Parce que chaque goutte compte, LYDEC est actuellement en train de construire un nouveau modèle de gestion et de renforcement des infrastructures et réseaux hydriques du Grand Casablanca. Le défi hydrique que le Royaume se doit de relever est un enjeu aussi majeur que transversal. En amont, alors que les chantiers de l'eau s'amorcent en termes de mobilisation des ressources hydriques, en aval, l'approvisionnement des villes se dirige vers encore plus d'efficience et de sécurisation. Pour une ville aussi grande que Casablanca, les diverses parties prenantes impliquées dans ce chantier stratégique sont actuellement en phase de renforcer le réseau d'infrastructures afin de garantir une meilleure gestion des ressources et une meilleure sécurité hydrique de l'agglomération. « La stratégie de LYDEC visant à relever les défis climatiques s'inscrit dans le cadre des visions nationale et locale définies par les autorités compétentes. Nos actions et interventions en tant qu'opérateur de distribution d'eau et d'électricité et de gestion de l'assainissement et de l'éclairage public sont encadrées par un contrat de gestion déléguée. Dans ce cadre, nous travaillons avec l'objectif d'assurer à nos clients une continuité de service dans un contexte de raréfaction et de tension sur les ressources », explique Saâd Azzaoui, directeur maîtrise d'ouvrage à LYDEC. Investissements et ouvrages Ainsi, pour mieux outiller la ville de Casablanca face aux défis climatiques, LYDEC agit d'abord à travers le renforcement des infrastructures existantes. « Nous investissons annuellement une moyenne d'un milliard de dirhams pour étendre, renforcer et renouveler les réseaux et les ouvrages afin d'accompagner la dynamique de développement urbain que connaît la métropole casablancaise », affirme Saâd Azzaoui. Durant 2022, l'entreprise a ainsi réalisé plusieurs ouvrages, dont trois réservoirs d'eau, situés dans les communes de Mansouria, Sidi Hajjaj-Oued Hassar et Ouled Saleh, d'une capacité totale de plus de 40.000 m3. « Ces ouvrages renforcent la capacité d'approvisionnement et de sécurisation d'alimentation en eau potable du périmètre de la gestion déléguée », poursuit notre interlocuteur. Parmi les réalisations, figure également un système de sécurisation en eau permettant de mailler entre les zones desservies par le bassin d'Oum Er-Rbia et le bassin de Bouregreg. « Les travaux ont consisté à transférer l'eau potable à partir des installations existantes de l'ONEE vers les réservoirs de stockage d'eau gérés par LYDEC et alimentant la zone Sud de Casablanca », souligne le directeur maîtrise d'ouvrage. Agilité d'exploitation Cette année a également été marquée par la réalisation d'une station de pompage d'une capacité de 1.000 litres/seconde et une conduite structurante de refoulement de 1 m de diamètre sur un linéaire de 12 km. « Ce projet nous donne une agilité en termes d'exploitation, car il permet de secourir ces zones en cas de baisse des capacités au niveau de l'un des deux bassins alimentant le Grand Casablanca. Pour rappel, le réseau d'alimentation en eau potable que nous gérons dépasse les 7.000 km avec une capacité de stockage de 680.000 m3, soit une autonomie supérieure à 26 heures », précise Saâd Azzaoui. En plus des investissements consentis, la société oeuvre à améliorer sa performance opérationnelle en transformant ses pratiques d'exploitation et de maintenance des réseaux. « Je cite, à titre d'exemple, l'outil GCO (Gestion Coordonnée des Opérations) que nous avons développé en interne et qui nous a permis de considérablement améliorer la performance de nos interventions et par conséquent la qualité du service fourni. Nous avons également mis en place un outil innovant appelé « Aquadvanced » pour piloter les rendements des réseaux d'eau potable et également ceux d'électricité », illustre la même source. Améliorer la performance Ces outils digitaux de pilotage de la performance des réseaux s'appuient sur plus de 3.000 capteurs acoustiques très sensibles, des compteurs télé-relevés et des moyens humains mobilisés pour analyser les données et déployer les actions adéquates sur le terrain, visant à détecter avec précision les fuites d'eau, à les réparer, mais aussi à traquer les fraudes. « Toujours dans ce cadre, nous avons mené une importante opération de modulation de la pression d'eau au niveau du réseau de distribution d'eau potable. Cette action a eu des résultats probants en termes d'économie de la ressource en eau », souligne Saâd Azzaoui. L'amélioration de la performance environnementale de LYDEC n'est pas en reste puisque l'entreprise dispose d'une Feuille de route Développement Durable 2030 qui s'articule autour de 3 engagements et 12 objectifs stratégiques. « C'est ainsi que nous sommes engagés, entre autres, à agir en faveur de la gestion durable des ressources naturelles, de la biodiversité et du climat », explique Saâd Azzaoui (voir article ci-bas). Une démarche qui, à défaut d'être simplement inspirante, pourrait s'avérer exemplaire, d'autant plus qu'elle s'opère dans un territoire casablancais complexe et un contexte hydrique délicat. Omar ASSIF
Repères Valoriser les eaux pluviales A Casablanca, la réutilisation des eaux pluviales est aujourd'hui testée à travers plusieurs projets pilotes. Un guide établi par LYDEC met en avant diverses solutions alternatives de réutilisation des eaux usées et pluviales vers lesquelles les promoteurs, lotisseurs et aménageurs peuvent s'orienter selon le type d'aménagement ou de lotissement. LYDEC met également une assistance technique à la disposition des aménageurs afin de les accompagner par des ingénieurs spécialisés dans la mise en place de ces solutions.
