Il y a la vie et l'envie, il y a la composition et la décomposition, il y a le vers et son envers. Il y a le créateur et l'incongru. Il y a et il n'y a pas. De quoi parlons-nous ? De graveleux jeunes « créateurs » assistés de notables sous-inventeurs, triturant le verbe, faussant la note. C'est avec la chanson que nous prenons langue. Les temps changent certes, les amateurs du bon goût certainement pas. Depuis peu, nous assistons à une guerre verbale, parfois entonnée, entre donneurs de voix variablement manquantes de structures apaisantes. Mais que nous enseigne cette malheureuse et multiple confrontation ? Une incroyable non cohabitation, un rejet (pesant) de l'autre, une légèreté de la compréhension de ce qui évolue vers le haut comme vers le profond bas. Le rap version marocaine a des décennies de retard face à la chanson dite moderne (Al Oughniya al 3asriya), mais il a des assises pour s'exprimer, nées d'influences plus américaines qu'européennes, ancrées dans le clash à congédier. Sans respect aucun. Je me renvoie ici en vous invitant aux années « nobles » pour les uns et respectueuses pour d'autres lorsqu'une parole destinée à une composition est estimée par un bureau présidé à la RTM par le grand auteur-compositeur-interprète Ahmed El Bidaoui. Son rejet est indiscutable, son acceptation est indéniable. Ainsi, des paroliers évoluent plus ou moins sous son règne : Ahmed Taïeb El Alj, Abderrafie Jaouhri, Ali Haddani, Fathallah Lemghari, Tahar Sebbata, Telbani, Malou Raouane, Mohamed El Batouli et bien d'autres. Musicalement, la scène grouille de noms aussi purs que ce qu'ils couchent, souvent dans la clarté de la nuit en phase avec la matinée naissante : Abdelkader Rachidi, Hassan Kadmiri, Abdelaati Amanna, Abdessalam Amer, Abdelkader Wahbi... Aujourd'hui, d'autres prétendants à la composition s'installent avec plus de vœux de réussite que de conviction artistique. Ainsi, voyons-nous le résultat...