Les universités marocaines s'apprêtent à mettre en place graduellement le système Bachelor, à partir de la présente année universitaire. Les défis sont de taille, mais les enjeux sont multiples. Après 18 ans de système LMD (licence, Master, Doctorat), les universités marocaines s'apprêtent à mettre en application le système Bachelor, diplôme très en vogue dans les pays anglo-saxons. Toutefois, nous sommes loin de la volonté initiale de la tutelle de faire table rase, d'un seul coup, du système LMD. Le ministère de l'Education avait tranché en optant pour une réforme graduelle, basée sur le principe de volontariat des universités. Une nouvelle approche qui fait éloigner la crainte d'un électrochoc à l'image de celui qui a suivi l'introduction du système « Licence-Master-Doctorat », qui, pour rappel, avait entraîné une série de grève d'étudiants, dont certaines ont même conduit à des années blanches dans certaines facultés. La nouvelle architecture pédagogique ambitionne de remédier aux lacunes de l'ancienne, notamment en matière de débouchés professionnels post-diplomation et de rendement de l'université en augmentant le taux de diplomation, étant donné que dans le système actuel 47,2% des étudiants quitte le navire sans le moindre diplôme, selon les chiffres du ministère de l'Education. S'agissant de l'employabilité, l'idée est de mettre l'accent sur les langues étrangères, le savoir-être, les soft skills, les life skills, les civic et professionnal skills. La culture générale devient également une composante essentielle dans la formation universitaire dans la nouvelle structure de la tutelle. Les attributs précités ont pour objectif de donner à l'étudiant des outils pour apprendre à résoudre des problèmes complexes, développer son sens critique, la créativité, le sens de l'initiative, le leadership, développer l'intelligence émotionnelle, la capacité d'arbitrage et de prise de décision... et la liste n'est pas exhaustive. « La formation future en Bachelor va surement changer en bien la réputation des étudiants universitaires de point de vue compétence et adéquation de leur formation avec le marché du travail », nous confirme Mohammed Benlemlih, Doyen de la Faculté des Sciences Dhar El Mahraz, ajoutant qu'en adoptant ce diplôme, qui d'ailleurs est « le diplôme le plus délivré au monde », le système de l'enseignement supérieur marocain sera consolidé et les étudiants pourront, désormais, avoir l'avantage de se développer à l'international. Car oui, l'ouverture de l'Université marocaine sur l'international facilitera systématiquement la mobilité des étudiants marocains à l'étranger et rendra les établissements marocains plus attractifs pour les étudiants étrangers. Désormais, l'étudiant aura le choix Contrairement au système LMD, le Bachelor, comme le précisent plusieurs universités dans leurs plateformes digitales, donne plus de liberté, dans le choix des modules, dans le choix des langues étrangères, certifications, projets sociaux, dans l'organisation du travail (enseignement hybride, sessions d'été, sessions exceptionnelles, etc.). Une démarche confirmée par Mohammed Benlemlih : « La première année est prévue pour aider l'étudiant à choisir son orientation, et à lui présenter l'aspect méthodologique indispensable à la réussite de son cursus universitaire ». En deuxième année, un tronc commun est conçu pour tous les étudiants avant leur spécialisation en troisième année. Finalement, la quatrième année est dédiée à l'approfondissement de la spécialisation choisie. Par ailleurs, notre interlocuteur nous précise que « la durée moyenne pour l'obtention de la licence, ultérieurement située entre 4,5 à 5 ans, doit se réduire avec ce nouveau système Bachelor plus souple, et dont la progression graduelle est une caractéristique ». Cela dit, le Doyen de la faculté de Fès nous affirme que cette réforme universitaire doit être accompagnée également par la promotion de la recherche scientifique, à travers « l'augmentation du budget de la recherche dans les universités et l'exigence d'un nombre élevé de publications scientifiques dans des journaux internationaux bien réputés ». Ceci va sans doute hausser le niveau des universités dans le domaine de la recherche et par conséquent garantir leur crédibilité nationale et internationale.