La présidente de la Cour des Comptes, Zineb El Adaoui, a appelé à l'accélération de la réforme des retraites compte tenu de la dégradation inquiétante des réserves et des déficits des Caisses. Cette mise en garde intervient au moment où les discussions entre le gouvernement et les syndicats n'avancent pas. Détails. Devant les deux chambres du Parlement, la Présidente de la Cour des Comptes, Zineb El Adaoui, a présenté, ce mardi, lors d'une séance conjointe, son rapport annuel. Elle a saisi cette occasion pour revenir sur l'état inquiétant des Caisses de retraites sur lesquels plane le risque de faillite financière. Dans son diagnostic, la Présidente de la Cour des comptes a livré un constat alarmant de la situation actuelle, en faisant état d'une « exacerbation des déséquilibres » qui remettent en cause la durabilité des régimes actuels, à savoir le régime de pensions civiles (CMR), celui du secteur privé (CNSS) et le régime complémentaire. Selon les chiffres présentés par El Adaoui, le déficit technique de la Caisse marocaine des Retraites s'est élevé à 5,12 milliards de dirhams avec un recul des réserves qui ont diminué à 10,7 milliards par rapport à 2019. Zineb El Adaoui a livré des données actualisées sachant que l'exposé sur lequel s'est basé le gouvernement pour la réforme des retraites s'est limité aux chiffres de 2021. Il y a deux ans, le déficit de la CMR s'est établi à 7,8 MMDH avec des réserves estimées à 68 MMDH, soit 3 milliards de plus sur par rapport à 2022. De l'autre côté, la situation de la Caisse nationale de Sécurité sociale est plus confortable bien qu'elle demeure inquiétante. La CNSS a un déficit de 400 millions de dirhams en 2021, soit un chiffre supérieur aux estimations du gouvernement (375 millions). Zineb EL Adaoui a tiré la sonnette d'alarme sur la durabilité des Caisses de retraites dont les réserves sont menacées d'épuisement dans quelques années. Les réserves de la CMR devraient s'épuiser d'ici 2028, selon les prévisions, tandis que la faillite de la CNSS est prévue pour 2038 si aucune réforme n'est faite. Pour cette raison, la présidente de la Cour des Comptes a appelé le gouvernement à mener la réforme le plus possible. Chose qu'essaye de faire l'Exécutif qui continue de discuter à ce sujet avec les syndicats et les autres partenaires sociaux. Jusqu'à présent, les discussions n'avancent pas puisque les syndicats ne partagent pas le diagnostic du gouvernement et appellent à des données actualisées. Peut-être les chiffres présentés par Zineb El Adaoui peuvent-ils constituer une base sérieuse de dialogue. Le gouvernement envisage de commencer la réforme dès le début de 2024, en arrivant à un compromis avec les centrales syndicales dès le mois de mai 2023. Ce qui demeure très difficile pour le moment, compte tenu de l'opposition des syndicats qui préfèrent reporter les discussions jusqu'en 2024, compte tenu de la conjoncture actuelle difficile. Selon l'exposé initial sur lequel se base le gouvernement, il est proposé de relever l'âge de départ à la retraite à 65 ans avec une hausse des cotisations. La réforme veut mettre en place un système unifié avec deux pôles (public et privé) ayant les mêmes paramètres. En plus cela, la réforme rendre obligatoire le régime complémentaire.