C'est donc sans surprise que l'année 2021 s'est bouclée pour les finances publiques marocaines. Le déficit budgétaire s'est globalement atténué en se limitant à 6,7% du PIB selon les récentes estimations de la Banque Mondiale après s'être établi à 7,6% une année auparavant. Ceci est le reflet notamment du bon comportement des recettes fiscales, principalement celles de l'IR et de la TVA, lesquelles ont bien traduit l'orientation favorable de l'économie nationale et celle de la demande intérieure en particulier. Bien heureusement, cette amélioration a largement permis de compenser la poursuite de la consolidation des dépenses de l'Etat au titre de la Loi de Finances de l'année écoulée. Outre la caisse de compensation qui a fortement augmenté en raison du renchérissement des prix du Gaz butane et du sucre à l'international dans un contexte d'inflation galopante, les charges liées à la masse salariale et surtout à l'investissement public se sont davantage accélérées en réponse aux impératifs dictés par la situation pandémique. La détente de la pression sur les finances publiques s'est traduite par une relative stabilité de la courbe obligataire sur l'ensemble de l'année 2021. Les conditions du financement de l'Argentier du Royaume sur le marché des adjudications sont restées ainsi favorables depuis leur contraction au quatrième trimestre 2020 et ce, après la double baisse du taux directeur de -75 points de base et la sortie réussie du Trésor au marché international des obligations souveraines avec l'émission d'un Eurobond de 3 Milliards de Dollars à un spread très compétitif. La position confortable du Trésor s'explique aussi par le recours continu de celui-ci au mécanisme des financements innovants avec la titrisation de plusieurs actifs, ce qui a davantage allégé la pression sur le marché obligataire. Pour 2022, année de consolidation de la reprise économique post Covid-19, la situation devrait vraisemblablement changer. L'opérationnalisation des orientations de la Loi de Finances 2022 avec notamment la poursuite de la mise en œuvre du chantier phare relatif à la généralisation de la protection sociale et le début de la réalisation du nouveau modèle de développement devrait induire une accentuation du déficit budgétaire, lequel devrait dépasser la barre des 80 Milliards de Dirhams. Ainsi, des tensions pourraient faire surface dans les marchés financiers et pour ne pas en arriver là, l'Argentier du Royaume devrait combiner entre les financements internes et externes tout en sachant qu'au niveau international, les spreads pourraient s'accentuer davantage, notamment si l'inflation ne redescend toujours pas.
Rédigé par Yassine HMIMI Doctorant chercheur en sciences de gestion à l'ISCAE et Banquier d'affaires