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Entretien avec Badr Mandri, Economiste et Fellow Senior au PCNS: Les conditions de financement du Maroc sont beaucoup plus favorables
Publié dans L'opinion le 23 - 04 - 2023

La question de la dette est toujours d'actualité. Pour le Maroc, le défi est d'assurer un équilibre entre assainissement budgétaire et déploiement de la stratégie sociale, sous la contrainte d'une dette élevée et des conditions de financement tendues. Cependant, il est en pole position pour traverser cette impasse et concilier entre les objectifs macroéconomiques et ceux dits socio-économiques. Explications de Badr Mandri, Economiste et Fellow Senior au PCNS
La question de la dette est toujours d'actualité. Pour le Maroc, le défi est d'assurer un équilibre entre assainissement budgétaire et déploiement de la stratégie sociale, sous la contrainte d'une dette élevée et des conditions de financement tendues. Cependant, il est en pole position pour traverser cette impasse et concilier entre les objectifs macroéconomiques et ceux dits socio-économiques. Explications de Badr Mandri, Economiste et Fellow Senior au PCNS

Vous avez participé à une conférence sous le thème : « Stabilisation et ajustement vers des politiques inclusives et durables dans la région MENA : l'étude du cas marocain». Comment d'abord se présente ce projet dans sa globalité ?
Le projet dans sa globalité porte en fait sur une étude régionale dont l'objectif est d'évaluer la soutenabilité de la dette dans la région MENA. Un groupe de pays a été choisi - Maroc, Tunisie, Egypte, Soudan, Liban et Jordanie. L'objectif est de mener des analyses approfondies sur la situation des finances publiques, croiser les expériences des pays et se projeter sur la décennie à venir pour in fine faire ressortir les principales recommandations. Un rapport permettant de poser la trame de fond du projet a été publié.

Ceci étant, quels sont les principaux enseignements que vous pouvez en tirer ?
En ce qui concerne les résultats préliminaires du cas Maroc, il en ressort une multitude de défis qui s'opposent à la trajectoire d'assainissement budgétaire, mais avec la rigueur dont les autorités marocaines ont fait preuve dans le passé, notamment dans leur gestion budgétaire, il est probable que le Maroc s'engage dans la voie de l'ajustement sur les années à venir.
Les défis sont d'ordre interne et externe. A l'échelle internationale, le resserrement des conditions monétaires internationales est l'élément principal qui risque de contraindre davantage la voie empruntée par les finances publiques. Bien que le Maroc ait relativement réussi sa sortie sur le marché international, mais les conditions adossées à cette dernière sont plus tendues – comme escompté – et traduisent une tendance – semble-t-il- assez structurelle de renchérissement du coût de la ressource financière.
En parallèle, le dollar d'aujourd'hui est nettement plus cher que celui d'auparavant, ce qui complique davantage la situation et rajoute une nouvelle couche dans la difficulté d'accès au marché financier international. En interne, les séquelles de la crise covid continuent d'imprégner l'activité économique et les finances publiques, et pour s'en remettre, des efforts importants doivent être déployés à plusieurs niveaux.

En d'autres termes, que faut-il penser à la lumière de ce rapport ?
Il faut dire que le Maroc est bien engagé dans une stratégie de concrétisation de l'Etat-providence à travers des chantiers sociaux extrêmement ambitieux, qui finirait par créer un cadre économique et social propice à une croissance économique inclusive et soutenue. A court terme, le défi pour les autorités est d'assurer cet équilibre entre assainissement budgétaire et déploiement de la stratégie sociale, sous contrainte d'une dette élevée et des conditions de financement tendues.
Mais nous pensons réellement que le Maroc est en pole position pour traverser cette impasse et concilier entre, d'une part, les objectifs macroéconomiques et, d'autre part ceux socio-économiques. Les résultats définitifs de l'étude qui paraitront probablement en juin prochain permettront de partager plus de substance et de matière.

