Près d'un quart des diplômés de niveau supérieur sont au chômage au Maroc, selon le HCP. La compétition est accrue aux portes des employeurs et l'excellence du parcours para-académique est l'une des clefs de réussite. Témoignages. Bien que les plans de relance avaient en ligne de mire l'endiguement des effets ravageurs du Covid-19 sur le tissu économique, le chômage persiste et sans surprises, les jeunes diplômés sont, une fois de plus les grandes victimes de la conjoncture, selon les dernières notes du HCP. Le taux de chômage auprès de cette catégorie de Marocains a enregistré une hausse de 2,2 points, passant de 18,2% à 20,4% entre les deuxièmes trimestres de 2020 et de 2021. Frappés de plein fouet, ce sont les lauréats de l'enseignement supérieur qui baignent le plus dans le chômage, enregistrant la hausse la plus importante de 3 points avec un taux passant de 22,3% à 25,3%. Le taux de chômage des diplômés de niveau moyen a, de son côté, augmenté de 1,8 point pour atteindre 17,6%. Cependant, avec les prémices d'une forte relance économique, l'optimisme est de mise. Toutefois, savoir-faire, soft skills et savoir être devraient être développés chez ces jeunes, à travers notamment les activités para-universitaires, afin de faciliter leur intégration économique. « Aujourd'hui ce ne sont plus les diplômes qui font la différence mais les compétences », nous annonce Rania Gasmi, Conseillère de carrière. Ces compétences névralgiques en vie professionnelle, tels que savoir communiquer, prise de décision, organisation, gestion d'équipes et de budgets, et bien d'autres compétences valorisantes à la carrière de l'étudiant s'acquièrent principalement grâce à la vie para-universitaire active. « Alors que les jeunes considèrent, de nos jours, la pratique de loisirs ou d'activités parascolaires comme une perte de temps, les recruteurs perçoivent ces profils comme étant non rentables, incompétents, chers et surcotés », ajoute-t-elle. Le para-universitaire, un exercice d'éloquence « Il a été constaté avec force que les nouveaux étudiants arrivant à l'université ne maîtrisaient ni la langue (la langue d'enseignement est le français a contrario, la langue d'enseignement au secondaire et au primaire est la langue arabe) ni les techniques de communication et de l'information », alerte un rapport officiel du Conseil économique, social et environnemental. Ces difficultés, peuvent majoritairement être dépassées grâce aux A.P. Pour Hasna Boutouil, Professeure de TEC (Techniques d'Expression et de Communication) à la Faculté des Sciences et Techniques de Fès, en étant immergés dans un milieu associatif ou semi-professionnel, les apprenants sont confrontés à des situations concrètes où ils sont soumis à des codes (ou règles) socio-culturels, ils doivent, pour réussir leur mission, s'y adapter. En outre, l'experte ajoute que les A.P, pratiquées de manière générale en groupe, les étudiants sont amenés à agir en collaboration avec des individus autres que ceux qu'ils fréquentent d'ordinaire. De fait, les apprenants acquièrent diverses aptitudes aussi variées les unes que les autres telles que l'écoute, l'empathie, la reformulation, la gestion du stress, le sens de l'initiation, la capacité à défendre son point de vue.... Les clubs pour améliorer son éloquence sont multiples, on mentionne à titre d'exemple AGORA, l'espace débat de l'ENCG-Casablanca, réunissant des étudiantes et étudiants qui s'intéressent à la vie publique autour des sujets les plus controversées au Maroc et de l'actualité dans le monde ou encore The Great Debaters Morocco. Le para-universitaire: un ticket pour de nouveaux cieux et nouvelles chances Une autre forme du para-universitaire qui devrait intéresser les étudiants :les formations et échanges à l'étranger. En pleine immersion dans un environnement et une culture totalement différents, cela renforce ses compétences mais aussi son savoir être. Mehdi Harmouch, Directeur de programme au Moroccan Institute for Policy Analysis nous annonce que « j'ai eu la chance de participer au programme d'échange « MEPI Student Leaders de l'Université de Georgetown » avec l'ambassade des Etats-Unis. Ce programme vise à renforcer les capacités des jeunes leaders en matière de leadership, de développement communautaire et de participation civique ». Mehdi estime que sa participation l'a aidé à se développer personnellement et professionnellement « car cela m'a donné de nouvelles perspectives différentes sur la façon dont je voyais la vie ». « Cette expérience, en plus d'autres, m'ont aidé à être la personne que je suis et ont renforcé mon expérience pour rejoindre le marché du travail », ajoute Mehdi qui, en seulement deux mois après avoir obtenu son diplôme universitaire, a réussi en tant que travailleur autant que responsable de programme dans une ONG travaillant sur le plaidoyer et le développement local. Para-universitaire c'est aussi du networking Grâce à l'organisation de séminaires, de conférences, de salons ou autres événements para-universitaires, les étudiants ont l'occasion de rencontrer des experts et des professionnels de calibre prêts à partager leur expérience ou même de donner un coup de main à des profils juniors. Plus il participe, plus il se fait connaître et commence à former un réseau de connaissances professionnelles prêtes à l'épauler lors de sa recherche de stage ou d'emploi lors de l'obtention de son diplôme. C'est l'expérience de Bouabdallaoui Moundir, étudiant en deuxième année de l'ENCG Tanger et président fondateur du club ROTRACT de l'école, « en plus des différentes compétences acquises, ces activités aident à se démarquer et présentent une source de fierté ». En effet, grâce à son activisme, Moundir estime qu'il a gagné en soft et en Hard skills, ce qui lui a permis de décrocher un stage qui s'est vite transformé en emploi alors qu'il est toujours étudiant. Passion, leadership, capacité d'adaptation... Les activités para-universitaires enseignent et prouvent les aspects d'intérêts et de motivations que les programmes et les notes ne peuvent pas faire ! Hiba CHAKER L'info...Graphie Université Mundiapolis/Orange Un partenariat pour booster l'entrepreneuriat
L'Université Mundiapolis a signé, samedi, une convention de partenariat avec l'opérateur téléphonique Orange Maroc afin de soutenir l'entrepreneuriat.Cette convention a été signée en présence du Directeur Général de Orange Maroc, Hendrick Kasteel, et du Directeur Général de l'Université Mundiapolis, Abdelmounim Belalia, ainsi que les équipes de direction des deux institutions et les étudiants de l'Université Mundiapolis, indique un communiqué de l'Université Mundiapolis. Ce rapprochement entre Orange Maroc, à travers Orange Digital Center et l'Université Mundiapolis à travers son Career Center vise à contribuer à la formation des «change makers» de demain dans le domaine du numérique et à soutenir l'entrepreneuriat innovant en renforçant l'employabilité dans un monde qui change, précise la même source. Cette convention met en place un projet d'accompagnement qui a pour but de faire profiter les étudiants de l'Université Mundiapolis des dernières innovations en matière de nouvelles technologies, et d'assurer leur encadrement et leur intégration dans le milieu professionnel.
