Un collectif constitué d'intellectuels, d'artistes et d'acteurs de la société civile s'est mobilisé pour demander la sauvegarde du patrimoine historique et culturel de la cité ismaïlienne. Meknès jouit d'un patrimoine architectural et urbanistique d'une valeur inestimable. Elle fut dès 1911 une des principales villes marocaines ayant connu la construction de nombreux édifices, militaires, civiles et religieux mais aussi d'immeubles et de résidences, places et jardins lors de la période de la présence française. Etant l'une des quatre villes impériales du Royaume, son évolution urbaine est marquée par l'avènement de l'urbanisation basée sur une planification urbaine et paysagère ouverte qui lui a valu les surnoms de « Versailles du Maroc » et « le petit Paris ». Terrain privilégié pour l'expérimentation de nouvelles techniques urbanistiques et architecturales depuis 1914, Meknès est une belle illustration du concept de développement séparé prônant la préservation des oeuvres héritées du passé et de la culture locale (Médina) et l'édification d'une ville européenne symbole de modernité et de progrès sur le plateau de Hamrya. Meknès regorge ainsi d'un patrimoine non négligeable de l'architecture du début du XXème siècle marquée par le style artdéco et l'art arabo-mauresque. Quelques bâtiments Art déco façonnent toujours le paysage de Meknès, et présentent les signes caractéristiques d'un style qui est considéré comme un passage progressif vers le mouvement moderne qui aura un véritable essor à partir des années trente en Europe et s'étendra par la suite à Meknès. Malheureusement, ces dernières années, cet héritage architectural connait une dégradation visible et une destruction systématique, surtout les bâtiments de Hamrya, style art-déco, qui alertent des artistes et des intellectuels de la cité ismaïlienne. Un collectif constitué d'intellectuels, d'artistes et d'acteurs de la société civile s'est mobilisé pour demander la sauvegarde du patrimoine historique et culturel de Meknès. Et justement ce collectif dénonce la destruction de plusieurs bâtiments anciens, comme ces salles de cinéma, qui pourraient pourtant être réhabilitées pour servir d'établissements culturels au service de la jeunesse. Plusieurs bâtis historiques ont d'ailleurs été recensés par ce collectif. Les cinémas Atlas, Apollo, Mondial, ABC, Royal y figurent. Le collectif craint que ces établissements connaissent le même sort que le cinéma Régent, démoli récemment. Il exhorte la Commune urbaine de Meknès à acquérir ces bâtis pour les transformer en espaces culturels et interpelle le ministère de la Culture, les autorités locales, pour préserver ce patrimoine. Une réflexion s'impose donc pour faire de Meknès une ville connectée à son histoire et à son environnement, une ville attractive où il fait bon vivre, travailler et se divertir et surtout une ville locomotive pour son aire d'influence. Hassan BENMAHMOUD