Le sujet est toujours d'actualité dans une conjoncture difficile avec l'inflation qui plane sur l'activité économie. Quelles incidences l'inflation a-t-elle eu sur les finances publiques ?
En 2022, l'inflation a fait un retour étonnant, atteignant 6,6 % en moyenne. D'abord tirée par des facteurs externes, elle a commencé à se généraliser à tous les secteurs, et est désormais solidement ancrée dans les secteurs marchands et non marchands, le segment alimentaire étant fortement touché. Ironie du sort, cet épisode inflationniste est une bonne nouvelle pour les finances publiques.
Par son effet grossissant sur le dénominateur, il a gonflé l'augmentation attendue du ratio dette publique/PIB. Elle a également fait grimper le produit fiscal. En particulier, les taxes « ad valorem » qui sont proportionnels à leurs valeurs, en l'occurrence la TVA qui a cru de 15,2 % et surtout sa composante à l'importation ainsi que les droits de douanes, qui ont enregistré un niveau record avec une variation de 17 % par rapport 2021.
Du côté des dépenses budgétaires, l'inflation s'est répercutée sur la charge de compensation qui a doublé en 2022. Toutefois, le bon comportement des recettes, qui est également dû à la reprise de l'activité économique et de la demande, a permis en partie de compenser les 42 milliards de dirhams dépensés au titre de la compensation.
En fin de compte, le gouvernement a dépassé les attentes en matière de performance budgétaire, le déficit public s'élevant à 5,1 % du PIB en 2022, contre un chiffre attendu de 5,9 % suite à la loi de finances.

Quid des conditions de financement du trésor ? Dans quelle mesure ont-elles été impactées ?
Nous pouvons affirmer que le financement, en particulier sur le marché domestique, a été le canal par lequel l'inflation a durement affecté le trésor. En 2022, les taux sur le marché des bons du trésor ont continué à augmenter après chaque hausse du taux directeur de la Banque Al-Maghrib.
Bien que la situation des finances publiques ait été relativement confortable l'année précédente, cela n'a pas suffi à freiner cette tendance à la hausse. L'inflation a mis les rendements réels des investisseurs dans les bons de trésor en territoire négatif, et à mesure que l'inflation s'installait dans le pays, les exigences de ces investisseurs ont continué à augmenter.
Un recours quasi-exclusif du gouvernement au marché intérieur de la dette publique a également contribué à ces tensions sur le marché des bons de trésor, provoquant un intérêt de plus en plus faible pour les obligations de l'Etat. Il convient de noter que le marché intérieur a absorbé près de 90 % des besoins annuels, alors que la LF 2022 avait prévu une estimation de seulement 72 %.
Ces conditions financières tendues ont poussé la Banque centrale intervenir sur le marché secondaire à travers des opérations d'achat de bons du Trésor pour justement rétablir la demande et alléger les tensions sur le marché.

Cependant, quelles sont les conditions de financement à l'échelle internationale pour le Maroc ?
Le constat est relativement moins grave. Comme dans d'autres économies émergentes, le spread souverain du Maroc a été impacté par le durcissement monétaire des grandes banques centrales à l'international, avec une prime de risque exigée en moyenne annuelle en hausse d'environ 50 % par rapport à 2021.
Néanmoins, les conditions de financement du Maroc ont été beaucoup plus favorables que celles auxquelles les économies émergentes et frontières doivent faire face. Cela a été démontré par le succès de la dernière levée de fonds menée par le Maroc sur le marché financier international début mars, quand il a réussi à obtenir des spreads largement inférieurs à la moyenne des pays émergents.

Entretien réalisé par Wolondouka SIDIBE


Bon à savoir
M. Badr Mandri est un économiste. Il a rejoint le Policy Center for the New South (PNCS) après une expérience de deux ans au sein du bureau national des statistiques du Maroc (HCP, Haut-Commissariat au Plan). Ses activités de recherche portent sur la macroéconomie du développement, en particulier sur la politique budgétaire et le financement du développement. Badr Mandri est titulaire d'une maîtrise en économie appliquée et est actuellement doctorant à l'Université Mohammed V de Rabat.
Pour ce qui est du Policy Center for the New South, il s'agit d'un bien public pour le renforcement des politiques publiques. Ce think tank marocain a pour mission de contribuer à l'amélioration des politiques publiques, aussi bien économiques que sociales et internationales, qui concernent le Maroc et l'Afrique, parties intégrantes du Sud global. Le PCNS défend le concept d'un « nouveau Sud » ouvert, responsable et entreprenant. Il se propose d'accompagner, par ses travaux, l'élaboration des politiques publiques en Afrique et de donner la parole aux experts du Sud sur les évolutions géopolitiques qui les concernent.


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