Le Chef du gouvernement a présenté, devant les élus de la Nation, les grandes lignes de son programme pour le prochain quinquennat. Un programme de rupture auquel a fortement contribué le Parti de l'Istiqlal. L'économie, le social et la gouvernance sont en tête des priorités. Détails. «Le gouvernement que j'ai l'honneur de présider, et qui jouit de la confiance royale, a pleinement conscience que sa mission première consiste à jeter les bases d'un Etat social et valoriser le capital humain», a souligné Aziz Akhannouch, Chef du gouvernement, lors de la présentation de son programme. L'équipe Akhannouch semble s'être approprié le Nouveau Modèle de Développement, et s'activera à poser les bases d'un Etat social et inclusif. En effet, l'un des enseignements majeurs de la crise du Covid reste la nécessité du retour de l'Etat-Providence, dont l'édifice constitue le socle du programme du nouveau gouvernement. Devant les parlementaires des deux Chambres réunies en séance plénière lundi dernier, le Chef de l'Exécutif Aziz Akhannouch a présenté une feuille de route gorgée de projets de réformes. Fruit des engagements politiques des trois partis de la majorité, le programme de l'Exécutif fixe le cap sur la réduction des inégalités, et ce, par une réorientation des politiques publiques vers une redistribution des richesses plus équitable et inclusive. M. Akhannouch a déclaré, en ce sens, que son équipe s'engage à élargir la classe moyenne et à soutenir ses capacités d'épargne. Ainsi, la nouvelle équipe est décidée à remettre l'investissement dans le capital humain au centre de l'action gouvernementale. 4% de croissance, un million d'emplois d'ici 5 ans Loin de la langue de bois, le gouvernement s'est fixé des objectifs concrets, à savoir une croissance moyenne de 4%, un million d'emplois créés au bout de cinq ans, la généralisation de la couverture sociale, la création des conditions propices à l'émergence d'une classe moyenne dans le monde rural, et la refonte de l'éducation nationale pour permettre au Maroc de se hisser au 60ème rang à l'échelle des classements internationaux. Il s'agit là d'une traduction des engagements des partis de la majorité, et notamment du Parti de l'Istiqlal qui a tout au long de la campagne électorale plaidé pour rendre justice aux classes moyennes, appauvries par le libéralisme effréné. Etat social : priorité à la santé et l'éducation Le volet social est la principale priorité du nouveau gouvernement, déterminé à accélérer la mise en oeuvre du chantier royal de généralisation de la couverture sociale, pierre angulaire de l'Etat-Providence auquel aspire le pays. Le nouveau gouvernement est déterminé à renforcer ce projet en créant parallèlement un mécanisme de soutien aux familles en situation de précarité à travers les allocations familiales et un revenu minimum au profit des personnes âgées. La sécurité sociale universelle demeure tributaire du registre social unifié, qui permet un ciblage efficace des bénéficiaires. L'accélération de la sortie de ce registre est une priorité, a souligné le Chef de l'Exécutif, qui prévoit également d'unifier les programmes sociaux existants pour aboutir à un régime d'aide direct. Conscient du fait que la généralisation de la couverture sociale entraînera une hausse de la demande sur les services médicaux, le gouvernement prévoit une réforme globale du système de santé, avec une augmentation du budget alloué au secteur. L'objectif principal est le redressement de l'hôpital public par la hausse des effectifs du personnel médical et l'amélioration de leurs conditions de travail : il s'agit là d'une réponse aux revendications des personnels de Santé qui n'ont eu de cesse de demander, durant le quinquennat précédent, une revalorisation salariale. La réforme du système passe également par une meilleure couverture territoriale et la réforme de la politique pharmaceutique. Augmentation des salaires des enseignants Concernant l'éducation, la refonte de l'école publique est tout aussi importante que celle de l'hôpital dans le programme gouvernemental. Celle-ci dépend étroitement de la réhabilitation du métier d'enseignant par une rémunération plus valorisante conjuguée à une amélioration de la formation. À cet égard, le Chef de l'Exécutif s'est engagé à redémarrer le dialogue avec les syndicats les plus représentatifs du secteur pour discuter notamment de la hausse des salaires des enseignants en début de parcours. Cette valorisation devrait être réservée aux détenteurs de diplômes d'études des centres régionaux des métiers de l'éducation et de la formation. L'Exécutif vise à faire du Royaume l'un des 60 meilleurs pays au monde en termes de qualité de l'enseignement. Soutien à l'entrepreneuriat et à l'activité féminine Frappée de plein fouet par la crise du Covid-19, l'économie nationale tente tant bien que mal de se remettre de la récession historique de 2020 (-7,2%). La relance est en tête des priorités de la nouvelle équipe gouvernementale qui compte faire de la création d'emploi le centre de sa politique économique. Dans ce sens, Aziz Akhannouch annonce un objectif ambitieux : créer 1 million d'emplois, dont 250.000 emplois directs bénéficieront aux personnes sans qualification professionnelle, durement touchées par la crise sanitaire. Ces emplois devraient émaner de grands chantiers publics, lancés en partenariat avec les collectivités territoriales et la société civile. A cet engagement s'ajoute l'augmentation du taux d'activité des femmes à 30% au lieu de 20%, et il s'agit là aussi d'une promesse électorale du programme istiqlalien. Au moment où les perspectives de croissance s'annoncent optimistes (5,5% de reprise), l'Exécutif articule sa stratégie de relance autour du soutien à l'entrepreneuriat et à la compétitivité des entreprises, surtout les PME et les start-ups qui durement touchées par la crise. Pour ce faire, le nouveau gouvernement compte donner un nouvel élan au programme Intelaka, lancé par le Souverain en 2020 et garantir sa durabilité. Le programme sera élargi aux projets non inclus dans les mécanismes de financement actuels. Le nouvel Exécutif vise également à diriger le Fonds Mohammed VI pour l'investissement vers le financement des entreprises nationales et aux projets productifs. Aziz Akhannouch a expliqué que ce Fonds sera orienté aussi vers le financement des « industries vertes », la transition numérique et la relance du secteur touristique. En plus, le gouvernement est résolu à améliorer le climat des affaires, notamment par la mise en place d'une Charte de l'investissement, dans les plus brefs délais. Par ailleurs, la sauvegarde de la souveraineté économique est indispensable pour le gouvernement, qui s'engage à renforcer le « made in Morocco » face à la concurrence internationale. Anass MACHLOUKH Secteur public : promouvoir la bonne gouvernance La relance tant attendue ne saurait aboutir sans la réforme de l'administration afin de garantir une meilleure gouvernance. Dans ce sens, l'Exécutif prévoit d'accélérer la réforme de l'administration en accélérant la régionalisation avancée. A cet égard, il est impératif pour le nouveau gouvernement de transférer davantage de compétences au Conseils régionaux, surtout en ce qui concerne les projets de développement, et ce, via des contrats-programmes. Dans le but d'améliorer la performance du secteur public, il est prévu d'accélérer la création de l'Agence nationale de la gestion stratégique des participations de l'Etat, une instance dont le but est de veiller à l'optimisation du rendement des établissements et entreprises publics. Par ailleurs, le programme gouvernemental n'a pas manqué d'interagir avec le discours royal à l'occasion de la rentrée parlementaire, en s'engageant à réformer le Haut-Commissariat au Plan (HCP) pour en faire un instrument d'aide à la coordination des politiques de développement.