Comme bon nombre de pays, des plus développés aux moins nantis, les impacts socio-économiques de la crise du Covid-19 n'ont laissé d'autres choix au Royaume que de recourir à l'endettement extérieur, pour à la fois résorber ses effets sociaux sur la population et financer le plan de relance, tout en mettant en place les premiers jalons de l'Etat social. Conscient des efforts budgétaires qu'exigent les chantiers structurants programmés, le gouvernement s'attache tant bien que mal à la préservation d'équilibres macroéconomiques de plus en plus précaires à l'aune des variations de la situation sanitaire et des menaces successives de nouvelles vagues de contamination. En dépit des déclarations d'intention exprimées par l'Exécutif à propos de l'utilisation de l'endettement en dernier recours, une récente note d'Attijari Global Research (AGR) estime que le taux d'endettement du Trésor pourrait atteindre 80% du PIB cette année en raison d'un fort probable recours aux marchés financiers pour résorber le déficit budgétaire. Le besoin de financement s'élèverait en effet, selon cette note, à 48,2 MMDH, dont 26,8 MMDH pourraient être couverts par une sortie à l'international. Et comme, paradoxalement, les conditions d'emprunt restent pour l'heure favorables sur les marchés internationaux, la note prévoit que la moitié du besoin de financement du Trésor serait couverte par la dette extérieure. Bien que la tutelle maintienne le silence radio sur la question, les autorités financières gardent précieusement en réserve cette possibilité ouverte et permise par les articles 37 et 38 du PLF 2022. Ceci à la condition, bien sûr, d'orienter toute dette externe vers l'investissement et surtout ne pas succomber à la tentation de l'allouer au financement des dépenses de fonctionnement. A l'écriture de ces lignes, les députés de la Commission des Finances s'apprêtaient à soumettre et défendre leurs propositions d'amendements sur le PLF. La question de la dette devrait y être abondamment abordée, d'autant plus que parmi les élus de la majorité, comme ceux de l'opposition, la question de la souveraineté financière du Royaume figure en tête des priorités. Une attente aux allures d'exigence que Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget, ne manquera pas de conforter en rappelant son engagement à la règle d'or qui conditionne le recours à l'endettement par sa stricte orientation vers l'investissement. Le respect de cette règle est d'autant plus vital que le pays est engagé dans le chantier de l'Etat social et dans la réforme du secteur public qui imposent un certain nombre d'investissements sans lesquels il ne peut y avoir ni croissance, ni développement. Anass MACHLOUKH