En juillet 2019, lorsque l'Algérie avait remporté avec brio la Coupe d'Afrique des Nations en terre égyptienne, le public marocain, pourtant très peiné par la surprenante disqualification des Lions de l'Atlas face au Bénin en huitièmes de finale, avait spontanément manifesté sa joie en célébrant de manière ostentatoire le sacre continental des «Fennecs» auxquels le Roi du Maroc, lui-même, avait tenu à adresser ses félicitations. Une année auparavant, c'était les Algériens qui exprimaient leur fierté et leur joie à l'égard de la prestation honorable mais stérile du Onze marocain lors du premier tour de la Coupe du Monde en Russie. C'était l'époque des attroupements de supporters et des effusions de sympathie sur les rives algérienne et marocaine de l'Oued Kiss, frontière naturelle entre les deux pays, au niveau de la région de l'Oriental. C'était le temps du fameux «Khawa Khawa», célèbre slogan devenu cri du coeur des millions d'âmes éclairées qui se trouvent de part et d'autre des frontières et qui aspirent simplement à un avenir exempt de tout risque de guerre, de désolation et de chaos pour l'ensemble de la région. Ainsi allaient les choses même aux pires heures des relations bilatérales entre le Maroc et l'Algérie, jusqu'à l'avènement du Président Abdelmadjid Tebboune et sa nouvelle ère marquée par un déferlement inédit d'hostilité envers le Royaume. Organisée et nourrie par la junte militaire qui détient les vraies rênes du pouvoir pour détourner le mécontentement du peuple algérien et son Hirak pacifique vers un ennemi extérieur imaginaire, cette escalade qui dure depuis trois ans semble aujourd'hui produire l'effet voulu par les généraux. Celui de la discorde et de la Fitna entre deux peuples jumeaux qui ont longtemps su préserver leurs relations amicales des turpitudes politiques. La parfaite démonstration de cette dangereuse dérive a été donnée lors des Jeux Méditerranéens d'Oran où l'hostilité populaire envers le Maroc était plus que palpable, au gré des huées, des sifflements et autres insultes proférées contre nos sportifs et nos symboles nationaux. Face à un peuple algérien de plus en plus formaté par le discours haineux de ses dirigeants, le peuple marocain, jusqu'ici connu pour sa retenue, semble de plus en plus lassé de snober les attaques et agressions politiques, médiatiques, verbales et parfois physiques des voisins. Et le fameux slogan «Khawa Khawa», qui avait jusqu'à récemment plus d'adeptes que de détracteurs, n'a jamais été aussi inaudible, risquant même de devenir un signe de trahison plutôt que de sagesse et de raison. Triste et inquiétant.