La présidence du ministère public a révélé que 83 personnes étaient condamnées à la peine de mort à la fin de l'année 2023, pour des crimes ayant fait 183 victimes. Ce chiffre reflète une baisse par rapport aux années précédentes, notamment en 1993, où 197 condamnés à mort étaient recensés. Selon le rapport annuel du ministère public pour 2023, ces condamnés se répartissent entre 82 hommes et une femme. Sur le plan judiciaire, huit attendent encore l'examen de leur appel devant la cour d'appel, dix ont introduit un recours en cassation, et onze voient leurs dossiers réexaminés après une annulation et un renvoi. En revanche, pour 54 d'entre eux, la peine de mort est définitive, leurs condamnations ayant acquis l'autorité de la chose jugée. Le rapport précise que parmi les condamnés dont les affaires sont encore en cours, 29 pourraient voir leur peine de mort commuée en réclusion à perpétuité. De même, ceux dont la condamnation est définitive pourraient bénéficier d'une réduction de peine ou d'une commutation en prison à durée déterminée par grâce royale. Le rapport met en avant une hausse progressive du nombre de condamnés à mort au Maroc ces dernières années. En 2019, 72 personnes étaient concernées, un chiffre qui est monté à 76 en 2020, puis à 79 en 2021, avant d'atteindre 83 en 2022 et 2023. Cette augmentation s'explique, selon le ministère public, par la persistance de certaines décisions judiciaires prononçant cette peine pour des crimes d'une gravité extrême, notamment les homicides volontaires accompagnés de circonstances aggravantes. Les condamnés à mort sont âgés de 21 à 77 ans. Le rapport rappelle que la peine capitale est interdite pour les mineurs de moins de 18 ans, conformément à l'article 493 du Code de procédure pénale. Les jeunes, majoritairement concernés D'après les données du ministère public, la majorité des condamnés à mort ont entre 30 et 50 ans (58 personnes), suivis de ceux de moins de 30 ans (12 condamnés). Les plus de 60 ans sont très minoritaires. Le rapport met ainsi en avant une implication plus importante des jeunes dans des crimes justifiant la peine capitale. En 2023, plusieurs crimes ont conduit à des condamnations à mort. Parmi eux, les meurtres multiples ont entraîné 2 condamnations, totalisant 22 victimes. Le meurtre d'enfants accompagné de viol aggravé et d'autres crimes a conduit à 10 condamnations, pour un total de 13 victimes. Par ailleurs, 20 condamnations ont été prononcées pour des meurtres accompagnés d'autres crimes, représentant 21 victimes. Le meurtre avec vol qualifié a également été sanctionné par 3 condamnations, impliquant 4 victimes, tandis que 6 personnes ont été condamnées pour des meurtres avec viol ou attentat à la pudeur aggravé, causant 7 victimes. Le parricide avec circonstances aggravantes a donné lieu à 6 condamnations, pour 7 victimes, tout comme le meurtre intrafamilial, incluant les ascendants, qui a entraîné 3 condamnations pour 7 victimes. D'autres condamnations ont concerné des meurtres par arme à feu, avec 4 condamnations et 8 victimes, et des meurtres prémédités du conjoint ou d'un descendant, commis avec arme et circonstances aggravantes, qui ont conduit à 3 condamnations pour 5 victimes. Les meurtres liés au terrorisme et à l'extrémisme ont donné lieu à 17 condamnations, touchant 76 victimes. Enfin, le meurtre prémédité d'un enfant de moins de 15 ans a conduit à 3 condamnations pour 4 victimes. Casablanca en tête des condamnations L'analyse géographique montre que les villes les plus peuplées enregistrent les taux de condamnation à mort les plus élevés. Casablanca arrive en tête avec 17 condamnations, suivie par Rabat (14), Béni Mellal (11) et Marrakech (7). D'autres villes affichent des chiffres plus modestes : Tanger (5), Fès (6), El Jadida, Meknès, Kénitra et Al Hoceïma (3 chacune). Seules 2 condamnations ont été prononcées à Agadir, Safi et Oujda. Aucun jugement de peine capitale n'a été enregistré en 2023 dans les tribunaux de Laâyoune, Taza et Guelmim. Le rapport indique que la plus ancienne condamnation à mort en vigueur remonte à 2003, année marquée par les attentats terroristes de Casablanca. L'année 2022 a enregistré le plus grand nombre de condamnations à mort avec 19 jugements. Toutefois, la plupart n'ont pas encore acquis l'autorité de la chose jugée. En 2023, une nette baisse a été constatée avec seulement 9 condamnations. Contrairement à 2022, où la majorité des condamnés avaient entre 21 et 30 ans, la tendance a changé en 2023. La tranche d'âge dominante est désormais celle des 28-40 ans (7 condamnés), suivie par les 41-60 ans (2 condamnés). Cette évolution met en lumière un changement dans le profil des personnes impliquées dans les crimes les plus graves.