Mesure phare de cette rentrée 2021, le système « Bachelor » est enfin entré en vigueur le 1er octobre dernier. Lancé avec une cinquantaine de filières, le programme sera généralisé à la rentrée 2022-2023. En effet, face à l'important taux d'échec en première année d'université et un taux de chômage à la hausse, cette réforme était très attendue. Pour en savoir plus, MAROC DIPLOMATIQUE a posé quelques questions à Sofia Achour, Professeure en sciences de l'information et de la communication au sein de la FSJES de Ain Sebaa. MAROC DIPLOMATIQUE : Plus de 23.000 étudiants ont opté pour le nouveau système de bachelor. Qu'est-ce que cela démontre ? Pr. Sofia Achour : 23.000 étudiants peut paraître impressionnant mais il faut garder en tête que 269.000 bacheliers ont obtenu leur baccalauréat en session normale. Il me semble que c'est une nouvelle génération et une nouvelle ère d'étudiants qui ont su s'adapter aux différents changements que nous a imposé la pandémie, notamment l'enseignement à distance. Et c'est ce qui me laisse croire que s'ils décident de poursuivre leurs études en bachelor, c'est qu'ils sont pour la plupart capables de s'adapter au changement. MAROC DIPLOMATIQUE : La filière est actuellement en phase expérimentale, quelles conditions doivent être réunies pour garantir sa réussite ? S.A : Le bachelor est certes en phase d'expérimentation au Maroc mais il existe depuis longtemps chez les anglo-saxons. C'est donc un système qui a déjà fait ses preuves dans les pays développés qui disposent d'universités de renom. Alors, pour garantir sa réussite, nous devons bien évidemment nous baser sur le modèle anglo-saxon qui nous amène à prendre en considération plusieurs facteurs, parmi lesquels : la connaissance de son « métier d'étudiant » ou plutôt devenir « un étudiant professionnel ». En d'autres termes, il doit considérer le passage du statut d'élève à son nouveau statut d'étudiant comme une nouvelle profession. Il doit laisser derrière lui ce qu'il maitrisait bien au lycée pour rentrer dans la phase de ce que j'appelle « le temps d'étrangeté » où il doit apprendre à s'adapter au nouveau système universitaire, en maitriser les outils et en apprendre les règles de conduite et de travail pour arriver au plus vite à « la phase d'intégration ». MAROC DIPLOMATIQUE : Qu'est-ce que cela va apporter aux étudiants ? S.A : Dès leur première année d'études, les étudiants bénéficient de matières axées sur la maitrise de la langue et des soft skills, en parallèle des modules introductifs. On leur apprend en début d'année à se fixer des objectifs d'apprentissage technique que les professeurs spécialisés de droit, de maths, d'économie, de statistique... vont leur transmettre, mais aussi une prospection d'avenir sur les chances d'employabilité pour garantir leur carrière professionnelle. En mettant en contexte les chances d'employabilité des étudiants, on leur explique la nécessité de maitriser les langues pour défendre leur place dans le marché professionnel. On leur explique également qu'il est nécessaire de développer une intelligence émotionnelle, soit, une maitrise du savoir-être en société, du savoir-agir face à un challenge, avoir une facilité d'échange dans la vie personnelle et professionnelle. Pour cela, on les invite à accroître leurs activités para-universitaires pour maitriser au plus tôt ces compétences. MAROC DIPLOMATIQUE : Quelle différence existe-t-il entre le système LMD et le bachelor en termes d'opportunités d'emploi ? S.A : Ces étudiants ont beaucoup de chance d'intégrer ce système qui promet un meilleur taux de réussite étant donné qu'il offre en première année d'études supérieures des outils pour maitriser son apprentissage et un emploi du temps souple avec des modules introductifs. Les étudiants en première année de bachelor vivront moins le stress du changement et auront le temps nécessaire de comprendre au fur et à mesure le mode de fonctionnement du supérieur sans avoir à gérer des modules dont l'apprentissage est difficile. Par ailleurs, grâce au système bachelor, on forge l'étudiant dès sa première année à la faculté pour se mettre dans le défi de créer un réseau professionnel, d'agir par le biais des associations à but non lucratif pour le bien de la société, de faire des stages, de voyager, de faire du sport et de comprendre l'importance de mener une vie active dès son jeune âge. C'est ainsi la vision de l'université en 2021, c'est non seulement d'avoir des étudiants qui maitrisent l'aspect technique du métier, mais surtout de se faire valoir dans le marché et de croire en ses capacités. MAROC DIPLOMATIQUE : Quels soft-skills ce système permettra-il de développer ? S.A : Des soft-skills innés chez chaque étudiant et qu'ils sont censés découvrir et développer. Si je devais citer les plus importants, je dirais : la communication, la gestion du stress, le travail en équipe, le leadership, le développement de l'esprit critique et créatif, la flexibilité au changement, savoir manager des projets et gérer les situations conflictuelles.