Normes et certifications LYDEC s'est inscrite dans une démarche de certification en mettant ses sites d'exploitation au niveau des normes internationales. C'est le cas pour les stations de prétraitement des eaux usées d'El Hank et de Sidi Bernoussi «Eaucéan», la station d'épuration des eaux usées de Médiouna et les postes sources Abbée de l'Epée, Dar Bouazza et Sidi Othmane, qui sont toutes certifiées ISO 14.001. A noter que cette norme définit une série d'exigences que doit satisfaire le système de management environnemental d'une organisation. L'info...Graphie RSE La feuille de route développement durable 2030 de LYDEC
En plus des actions entreprises pour optimiser la gestion de l'eau au niveau des réseaux dont elle assure la gestion, LYDEC travaille également à mieux intégrer les autres enjeux environnementaux. « Notre premier plan d'actions développement durable a été mis en place en 2009. Quatre années plus tard, nous avons adopté un nouveau plan d'actions DD (PADD 2020) pour challenger nos objectifs et améliorer davantage notre empreinte environnementale. Puis, l'année 2016 a marqué un tournant important pour l'entreprise en ce qui concerne sa politique environnement, énergie et climat, avec la réalisation de son premier bilan carbone », assure Saâd Azzaoui. L'engagement de l'entreprise s'illustre actuellement à travers sa feuille de route de développement durable 2030. « En 2021, notre démarche environnementale a gagné en maturité et s'est restructurée davantage autour des enjeux du climat (réduction des émissions de gaz à effet de serre et adaptation au changement climatique) et de la préservation de la biodiversité », conclut la même source.
Eaux grises Vers une meilleure valorisation des eaux usées traitées ?
La ville de Casablanca dispose d'un potentiel de 600.000 m3 d'eau par jour d'eaux usées qui peuvent être potentiellement traitées et réutilisées. « Parmi les pistes que nous avons retenues pour préserver la ressource en eau, il y a la réutilisation des eaux usées épurées dans l'arrosage des espaces verts et l'irrigation. Nous avons travaillé sur une expérience pilote depuis plusieurs années déjà. En 2013, LYDEC a mis en service la Station d'épuration des eaux usées (STEP) de Médiouna qui se distingue par un processus combinant deux techniques innovantes dont la technologie membranaire. L'ouvrage est performant puisqu'il a atteint une qualité d'épuration qui permet la réutilisation des eaux », explique Saâd Azzaoui, directeur maîtrise d'ouvrage à LYDEC. Par ailleurs, pour démontrer la pertinence et l'intérêt de la réutilisation des eaux épurées de la STEP dans l'agriculture urbaine et biologique, la Fondation LYDEC a aménagé, en 2016, un jardin expérimental d'agriculture urbaine de 1.600 m2, sur le site de la station. Aujourd'hui, les eaux traitées de cette STEP sont mises à la disposition de la commune de Médiouna pour l'arrosage des espaces verts. « En outre, cette année, nous avons achevé la réalisation de deux nouvelles stations d'épuration des eaux usées. Il s'agit de la STEP de la zone industrielle Sapino au niveau de Nouaceur et de celle des abattoirs de Casablanca. Ces ouvrages nous permettent d'avoir une capacité additionnelle de plus de 6.000 m3 d'eau par jour à réutiliser pour l'arrosage », conclut la même source.
3 questions à Saâd Azzaoui « L'eau est de plus en plus rare. Ensemble, agissons avec raison et contribuons à sa préservation »
En plus des éclairages qu'il nous a fournis, Saâd Azzaoui, directeur maîtrise d'ouvrage à LYDEC, répond également à nos questions à propos du chantier de sensibilisation entamé par l'entreprise. - Quelle est la stratégie adoptée par LYDEC pour la sensibilisation autour de la préservation de l'eau ? - « L'eau est de plus en plus rare. Ensemble, agissons avec raison et contribuons à sa préservation ». C'est le thème que nous avons retenu pour notre dispositif de communication et de sensibilisation à la préservation de la ressource. Dans le cadre de notre mobilisation pour la lutte contre le stress hydrique au niveau de notre périmètre d'intervention, nous avons lancé, il y a quelques mois déjà, un dispositif de communication et de sensibilisation qui vise les différentes parties prenantes. Il prévoit des campagnes sur les réseaux sociaux, un spot de sensibilisation dans les radios, un affichage dans les agences clientèle, des messages dans les factures, la distribution de flyers, l'habillage des véhicules de LYDEC, ainsi que des rencontres de sensibilisation et des visites de sites au profit des établissements scolaires et du tissu associatif. - Qu'en est-il des efforts pour accompagner les usagers, notamment les plus jeunes, à mieux valoriser l'eau ? - Devant la baisse des réserves disponibles en eau, nous avons lancé un appel à l'esprit civique et responsable de nos clients, les encourageant à adopter des éco-gestes simples au quotidien qui contribuent à la préservation de la ressource. Pour les jeunes, LYDEC a lancé une initiative innovante, ludique et pédagogique. Nous avons élaboré et édité, en partenariat avec la maison d'édition « Langages du Sud », un jeu visant à mieux comprendre le cycle de l'eau sur le périmètre de la Gestion Déléguée et à connaître les gestes à adopter pour réduire la consommation d'eau potable au quotidien. Il s'agit d'un jeu de cartes de sept familles, accompagné de son plateau de jeu avec réalité augmentée, qui vise à sensibiliser les plus jeunes à la problématique de l'eau. - Certains usagers de l'eau ont un impact hydrique plus important. Avez-vous entrepris des actions pour cibler cette catégorie ? - Pour les grands consommateurs, nous avons fait du porte-à-porte, que ce soient les industriels ou les administrations, afin de les accompagner techniquement et les aider à rationaliser leurs consommations et à préserver la ressource en eau. Recueillis par O. A.