Organisées les 12 et 13 juin dernier, les deux journées d'études sur le devenir de l'art déco au Maroc ont été l'occasion de revenir sur le patrimoine architectural casablancais. Même si quarante-deux édifices à Casablanca sont classés patrimoine Art déco et une centaine d'autres encore sous étude, tout reste à faire. Le patrimoine architectural casablancais ? Voilà une question qui mérite une pause de réflexion, vu la détérioration urbanistique que connaît la capitale économique du pays et qui détruit sur son passage plus d'un monument phare de la ville, à des fins soit commerciales soit tout simplement de mauvaise gestion ou de mal méconnaissance. Deux journées d'études organisées les 12 et 13 juin derniers à Casablanca et ayant eu pour thème «Art déco au Maroc : quel devenir?», entrant dans le cadre de la célébration du mois du patrimoine, ont permis de faire le point sur la question. Il en ressort que quarante-deux édifices à Casablanca sont désormais classés patrimoine Art déco. Une centaine d'autres monuments et sites historiques, à caractère international, sont en cours d'étude pour s'inscrire dans cette catégorie du patrimoine national. C'est du moins ce qu'a annoncé vendredi dernier Mohamed Achâari, ministre de la Culture lors d'une conférence de presse. Dans une déclaration relayée par l'agence MAP, Achâari a expliqué que ce classement est en mesure de stopper l'hémorragie qui risque de détruire tout un ensemble architectural varié reflétant la richesse des styles et des compositions dans les villes marocaines, notamment la capitale économique. Ce classement, qui porte sur une variété de monuments, s'effectue par une commission composée de membres du département de la Culture, de plusieurs autres ministères, d'autorités locales et d'élus. Soulignant son importance dans la reconnaissance et la préservation de ce patrimoine national qui est menacé par la destruction à des fins commerciales, Achâari a mis l'accent sur l'importance de sauvegarder et de mettre en valeur cet héritage culturel de valeur patrimoniale et historique incontestable, appelant tous les intervenants concernés (secteurs public et privé, et associations) à oeuvrer de concert pour la réhabilitation de cette richesse nationale et d'en faire notamment un instrument d'investissement et de développement générateur de richesses et d'emplois. Des rencontres entre le ministère et les élus devront suivre par la suite - dans la continuité - pour mettre en place un plan d'action pour la ville de Casablanca, a révélé le ministre. «Nous devons savoir que la diversité de notre pays et sa richesse ne peuvent perdurer qu'avec une politique claire et courageuse dans le domaine de la gestion du patrimoine», a fait remarquer le ministre, précisant que certaines expériences de conservation et de réhabilitation ont réussi à sortir plusieurs monuments de l'oubli et à les intégrer de nouveau dans la vie de la cité, grâce notamment à la contribution significative du secteur privé. Pour sa part, M'hamed Dryef, wali de la région du Grand Casablanca, a souligné la nécessité de mettre en place une politique globale à l'échelle communale pour protéger et réhabiliter le patrimoine architectural, de réfléchir sur un projet social urbain et d'adopter des dispositifs opérationnels et financiers en mesure de mettre en oeuvre les recommandations issues de cette rencontre. Mohamed Sajid, président du Conseil de la ville de Casablanca, a passé en revue certains monuments de la capitale économique qui nécessitent la réhabilitation, affirmant que les travaux sont entamés au niveau de plusieurs chantiers. Il a émis le souhait de voir le prochain festival de Casablanca, prévu au printemps 2005, mettre en valeur des sites de la ville qui devront abriter les manifestations de cette rencontre culturelle. Ces journées d'études se tiennent dans une conjoncture marquée par l'existence d'une vision urbanistique qui tient compte du patrimoine architectural et de son intégration dans le quotidien des citoyens. Cette conjoncture est marquée par l'impact du vecteur touristique sur l'économie casablancaise, lequel vecteur est fondé sur les spécificités de cette ville et sur sa personnalité architecturale récente. Une chose demeure cependant sûre, la dimension patrimoniale s'affirme dans une ville moderne et « sans histoire », à la différence des cités impériales. Une dimension qui fait l'objet d'une instabilité temporelle des objets urbains et les contradictions inhérentes aux discours et interventions de l'aménagement du patrimoine. Quatre lieux de Casablanca sont en passe aujourd'hui d'attribuer à la ville toute entière une aura patrimoniale : l'ancienne médina (le noyau historique) , le quartier traditionnel néo-colonial des Habous ou Nouvelle médina (bâtis entre les années 1920-40, exemple présupposé d'urbanité musulmane) ; la Grande Mosquée Hassan II, monument contemporain, référent symbolique de la requalification musulmane d'une ville conçue comme « profane », et en même temps élément déclencheur d'un projet de réhabilitation du centre-ville ; enfin le centre-ville d'origine coloniale d'architecture art déco et moderne.