On aura beau écrit, beau décrié, montré des reportages sur l'envers du décor, les risques et périls qui pavent le chemin de l'immigration clandestine, rien n'y fait. Ils sont toujours nombreux les candidats à cette « Aventure ambigüe », titre du célèbre film adapté du roman de l'écrivain sénégalais, Cheikh Hamidou Kane. Ce fléau qui ne cesse d'endeuiller des familles et des familles sur le continent. Du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest en passant par le Centre, l'Afrique est confrontée à ce mal de vivre chez soi. Chaque année, les statistiques macabres sont relayées entre deux filets dans la presse écrite ou électronique, font souvent l'objet de quelques flashs dans les JT ou quelques secondes sur les ondes des radios. Tellement que l'immigration irrégulière, avec son lot de morts, se banalise au fil du temps comme si l'âme des jeunes africains ne vaut plus son pesant d'or. A cette allure, l'année 2023 risque de ne pas faire exception si rien n'est fait. En effet, les chiffres que viennent de publier les autorités tunisiennes en disent long sur cette réalité. En effet, rien qu'au cours du premier trimestre de 2023, ces autorités annoncent avoir déjoué 501 opérations de migration clandestine et secouru 14.406 migrants dont 13.138 subsahariens. Qu'en est-il du nombre de ceux qui n'ont pas eu cette chance d'être secourus ou sauvés ? Peut-on logiquement se demander. Tandis que du côté du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), ce sont environ 132 personnes qui ont trouvé la mort ou se sont portées disparues dans des tentatives d'immigration clandestine au large des côtes tunisiennes durant la même période. Le Forum rappelle, en outre, qu'entre 2017 et 2021, un total de 42.703 hommes et 1.251 femmes ont atteint les côtes italiennes, sachant que 53.524 migrants irréguliers ont échoué à rejoindre le territoire italien au cours de la même période. On reste pantois quand on sait que la belle saison n'avait pas encore commencé dans ce pays où certaines portions de littoral se trouvent à moins de 150 km de l'île italienne de Lampedusa, laquelle enregistre très régulièrement des tentatives de départ de migrants, en grande partie des Subsahariens. Rester donc insensible à ce drame, c'est compromettre dangereusement l'avenir du continent. Loin des discours politiciens, des mesures radicales s'imposent à travers des projets initiés et soutenus par les Etats au profit de la jeunesse, cette jeunesse en errance et en désespérance. Wolondouka SIDIBE