Trois personnes mortes, une jeune femme et deux hommes, emportés par les crues d'Oued Aït Yahya, à Imilchil, une soixantaine de blessés dans deux accidents de la circulation lorsque deux autocars se sont renversés, tel est le bilan encore provisoire des pluies diluviennes qui se sont abattues jeudi dans la province d'Errachidia. Une série d'orages brefs mais on ne peut plus violents, accompagnés par des pluies d'une rare intensité ont donné lieu à un vrai déluge dans la province de Khénifra. Bilan: un bébé est mort à Ait Oufffela, suite à l'effondrement d'une maison en pisé, a-t-on appris de sources officielles. Toujours dans la province de Khénifra, l'on apprend qu'environ 500 ha de pommiers ont été endommagés. Les pertes sont évaluées à environ 10.000 tonnes, soit environ 50 millions de dirhams, a estimé la Direction provinciale de l'agriculture (DPA), précisant que les agriculteurs dans les communes d'Ait Ayyach et Ait Melloul sont les plus touchés. Des équipes de la DAP ont été dépêchées dans les régions sinistrées pour recenser les dégâts, a ajouté la même source. Meknès, les pieds dans l'eau, suite aux pluies torrentielles qui se sont abattues sur la cité ismaïlienne jeudi et vendredi, n'a malheureusement pas échappé à ce bilan macabre. Un homme de 33 ans, employé à l'Entraide Nationale, a été tué et deux autres blessés, jeudi, dans un accident de la circulation près du siège de la communauté urbaine. Une 4X4 aurait glissé lors des premières averses, percutant un arbre et renversant les trois malheureux qui se trouvaient au mauvais endroit et au mauvais moment. Les habitants du tissu ancien de la Médina, surtout des personnes occupant des habitations recensées comme menaçants ruines, ont passé la nuit de jeudi à vendredi dans l'angoisse mais heureusement aucun incident n'a été signalé selon des sources officielles. A Errachidia où les précipitations ont été intenses, c'est le spectre des inondations de 2006 et 2008 qui refait surface. L'on se rappelle les fortes crues causées par les précipitations qui s'étaient abattues les 27 et 28 octobre 2006 et qui avaient causé la mort de deux personnes, une fillette de deux ans emportée par les eaux de l'oued Ghris et un vieillard dont le corps a été repêché sur l'oued Alnif. Les pluies torrentielles avaient, à l'époque, provoqué l'effondrement de 283 maisons en pisé et les pertes des agriculteurs estimées à 27 millions de dirhams. En 2008, pratiquement à la même période, au début du mois d'octobre, les intempéries qu'avait connues la région d'Errachidia et les crues de l'oued Guir avaient occasionné des pertes en vies humaines (trois personnes, dont un bébé de six mois). 73 habitations en pisé avaient été sérieusement endommagées. Les pertes en termes d'équipements, effondrement de ponts, affaissement des accotements et chaussées étaient estimées à environ 20 millions de dirhams lors d'une réunion d'évaluation tenue au siège de la province. Plusieurs arbres fruitiers dont des milliers de palmiers dattiers ont été détériorés. Jadis conjoncturels, la récurrence, sur une période très courte, de ces intempéries liées sans aucun doute aux changements climatiques globales et qui s'installent désormais dans la durée en font une nouvelle donne structurelle. Elles commencent à affecter durement l'économie régionale et provoquer le désarroi matériel et moral des populations. Les moyens de lutte devraient donc s'adapter. Notons que la Maroc s'est doté d'une vraie stratégie de prévention et de lutte contre les inondations. Plusieurs projets de construction d'ouvrage d'évacuation des crues, de lutte contre les intempéries ont été réalisés au niveau d'Ifrane, d'El Hajeb afin de réduire la vulnérabilité de certains sites. En ce qui concerne la région Meknès-Tafilalet, alors que même le désert se trouve parfois les pieds dans l'eau, il faudrait élaborer une stratégie de lutte pour le Tafilalet. A noter que le Comité national de veille et de coordination a été réactivé pour mettre en œuvre le plan d'action de prévention et d'anticipation et coordonner les interventions des différents ministères face aux risques associés aux perturbations climatiques, a annoncé vendredi soir le ministère de l'Intérieur. Ce comité a été réactivé, à l'instar de l'année dernière, depuis la diffusion du premier bulletin météorologique d'alerte, a précisé le ministère dans un communiqué. Parallèlement, les instructions ont été données aux walis et gouverneurs pour activer les comités locaux en vue d'évaluer les risques associés aux perturbations climatiques annoncées par la météorologie nationale et arrêter, en conséquence, un plan d'action visant la sensibilisation et l'assistance des populations installées dans les zones menacées, a ajouté la même source. Des moyens d'intervention ont été également mobilisés et seront pré-positionnés à proximité des sites vulnérables pour assurer les éventuelles opérations de secours, de sauvetage des populations et de sauvegarde de leurs biens particulièrement dans les zones inaccessibles. En outre, le Comité national de veille et de coordination demeure mobilisé pour suivre, en parfaite coordination avec les autorités locales et l'ensemble des services concernés, l'évolution de la situation en vue de parer à toute éventualité, poursuit le communiqué.