Le désordre géopolitique et économique qui secoue la planète et le Royaume depuis le début de la pandémie en 2020 a mis à mal la capacité des Etats à se projeter sur le long terme. En clair, le temps des plans de développement étalés sur 5 à 10 ans est de l'histoire ancienne. Aujourd'hui, seules la réactivité et l'agilité dans la prise de décision, accompagnées par la mise en place de stratégies applicables à court, voire à moyen terme, sont envisageables. Une tendance qui est loin d'épargner le Royaume, notamment avec l'inflation qui touche les marchés internationaux des céréales et d'hydrocarbures. Preuve en est les propos tenus le 06 juin par Nadia Fattah Alaoui, ministre de l'Economie et des Finances, lors d'une session orale au Parlement. Questionnée sur la réponse du gouvernement face à l'explosion des prix des carburants dont les tarifs à la pompe ne semblent pas prêts de redescendre, la ministre a écarté tout retour à la formule de la compensation et a annoncé la mise en place d'une batterie de mesures ciblées pour accompagner les secteurs les plus touchés, notamment le transport, pour tenter d'avoir un effet levier sur la hausse des prix. Des mesures qui pourront, selon la tutelle, être renforcées au fur et à mesure par d'autres mécanismes en cas de besoin, soit en d'autres mots en cas de détérioration de la situation. En attendant, ce sont les Marocains qui subissent de plein fouet la conjoncture et dont la majorité est consciente de l'impossibilité d'un retour au modèle de la compensation. Il n'empêche que nos concitoyens sont en droit d'attendre une réponse innovante du gouvernement qui pourrait se traduire à moyen terme par une révision des taxes sur les carburants. Sachant qu'avec le démarrage attendu du marché du cannabis légal, l'Exécutif pourrait facilement compenser le manque à gagner généré par une telle mesure. Des marges de gains qui pourraient exploser, si l'on se résout à ouvrir un débat réaliste et terre à terre sur les opportunités qu'offre le cannabis récréatif, tant pour les caisses de l'Etat que pour les premiers concernés, à savoir les cultivateurs. Faire preuve d'agilité en ces moments tumultueux signifierait un coup de pouce pour la classe moyenne qui reste la principale classe impactée par l'inflation et qui, rappelons-le, n'a droit à aucun mécanisme de soutien. Amine ATER