Le Rédacteur en chef et journaliste animateur Jamaa Goulahsen a consacré l'épisode de cette semaine de l'émission «Moubacharat Maâkom», diffusée ce mercredi 15 février sur 2M, à la flambée des prix des denrées alimentaires au Maroc. Pour décortiquer les enjeux et les causes de cette hausse ainsi que les défis qui se profilent derrière cette flambée, les participants à cette émission étaient triés sur le volet : en l'occurrence le ministre de l'Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour ; le président du groupe du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) au sein de la Chambre des Représentants ; Rachid Hamouni, le premier vice-président de la Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural, Rachid Benali, et le président fondateur de la Fédération nationale des associations du consommateur, Mohammed Benkaddour. Le ministre a précisé que la hausse des prix est le résultat d'une accumulation des défis auxquels le Maroc a dû faire face depuis l'avènement de la crise sanitaire mondiale liée au Covid-19. «Notre pays s'est trouvé dans la contrainte d'enchaîner plusieurs facteurs géostratégiques ces dernières années, qui ont provoqué la hausse des prix des denrées alimentaires, tels que la pandémie, la forte vague de sécheresse et le conflit russo-ukrainien. Ces enjeux ont dû impacter les capacités productives de notre pays de ces denrées ainsi que leurs prix, malgré une série de mesures prises pour juguler la flambée des prix». Mezzour a en outre assuré que cette hausse des prix est liée à la conjoncture, et que ces derniers devraient reculer dans les jours à venir, affirmant qu'on a assisté à une montée en flèche des prix inédite de certaines denrées ces derniers temps. Le même constat a été fait par Rachid Benali, qui a fait observer qu'on est face à une conjoncture de hausses des prix jamais advenue auparavant, non seulement à l'échelle nationale, mais également à l'échelle mondiale, donnant ainsi l'exemple des prix des œufs aux Etats-Unis qui ont atteint la barre de 3,50 dirhams/ unité, alors que le pays est le premier producteur mondial des œufs. «C'est la première fois que le prix des œufs atteint un tel niveau dans l'Histoire des Etats-Unis», a-t-il affirmé. Pour lui, il s'agit d'une nouvelle vague de flambée des prix, qui impacte le monde entier, mais elle est moins importante au Maroc. «Il y a des pays qui ont une inflation de 70% et d'autres de 30%. Sauf que le Maroc est un pays agricole, et nous ne devions pas atteindre le niveau des prix que l'on observe actuellement dans notre pays.» a-t-il fait savoir. Quant à Benkaddour, il a expliqué qu'outre l'inflation et les enjeux géostratégiques, cette tendance haussière est liée également à la conjoncture météorologique qui fait que certaines denrées ne peuvent être à disposition dans les marchés, vu les baisses de température qui marquent cette période de l'année. «Dans cette période de baisses de température, la production des denrées nécessite la mise sous serres, ce qui est très onéreux et se répercute sur les coûts des denrées dans les marchés.», a-t-il expliqué. Benkaddour n'a pas du tout mis hors de cause, dans ce registre, la présence pléthorique des intermédiaires au niveau des chaînes d'approvisionnement des marchés marocains. Selon lui, ces chaînes reliant le producteur aux consommateurs connaissent des éléments parasites qui provoquent les hausses des prix des denrées alimentaires de première nécessité. Cependant, d'après lui, des contrôles des autorités doivent être proactifs. Mesures et proactivité de l'Exécutif Ryad Mezzour a, dans ce sillage, précisé que la proactivité de l'Exécutif ainsi que des autorités compétentes dans tout le Royaume est illustrée par l'exécution, depuis le 3 juin 2022, de 30 mesures pratiques afin pour juguler la hausse des prix des denrées, s'ajoute à cela le contrôle de plus de 8300 points de vente. «Depuis le début de cette année 2023, 37.000 points de ventes ont subi un contrôle régulier et 300.000 tout au long de 2022 ». Le ministre a précisé que les prix des denrées alimentaires pouvaient également atteindre des niveaux supérieurs que ceux observés dernièrement, à l'instar par exemple des tomates qui ont atteint 13 dirhams le kilogramme, et étaient même promises à se vendre à 20 dirhams, si les mesures et les contrôles décidés par les autorités n'avaient pas eu lieu à temps. «L'inflation au Maroc touchant les denrées alimentaires en 2022 a atteint 11%, en Europe 18%, en Turquie 102%, en Tunisie 15%, et en Egypte 25%, pour ne citer que ces pays. Ceci signifie qu'il s'agit d'une conjoncture rude, mais aussi qu'un travail se fait pour contrecarrer les hausses et l'inflation au Maroc.», a-t-il affirmé. Perspectives en vue Plusieurs pistes de solutions sont prises en considération, mais Benkaddour et Mezzour se sont accordé à dire que la répartition géographique des marchés de gros au Maroc doit être révisée, car cela va contribuer à avoir des prix plus convenables. Le ministre a précisé qu'un plan a été mis en place pour revoir cette répartition, car 38 marchés de gros existant au Maroc ne répondent qu'à 30% des besoins de la population. « Nous avons mis en place en 2020 le marché de gros de Rabat, comme projet-pilote avec un ensemble de services de bonne qualité, et il est maintenant prêt. Et en 2021, nous avons noué plusieurs partenariats pour que l'on puisse généraliser ce nouveau modèle de marchés de gros dans tout le Royaume.», a-t-il fait savoir.