocain des régions atlasiques et sahariennes du Maroc, qui a été réactivé grâce au soutien du ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mehdi Bensaïd. Cette opération a été rendu également possible grâce au soutien financier du Centre Chaim Herzog pour les études et la diplomatie du Moyen-Orient dirigé par la professeure d'anthropologie Orit Ouaknine de l'université Ben Gourion du Néguev. Trouvées dans la synagogue d'Aguerd Tamanart, ces pages, même si elles sont abimées, constituent déjà un nouveau chapitre dans l'histoire multiséculaire du judaïsme marocain L'équipe en charge de ces fouilles a tenu à préciser à L'Observateur du Maroc que l'ensemble des éléments trouvés ont été entreposés à Agadir, sous l'autorité de la Direction régionale de la culture. Le travail se poursuivra, mais d'ores et déjà le site a été préservé de la menace d'effondrement grâce à action de restauration d'urgence menée sous la conduite de Salima Naji. Dans ce même esprit constructif, un protocole de mobilisation des parties prenantes a été mis en place avec les autorités locales et les habitants d'Aguerd, selon les modalités internationales du principe des sciences ouvertes. Communautés, élus, représentants de l'autorité et toutes les composantes de la société civile participe donc à cette action de préservation du patrimoine national.