Emploi De l'importance des soft-skills
Nul ne peut nier l'importance des activités parascolaires dans l'intégration du marché du travail. Ainsi, Rania Gasmi, Conseillère de carrière, contactée par nos soins, dresse un scénario se basant sur trois probabilités. « Imaginons un enfant dont le trajet quotidien est limité entre deux points uniques; la salle de cours et le salon de sa maison. Un deuxième enfant qui fait escale au centre de loisirs avant d'arriver au salon de sa maison, et puis, un troisième enfant qui a toute une vie en dehors de sa classe et de son salon familial. Lequel sera plus apte à survivre dans un environnement hostile qu'est le marché du travail ? » se demande l'experte. Vous l'aurez deviné, « le premier arrivera à peine à sortir sa tête à la surface de l'eau pour respirer un bon coup, avant de replonger dans ce qui est un semblant de trou noir, où règne confusion, fatigue mentale, surcharge émotionnelle et choc culturel ». Gasmi ajoute que « Le deuxième s'en sortira avec un sourire aux lèvres. Quant au troisième, il exécutera ses tâches avec brio, le sourire aux lèvres et en évitant un maximum de dégâts ». Ainsi, la conseillère en carrière estime que les activités parascolaires jouent un rôle considérable dans la socialisation de l'enfant et le développement de ses compétences personnelles, qui sont la clé de réussite de chaque métier. Elles lui permettent de comprendre la société dans laquelle il vit et vivra, et surtout de s'y adapter tout en restant intègre et en harmonie avec ses valeurs. « La pratique d'un loisir nous apprend la discipline et par le pouvoir de l'habitude, cette compétence est ce qui permettra à ce petit adulte de se réveiller chaque jour pour rejoindre son futur poste ». La valorisation et l'épanouissement ne sont pas à négliger. Se construire un savoir-être et un système de valeurs tout en divertissement permet d'acquérir de nouvelles compétences personnelles et donc créer une certaine assurance quant à la recherche d'emploi.
3 questions à Omar Benmoussa
La réticence des étudiants pour les activités parascolaires est due à la sous-estimation de leur valeur ajoutée
Fondateur et Président d'honneur de la Confédération des Junior-Entreprises Marocaines et Directeur des Opérations au sein de Maltem Africa, Omar Benmoussa partage avec nous son expérience en activités parascolaires. -Comment les activités para scolaires ont participé à façonner ton parcours universitaire et professionnel ? -Tout en suivant un programme académique, intégrer une activité parascolaire est aussi formateur dans la mesure où ces différentes activités permettent de découvrir une autre facette de la personnalité de l›étudiant ainsi que de découvrir ses compétences et ses facultés en termes de gestion de temps, de gestion de l'activité, en terme de prise de risque, ou encore de définition des priorités. Ceci permet aussi d›acquérir plusieurs valeurs et principes qu'on apprend pas nécessairement aux bancs de l›école. On parle principalement des différents aspects de collaboration entre collègues au sein des différentes équipes parascolaires. L'exemple de la Junior-Entreprise est très parlant dans la mesure où elle constitue une aventure inédite et une expérience professionnelle qui permet de découvrir le marché professionnel, de découvrir la sphère socio-économique marocaine tout en étant en contact direct avec l'écosystème global et ayant le premier pas dans l'entrepreneuriat des jeunes pour comprendre entre autre la mouvance économique et démystifier cette insertion professionnelle et ainsi comprendre la vie d'une personne active au sein de l'écosystème économique. -Quel rôle ont joué les activités parascolaires dans ton intégration au marché du travail ? -Faire partie de la Junior-Entreprise en tant qu'étudiant m'a permis de côtoyer des chefs d'entreprise et des entrepreneurs. Ceci m'a aidé par la suite de comprendre les enjeux de chaque position et de chaque fonction, de comprendre les débouchés des métiers et par conséquent me positionner en tant que futur lauréat et définir ma propre vision, des réflexions acquise grâce à cette vie active du parascolaire. -A votre avis, qu'empêche une grande majorité des étudiants de participer à ces activités et que reste encore à faire pour les encourager à être plus actifs ? -Certes, les étudiants affichent une certaine réticence quant à la participation active dans la vie associative ou encore parascolaire. Cela est lié à la sous-estimation de la valeur ajoutée d'une telle implication pour l'étudiant. Ce retrait pourrait être réduit par la sensibilisation des parties prenantes d'une part, et l'encouragement effectif de l'Université quant à cette participation et implication. Recueillis par H. C