Au moment où la hausse des prix pèse sur l'économie nationale, le Parti de l'Istiqlal a fait le choix de centrer son action législative sur la défense du pouvoir d'achat de la classe moyenne. Détails. Quelques heures après le passage du Chef du gouvernement au Parlement, les députés et les Conseillers du Parti de l'Istiqlal se sont réunis, lundi, comme le veut la coutume, autour du Secrétaire Général Nizar Baraka, afin de discuter de la feuille de route concernant l'action législative à suivre au lendemain de l'inauguration de la session parlementaire d'avril. Une session qui démarre dans une conjoncture difficile marquée par les effets de l'inflation et de la flambée des prix sur l'économie nationale. Déroulés en présence des membres des deux Chambres du Parlement et du ministre du Transport et de la Logistique Mohammed Abdeljalil, ces « Etats généraux parlementaires» visent à définir une ligne de conduite et un discours clair d'un parti qui doit soutenir le gouvernement, de par son appartenance à la majorité, tout en demeurant une force de proposition. Durant les discussions, les parlementaires ont reconnu que le pays traverse actuellement une situation difficile, telle que l'a fait savoir le chef de file des Conseillers istiqlaliens, Abdeslam Lebbar, qui a indiqué que le groupe de l'Istiqlal a l'obligation de défendre le pouvoir d'achat des citoyens dans une conjoncture si pénible, tout en affichant assez de soutien à la majorité et au gouvernement qui n'a pas manqué d'intervenir pour apaiser la situation. Focus sur la classe moyenne De son côté, Nizar Baraka a appelé les députés à plaider davantage pour les questions qui concernent les citoyens et leur pouvoir d'achat. « Il faut que nous restions fidèles à notre idéologie égalitariste, à continuer à exiger l'application stricte du programme gouvernemental », a appelé le leader de l'Istiqlal, avec ferveur, devant les parlementaires qui ont assisté à la réunion. Pour le Parti de l'Istiqlal, l'essentiel est de réduire les inégalités, qui risquent de se creuser davantage avec l'envolée inflationniste actuelle. L'enjeu, selon Nizar Baraka, est de renforcer l'Etat-Providence. « Nous allons plaider pour la baisse de l'IR dans le PLF 2023 » Pour diminuer la pression sur les ménages, le leader de l'Istiqlal s'est engagé, au nom du parti, à plaider pour la baisse de l'impôt sur le revenu (IR) dans le projet de Loi des Finances de l'année prochaine. Il s'agit de l'une des promesses électorales du Parti de l'Istiqlal. « C'est la classe moyenne qui a voté pour nous », a indiqué Nizar Baraka, rappelant que le gouvernement a pris toutes les mesures nécessaires pour atténuer les effets de la crise liée à la flambée des prix sur la bourse des citoyens, et ce, de façon préventive. Hausse du budget de compensation des produits de première nécessité (gaz, sucre, blé), indemnités aux professionnels du transport, plan d'urgence pour l'agriculture, déboursement de la TVA due aux PME, généralisation de la couverture sociale, programme Awrach et augmentation de la masse salariale dans la Fonction publique, Nizar Baraka a listé une série de mesures prises par l'Exécutif, destinées à atténuer l'ampleur de l'inflation sur l'économie nationale et sur le pouvoir d'achat des catégories les plus fragiles. Les istiqlaliens se sont résolus à ce que cet engagement en faveur de la classe moyenne soit leur priorité au sein de l'Hémicycle. « Nous sommes à la croisée des chemins », a mis en garde le Chef de file des députés istiqlaliens, Noureddine Modiane, qui veut que la majorité soit plus audacieuse dans le suivi de l'action gouvernementale et dans la proposition des alternatives. « On ne peut pas se priver d'aborder les sujets qui fâchent », a-t-il martelé, ajoutant que la vocation de la majorité parlementaire est de soutenir le gouvernement par les actes et les propositions constructives. Si les istiqlaliens se sont montrés si attachés à la question du pouvoir d'achat, c'est parce que la conjoncture actuelle appelle à doubler les efforts pour rester à l'écoute des gens. Dans son allocution, Nizar Baraka a rappelé que le Maroc n'a pas été épargné par la flambée des prix, notamment par la guerre en Ukraine dont les répercussions se font sentir sur la facture énergétique. Face à cette réalité à laquelle s'ajoute l'inflation due à la reprise de l'économie mondiale depuis 2021, cette crise est susceptible de dégrader les équilibres macroéconomiques au risque de fragiliser les classes moyennes dont le pouvoir d'achat est menacé. Force est de constater que la dette publique a excédé la barre des 100%, sachant que cela est dû à des variables exogènes. La sécheresse et le stress hydrique ont aggravé les choses puisque la production céréalière du Royaume a été fortement réduite au risque d'augmenter la facture d'importation du blé. En un an, les importations ont été multipliées par trois, selon les chiffres de l'Office des Changes. Face à cette situation, le gouvernement a dû faire face à des dépenses imprévues en guise de compensation. Ce que l'Exécutif a fait de façon préventive, a rappelé Nizar Baraka qui a confié aux parlementaires que l'intervention du gouvernement et la hausse des subventions ont permis de préserver l'équilibre au niveau des marchés de telle sorte que le citoyen ordinaire soit le moins impacté par les effets de la crise actuelle. Ceci a requis des efforts exceptionnels. Vers une Loi des Finances rectificative ? À la lumière de ces changements, le débat ne s'arrête pas sur l'éventualité d'une Loi des Finances rectificative, d'autant que les hypothèses du PLF 2022 sont devenues caduques après la hausse des prix des matières premières. Cette idée ne trouve pas grâce aux yeux du gouvernement du moment que la hausse des dépenses a été accompagnée par celle des recettes fiscales. En témoigne la progression des recettes brutes de 21,1%. En plus des recettes fiscales, le Maroc a pu tirer bénéfice de l'inflation actuelle grâce au renchérissement des cours des phosphates. Ceci s'explique par la baisse des exportations russes, ce qui a été une bénédiction pour le Royaume qui vend désormais son phosphate plus cher qu'avant. La hausse des prix des phosphates concomitante à celles des exportations n'a pas manqué de renflouer les caisses de l'Etat lui donnant ainsi une marge de manoeuvre pour gérer la crise actuelle de façon confortable. « La guerre en Ukraine n'a pas été qu'une malédiction », selon Nizar Baraka.
Anass MACHLOUKH L'Istiqlal a fait pression pour accélérer la réforme du Conseil de la Concurrence
L'un des grands échecs du gouvernement précédent, la réforme du Conseil de la Concurrence a été une urgence. Ce à quoi s'est attaqué l'Exécutif qui a rapidement adopté le nouveau cadre légal relatif à la liberté des prix et de la concurrence. « L'Istiqlal a fait pression pour que le nouveau cadre légal relatif au Conseil de la Concurrence soit élaboré dans les plus brefs délais », a confié Nizar Baraka aux parlementaires istiqlaliens. Actuellement, le projet de loi est soumis au Parlement. Saisissant l'occasion de sa présence avec les parlementaires, Nizar Baraka les a exhortés à voter la nouvelle réforme. Une réforme tant attendue. « Dès notre arrivée au pouvoir, nous n'avions eu de cesse de plaider pour que cette réforme soit sortie dans les plus brefs délais », a déclaré le leader de l'Istiqlal, qui a souligné l'importance du Conseil présidé par Ahmed Rahhou dans la surveillance des prix et la préservation du pouvoir d'achat.