A l'issue de trois ans d'implémentation, le programme conjoint AMAL « Protéger et autonomiser les enfants et jeunes migrants et réfugiés au Maroc » fait le point sur les réalisations et les défis actuels lors de sa cérémonie de clôture. Durant les campagnes de régularisation de 2014 et 2017, environ 50.000 migrants irréguliers ont été régularisés, dont près de 17% sont des enfants. Pour les migrants en situation irrégulière, malgré la difficulté d'obtenir des chiffres représentatifs, l'OIM (Organisation Internationale pour les Migrations) estime que les enfants représentent 10% des milliers de migrants en situation irrégulière. Quant aux enfants réfugiés, l'UNHCR estime qu'à la fin de février 2019, 2342 enfants réfugiés ont été assistés par l'organisation et 432 demandeurs d'asile enregistrés. Sur le total, les enfants représentaient 36,1% des réfugiés et 21,6% des demandeurs d'asile. Toutefois, entre racisme, xénophobie, accès aux soins ou à l'école, les difficultés, encore exacerbées par la pandémie de Covid-19, paraissent sans fin pour ces enfants et jeunes migrants. Programme AMAL C'est en réaction à ces différents problèmes que le Programme AMAL a été conçu. Mis en oeuvre par l'Agence des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF) sous la coordination du Bureau du Coordonnateur Résident (BCR), le programme conjoint AMAL a soutenu les efforts des autorités marocaines pour garantir un environnement favorisant l'épanouissement et l'autonomie des enfants et jeunes en situation de migration et réfugiés, afin qu'ils deviennent les propres acteurs de leur intégration et participent au développement d'une société durable et inclusive. Durant la rétrospective du programme conjoint AMAL, François Reybet-Degat, représentant du Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) dans le Royaume, a annoncé que « c'est un projet qui a été consacré à l'inclusion, l'intégration et le vivre ensemble de la population réfugiée et migrante au Maroc». Il a affirmé également que ce projet représente « un très bel exemple de ce qui est essentiel pour des jeunes qui se trouvent dans un pays étranger, à savoir le respect, la compréhension de l'autre et le vivre ensemble comme outil d'intégration permettant à ces jeunes étrangers d'être les propres acteurs de leur devenir ». Pour une meilleure protection et autonomisation Après avoir rappelé l'engagement des autorités marocaines pour la mise en place de stratégies migratoires humanistes et l'intégration des enfants et jeunes en situation de migration et réfugiés, la Résidente Coordonnatrice du Système des Nations Unies au Maroc, Mme Sylvia Lopez-Ekra, a partagé certaines des réalisations du programme. En effet, le programme a soutenu la sensibilisation de 600 personnes (Partenaires institutionnels, Conseils régionaux, forces de l'ordre, journalistes, société civile) sur les droits et la protection des enfants et jeunes migrants et réfugiés, pour que tous les acteurs concernés puissent mieux appréhender la complexité de leurs situations et répondre à leurs besoins spécifiques. Le projet a d'ailleurs appuyé la prise en compte des enfants en situation de migration dans les Dispositifs Territoriaux Intégrés de Protection de l'Enfance déployés par le Ministère de la Solidarité, du Développement Social, de l'Egalité et de la Famille. « Amal » a, en outre, favorisé la mise en place d'activités interculturelles, qui ont permis à plus de 1000 enfants et jeunes en situation de migration, réfugiés et Marocains de tisser des liens d'amitié entre communautés, participant ainsi au renforcement de la cohésion sociale. Finalement, ce projet onusien a accompagné 2360 enfants et jeunes migrants et réfugiés dans leur scolarisation et formation professionnelle, afin que ces enfants et jeunes puissent avoir accès plus tard à toutes les opportunités qui s'offrent à eux. Considérant que les migrations constituent des facteurs de prospérité pour les pays d'accueil, l'approche combinée de protection et d'autonomisation des enfants et jeunes migrants et réfugiés se décline de manière multisectorielle au sein du programme AMAL et mobilise toutes les parties prenantes pour leur assurer des conditions de vie digne. Il s'agit d'une part de leur offrir, tel que prévu par les directives nationales, un environnement protecteur qui assure le respect de leurs droits et devoirs à travers notamment le renforcement de l'accès aux services de base tels que l'éducation, la santé et le logement décent. D'autre part, considérant les enfants et jeunes comme un levier majeur de développement, le programme a participé dans la mise en place d'un environnement proposant les opportunités nécessaires à leur autonomisation comme l'insertion économique ou la création de liens interculturels. Hiba CHAKER 3 questions à Mme Sylvia Lopez-Ekra, Résidente Coordonnatrice du Système des Nations Unies au Maroc « Les besoins sont importants mais aussi le potentiel des enfants »
- Comment s'est manifesté le vivre-ensemble à travers le projet AMAL? - Le vivre-ensemble s'est décliné en 3 axes. D'abord à travers des activités dont le but était que les jeunes, migrants, réfugiés, demandeurs d'asiles mais aussi marocains aient une meilleure compréhension des conditions de vie de l'autre, avec par exemple des tournois de sport organisés dans les différentes villes. En plus, on avait fait un grand travail de partage de compétences et de savoir avec les autorités publiques et les ONG. Le troisième volet est les programmes d'aide financière directe à ces populations. - La pandémie a-t-elle influencé le déroulement de vos projets ? - La pandémie a été éprouvante pour nous tous, mais particulièrement pour les migrants, qui sont en situation de vulnérabilité et ont souvent des problèmes d'accès aux soins de santé, difficulté d'accès à l'eau, aux installations sanitaires... Certes, il a fallu réorienter certaines choses, il a fallu de la créativité... mais le programme a vraiment pu apporter de la valeur ajoutée sur ce qui se faisait sur le terrain et on a pu répondre aux besoins urgents de la population. - Ce programme touche à sa fin aujourd'hui : est-ce que vous estimez que les enfants et jeunes migrants au Maroc sont actuellement protégés et autonomisés ? - Ce programme s'inscrit dans le cadre le plus général de la Stratégie Nationale d'Immigration et d'Asile (SNIA). Le Maroc a été pionnier dès 2013, sous l'impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, dans la gestion et la gouvernance de la migration et de l'asile. Toutefois, les besoins sont importants et sont toujours là. C'est pour ça qu'on s'est réuni pour réfléchir à la suite. D'ailleurs, nous sommes ravis de voir que l'inclusion, qui est un axe important de notre travail, représente un élément central du Nouveau Modèle de Développement. Alors, certes, les besoins sont importants mais aussi le potentiel de ces enfants, ce qui requiert un travail continu, par les différents partenaires, pour consolider les acquis de ce projet.